Chapitre 61 - Camille

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Camille


– Je viens avec toi !

Jared se tient devant la porte de notre chambre d'hôtel, me barrant le passage. Notre chambre. Celle dans laquelle nous venons d'emménager. Il y a quelques heures à peine, nous nous trouvions chez son père et, là, la réalité vient de reprendre le dessus. Et il a décidé de passer tout son temps libre avec moi. Avec moi ! À cette pensée, je ravale ma salive. J'ai du mal à y croire. Il a troqué l'immense suite qu'il partage avec ses musiciens pour passer l'intégralité de notre séjour à Dublin en ma compagnie. Notre chambre. Ça rend notre histoire tout à coup beaucoup plus réelle. Sa valise, déjà ouverte, est posée avec soin devant l'armoire. Nous sommes prêts à affronter le monde, les autres.

– Tu ne partiras pas d'ici sans moi ! Hors de question !

Son visage est tendu, presque crispé. Quelques mèches de cheveux tombent négligemment sur son visage. Avec son jeans slim déchiré au niveau des cuisses et son tee-shirt gris ajusté à la perfection contre son torse musclé, mes sens se mettent en émoi. Si je n'étais pas aussi pressée, je serais déjà en train de le déshabiller sur cet immense lit dont les draps frais n'attendent que nous.

– À quoi tu penses ?

Son irritation a laissé place à un étrange sourire coquin. Il a cette capacité étonnante de lire en moi comme personne n'a jamais su le faire auparavant. Cela m'intimide autant que ça me plaît.

– À rien, dis-je en restant volontairement évasive.

– Viens-là.

Je n'ai pas le temps de réfléchir, il se trouve déjà devant moi à m'ouvrir ses bras protecteurs et musclés. L'effet escompté s'insère immédiatement au creux de mes reins. Je le veux. Maintenant. Quand ses lèvres effleurent le lobe de mon oreille, je me mets immédiatement à haleter.

– Tu es à moi, ma belle. À personne d'autre.

En d'autres circonstances, j'aurais trouvé ses mots sexistes et misogynes. Là, non. À entendre sa respiration saccadée et ses mains baladeuses, je remarque vite qu'il est dans le même état que moi. L'émotion de le sentir si prêt, juste contre moi, me noue le cœur. On y est. Lui. Moi. Lui et moi. Face aux autres. Face au monde. Je rassemble toute ma bonne volonté pour m'écarter de cette étreinte prometteuse et accueillante.

– Tu vas vraiment le faire ?

Ses yeux gris se sont transformés en deux fentes angoissées. Même s'il ne l'a pas dit ouvertement une seule fois depuis qu'Alex nous a exposé la dernière condition, je sais qu'il a peur. Peur de me partager, peur de me perdre, peur que tout ça ne soit qu'un rêve enchanté déjà à son crépuscule. Je n'ai pas trente mille idées en stock pour lui assurer que tout se passera bien. Sur ce coup, il faut qu'il ravale ses craintes, sa jalousie et qu'il me fasse confiance.

– Tout va bien se passer.

Tout en toisant ses Converse, il ricane. Lorsqu'il relève son visage et pose son regard dans le mien, il passe une main nerveuse dans ses cheveux. Mauvais signe.

– Non, Camille. Je ne crois pas.

Il ne m'appelle jamais par mon prénom. Sauf quand il est en colère. Encore un mauvais signe.

– J'ai appelé Lucie. Elle va te tenir compagnie pendant...

J'hésite un instant. De quoi ai-je peur au juste ? De ce qui m'attend ou des réactions possibles de Jared ? Je crains qu'il s'agisse des deux, mais je ne peux me permettre de me laisser aller à mes propres angoisses. Il ne le supporterait pas et, du reste, moi non plus.

Up and downWhere stories live. Discover now