Up and down

Partie 47 - Jared

Pas de petits messages introductifs, je vous laisse lire^^

Jared

J'essaie de me calmer. Je n'y arrive pas. Je l'ai cherchée partout. Dans les rues avoisinantes, dans la bouche de métro la plus proche, à la station de taxi. J'ai eu beau courir comme un dingue aux quatre coins de l'arrondissement, mes recherches sont restées vaines.

Fait chier.

Je le savais. Je me suis répété des centaines de fois qu'il fallait que je lui parle. Plus ce plateau télé approchait, plus je prenais d'énormes risques à ce que le dragon lui apprenne indirectement la vérité.

Non. Directement. C'est sa mère. SA mère. Je n'en reviens toujours pas. Au fil de ces semaines que nous avons passées ensemble, tous les deux, nous gardions tous les deux un secret inavouable.

Difficile dans son cas. Terrible dans le mien.

En arrivant à mon appartement, j'ai perdu toute notion du temps. À peine ai-je franchi la porte d'entrée que je me rue dans la salle de bains. J'ouvre le mitigeur du lavabo et fais couler de l'eau glacée. Je n'hésite pas une seconde avant de plonger ma tête en-dessous du jet. Si j'ai besoin de quelque chose à cet instant précis, c'est bien de retrouver des idées claires.

En dépit de sa réaction, je sais qu'elle m'aime. Elle m'aime... Sinon, elle n'aurait jamais agi avec tant de véhémence. Son regard n'était pas haineux. Même si elle ne me l'a jamais clairement dit, elle tient suffisamment à moi pour en chier autant que moi, ce soir.

Où est-elle ?

Je tressaille. Et si elle était en train de se confier à la seule personne étrangère à toute cette histoire ? Marc.

Putain. Si ce connard venait à apprendre ce qui s'est passé, comment réagirait-il ? Merde. C'est tellement glauque que je ne veux même pas y penser.

Je sèche mon visage et mes cheveux trempés dans une serviette. Je sors de la pièce en constatant que je ne vais pas vraiment mieux que lorsque j'y suis entré.

Camille. Camille. Camille.

Il y a un mois encore, jamais je n'aurais pensé qu'une personne pouvait détenir à elle-seule la possibilité de faire totalement changer le cours de mon existence.

Je titube jusqu'à mon salon, décidé à me jeter dans le dernier endroit où je l'ai vue heureuse. Mon canapé. Comme pour oublier que je l'ai perdue, j'y enfouirais mon nez à la recherche de son odeur. Je m'endormirais ainsi, désireux d'oublier ma démence naissante.

Sauf que je n'avais pas prévu que quelqu'un m'attendrait au beau milieu de mon salon. Alex. Sale petit merdeux de trouble-fête.

– Merde. Qu'est-ce que tu fous là ?

Quelle idée débile j'ai eue en lui filant un double de ma clé... Il faudrait que je lui rappelle, à l'occasion, qu'on n'est pas maqué et qu'il doit arrêter de débarquer tout le temps à l'improviste.

– Bonsoir, Jared. Moi aussi, je suis heureux de te voir.

Minute papillon. Il y a un truc qui déconne. Alex dans mon canapé, OK. Mais Alex avec un verre de scotch rempli à rabord au milieu de la nuit, c'est tout sauf normal. Sans parler de son sourire de merdeux qui me donne envie de lui en foutre une en pleine face. J'ai les nerfs comme jamais. Si j'étais lui, je me barrerais vite fait, bien fait.

– Tu as évité le pire ce soir.

Je pâlis instantanément. Pourvu qu'il n'apprenne pas qui m'a sauvé la mise.