Chapitre 37

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Je suis dans la forêt

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Je suis dans la forêt. Mais tout a l'air différent. Je suis incapable de dire ce qui le rend si implacablement singulier.

Peut-être est-ce à cause de l'envergure des arbres ?

Je n'arrive pas à l'identifier mais ça me fait frissonner de la tête aux pieds. Vu l'état du feuillage, je peux facilement deviner que c'est la saison printanière. Les feuilles sont verts, la nuance la plus vive que je n'ai jamais vu de la couleur. Même les fleurs semblent se redresser et tendre leur pétales vers le soleil brillant.

Chaque goutte de rosée perle sous l'attention de ce dernier. C'est impossible de se concentrer sur une chose à la fois, chaque détail volant mon attention. Mon attention constamment partagé entre le feuillage vibrant des tons de vert, des fleurs de toutes les couleurs possibles, ou encore de la taille des arbres. J'arrive pas à en voir le bout, chaque arbre s'élance aussi haut que possible, à tel point que je suis certain que leur bouts percent la ligne parfaite du ciel.

Stupide pensée, je sais. Mais tout à coup, rien ne me paraît improbable.

Ici, tout est aussi clair qu'au microscope. Les détails que je ne pensais pas visibles à l'œil nu soudainement étalés là sous mes yeux.

Pareillement, les bruits sont décuplés. Les branches qui craquent sous les pas de chaque animal, les feuilles effleurés par la brise légèrement chaude, les bruits aigus des insectes et oiseaux qui chantent.

Ma présence est effacée au milieu de ce spectacle bouleversant, à la limite de l'écrasant.

J'avance au milieu de cette forêt, aveuglé par la scène qui s'offre à mes yeux. Ma tête ne sait pas sur quelle pensée se concentrer tant elles fusent, mes mains incapables de se poser nul part tant chaque endroit demande d'être touché. Mes pieds sont pris dans une virevoltante danse, ma vision tourbillonnante.

C'est seulement lorsque je me sens pris de vertige que je m'appuie précipitamment contre un grand arbre.

Grand est un euphémisme.

L'arbre est géant. Le tronc fait facilement dix fois la taille de ceux que j'ai l'habitude de rencontrer dans la forêt de la cabine.

Je peux facilement deviner que l'arbre est vieux, plus vieux même que je peux probablement imaginer.

Mais ce qui me surprend, c'est la sève qui coule abondamment le long du tronc. Le liquide est doré, avec des tons ombrés, presqu'orangés. Et s'il y a une chose que je sais, c'est que la sève ne coule jamais si rapidement d'un arbre.

Je le sais car à Luna, certains alcools sont faits à base de la sève d'arbres. Cela prend des jours, voire des semaines pour collecter la sève d'un arbre, même si c'est seulement pour en remplir une bouteille ou deux.

Pourtant, voilà devant mes yeux que le liquide coule à flot, comme une cascade dans une source d'eau, aussi naturelle que n'importe quel autre élément de la nature. Sauf que rien n'est naturel ici, ou plutôt habituel.

Bitter Yet Sweet • mxmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant