Chapitre 24

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Je bondis

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Je bondis.

Mais la créature est plus rapide que moi et dans un élan de défense, j'arrive à distinguer une note familière ambrée.

Ce n'est ni un animal ni un humain, c'est bien une créature. Sa peau hâlée et ses yeux d'ambre me révèlent instantanément son identité.

Qu'est-ce qu'un sorcier fait aussi loin de la civilisation ? Moi, j'ai une raison. Je suis en cavale, je suis recherchée et maudit. Mais lui ? Avec cette pensée en tête, je ne baisse pas ma garde.

Il pourrait très bien être un espion envoyé par l'Union et qui me traque depuis le départ, et peut-être même qu'il a réussi à avoir Vince. C'est sûrement pour ça qu'il n'est pas revenu depuis des jours... Et s'ils lui ont fait du mal ? Je ne me le pardonnerai jamais. Ni à eux, d'ailleurs.

— Je peux entendre ton cerveau tourner d'ici, presque même entendre tes pensées, une voix mielleuse me coupe court dans ma réflexion.

Ses cheveux sont jais, sa peau hâlée et ses yeux sont typiques des natifs de Sophum: ambre et lumineux, le rendu extrêmement captivant.

Une impression étrange m'envahît. Comme lorsque j'ai avalé trop de verre de vin, je me sens intoxiqué, le corps léger. Je me sens doucement oublier ce que je faisais là, où j'allais et dans quel but.

— James Dolce..., dit mon interlocuteur d'une voix suave, mielleuse.

— Je ne m'appelle pas Dolce, je susurre, me massant les tempes.

Sa voix créée un écho dans la forêt, la source d'eau commence lentement à se troubler, comme si l'on y plongeait de cailloux invisibles.

Il avance doucement, prenant son temps, et je sens que le temps ralenti à sa vitesse presque paresseuse.

— Oh mais étant lié à un Dolce, tu deviens toi-même un Dolce. Si ce n'est pas le cas, dis moi donc ton vrai nom.

— James... James W...

C'est comme si j'avais oublié mon propre nom de famille. Me creusant la cervelle, le seul nom qui finit par me venir en tête est Dolce. Si je ne suis pas James Dolce, qui suis-je donc ? Est une vraie question.

Un rire éclairé résonne autour de nous, léger et totalement dénué d'ironie, un rire que je qualifierai de sincère. Mais en même temps, je n'en suis pas si sûr de la nature de la sincérité de cette personne.

J'ai déjà eu d'interactions avec des sorciers avant, ma plus proche amie en était une. Et je peux dire que celui qui me fait face à cet instant a quelque chose de différent.

Je me sens presqu'envouté par sa présence, comme s'il suffisait seulement d'un claquement de doigts de lui pour que j'oublie qui je suis.

Une anxiété boue sous toute la sérénité qu'il semble imposer de sa présence seule.

Ma main est posée sur mon ventre. Je me sens nauséeux.

— Qu'est-ce que tu me fais ? Qui es-tu ? Que me veux-tu ?

Les questions se mélangent au bout de ma langue, ma voix paraît étouffée à mes oreilles.

Encore ce rire crystalin, douloureux. Je me couvre les oreilles.

— Arrête ! Je t'en supplie...

J'essaie de me transformer pour partir en courant mais je n'y arrive pas. Je ne me rappelle même pas d'avoir repris ma forme humaine.

— James... Je ne te veux aucun mal. Mais je dois t'arrêter. Ce sont les ordres. J'ai pour ordre de te protéger... De t'arrêter de sortir de la forêt.

— C'est Vince qui t'envoie, c'est ça ?

Ma gorge commence à se serrer, mon cœur bat trop lentement. Et je sens des larmes couler sur mes joues. C'est comme si le temps avait ralenti mais seulement autour de moi, et que ça me prenait trois fois plus de temps pour réaliser ce qui se produisait tout au tour, trois fois plus de temps que nécessaire.

Je sais qu'il sourit mais je n'arrive plus à distinguer s'il s'agit d'un sourire désolé, rassurant ou rempli de pitié.

Lorsqu'un moment passe et qu'il n'a pas répondu, je prends cela pour une confirmation.

— N'est-il pas capable de me protéger lui-même ! S'il se préoccupe tant de ce que je fais, pourquoi n'apparaît il pas ici lui-même et m'explique les choses tel qu'elles sont !

— James, tu es contrôlé par tes émotions. J'ai tendance à avoir cet effet, à révéler ce qu'il y a de plus enfuie chez les gens. Tant que tu ne seras pas calmer, nous ne pourrons pas avoir une vraie conversation.

Cette fois-ci, c'est moi qui rie. Un rire faux, sonnant alien à mes propres oreilles.

— Que je me calme ? Pour faire face à quoi ? Le vide et la solitude qui m'entoure ? Merde, je ne me rappelle même plus de mon nom...

— Ça, c'est seulement parce qu'au fond, tu n'en as pas envie. Tu veux adopter celui de Vince.

— Où est Vince... Est-ce qu'il va bien ? Ça fait des jours qu'il n'est pas rentré. Je- C'est ce que je fais ici, au fond ? Je pars à sa recherche ? Mais pourquoi. C'est un grand garçon, il n'a pas besoin de moi. Il me l'a très bien fait comprendre.

Je sens des mains sur ma joue, me faisant sursauter. Et c'est là que je me rends compte que j'avais les yeux fermer. Je les ouvre lentement.

Il est beau, très beau. Son sourire est gentil, doux, presque sentimental. Comme s'il lisait en moi, comme s'il me comprenait et compatissait avec moi. Par instinct, j'appuie ma joue à sa pomme de main, qu'il caresse doucement.

Les battements de mon cœur reprennent leur cour normal, je cligne des yeux et l'anxiété a disparu.

— Voilà qui est mieux, avance-t-il d'une voix basse.

— Je veux rentrer, je murmure. Je ne veux pas laisser Vince. Je pense que c'est la seule personne que je veux réellement.

Et ça me brise le cœur de le sentir me glisser entre les doigts, j'aimerais ajouter. Mais les mots semblent bloqués dans ma gorge.

Il hausse doucement de la tête, comme s'il suffisait de ça pour me comprendre totalement.

Et pourtant, j'ai toujours tout trouvé complexe. Peut-être que les choses sont finalement moins compliquées qu'elles n'y paraissent. Peut-être qu'il y a une explication à tout ce qu'il m'arrive.

Je souffle une puis deux fois. Et j'ai l'impression que ma peine a été divisé en deux, que je n'étais plus le seul à porter tout ce poids que j'ai traîné ces derniers mois.

Sa main qui était précédemment entrain de sécher mes larmes m'est tendu.

— Dio, dit-il d'une voix accueillante, comme s'il me recevait chez lui.

J'hésite deux secondes à la serrer, mais au final opte pour la politesse.

— James.

James Dolce.

James Dolce

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Bitter Yet Sweet • mxmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant