Up and down

Chapitre 38 - Camille

Camille

Les yeux de Justine m'interrogent avec une curiosité croissante tandis que je poursuis ma conversation téléphonique.

– Je vous écoute.

Si elle pouvait rentrer dans mon cerveau et comprendre de quoi il en retourne, elle le ferait sans hésitation.

– Mercredi soir de cette semaine ?

Mes jambes tremblent, fourmillent, flageolent. Malgré mon oreille attentive, mon cœur s'écroule, en lambeaux. C'est juste impossible. Je n'y crois pas. Jared ne peut pas retourner sur ce plateau.

Ma mère n'en fera qu'une bouchée.

– Bien entendu, je ne vous demande pas de vous y rendre. Ce serait trop...

Brigitte cherche le mot adéquat. Je ne suis pas certaine qu'il existe dans un dictionnaire.

– ... la meilleure chose à faire pour vous.

Ça, c'est sûr...

Il faut que je le prévienne. Que je le supplie de ne pas y aller. Que je trouve une excuse, un changement.

– Vous pourrez tout à fait regarder le journal depuis votre salon et créer l'article à partir de cette base. Qu'en pensez-vous ?

Je m'entends répondre positivement, complètement absorbée et paniquée par ce que je viens d'apprendre. Il faut que je trouve un moyen d'empêcher cette rencontre.

Après avoir écouté toutes les recommandations de ma patronne, je raccroche, livide.

– Camille, ça va ?

Justine, mon amie curieuse et empressée. Toujours fidèle au poste. Dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle ne rate jamais une occasion de me dire ce qu'elle pense. D'ordinaire, je reçois ses conseils avec gratitude. Là, non. Quand ça touche de près ou de loin Jared, mes hormones se mettent à bouillir, ma tête à cogner et mon cœur à sortir ses instincts de protection primale. Jared, c'est mon jardin secret. Mon homme. Mon chez-moi. Personne ne s'aventurera sur ce terrain. Même pas elle.

J'assume totalement le fait qu'elle m'ait indirectement présenté Jared. Que ce soit encore elle qui en pinçait pour lui. Et que ce soit toujours elle qui me demande de me méfier. Une part de moi la comprend. Il y a un mois encore, j'aurais partagé chacune de ses mises en garde. Mais, depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Il lui faudra du temps pour saisir toute la portée de mes sentiments, mais je suis certaine qu'elle parviendra à comprendre le fait que Jared ait évolué, mûri et changé.

Une fois les concerts passés, les loges traversées et la porte de la chambre fermée, il n'est plus le même homme. Il devient lui. À deux cent pour cent. Intérieurement, je me répète chacun de ces mots. Non pas pour me convaincre, mais davantage pour accepter de laisser la porte grande ouverte à tous les sentiments qui m'envahissent progressivement. La ligne de démarcation entre l'attirance et le désir profond reste plutôt floue ; pourtant, je la sens se dessiner progressivement et se transformer nettement. Je n'arrive plus à résister contre ce raz-de-marée sentimental. Je sens que, même si je ne sais pas où tout ça va me mener, une partie de moi a envie d'essayer. Cette certitude est plus forte que tout le reste.

Justine paraît complètement déboussolée par ce nouveau silence. Enfin, pas autant que moi. Comment est-ce possible que Jared soit à nouveau invité sur le plateau de ma mère en prime-time ? Je suis en train de m'engluer dans mes mensonges. Depuis que je le connais, je n'ai jamais réussi à lui révéler qui étaient mes parents.

– Arrête de cogiter et dis-moi ce qu'il se passe.

Lorsque je vois Justine froncer ses sourcils avec curiosité, je sais, qu'une fois de plus, elle ne me lâchera pas. Avant de me lancer dans de piètres explications, je me force à lui adresser un petit sourire qui, au final, n'en est pas vraiment un.

– Arrête de faire ta mijaurée. Je te connais. Tu as besoin de parler. Alors, accouche, sinon on va y passer la nuit.

Elle a raison. Je le sais. Malgré tous les sentiments contradictoires qui affluent de toutes parts, je n'ai jamais eu aussi besoin d'elle qu'à ce moment précis. Elle seule connaît toute l'histoire. Elle seule sera capable de m'écouter et de me consoler. Quoi qu'elle pense sur le sujet, l'idée qu'elle puisse être là pour me rassurer me calme instantanément.

Je ne pourrais dire si c'est son regard amical ou la main qu'elle pose sur la mienne qui me donne du courage, mais je me lance. Dès que je commence à parler, je n'arrive plus à m'arrêter. Je ne sais pas comment j'y parviens, cependant je réussis à tout lui expliquer sans m'effondrer.

– Putain de merde.

Elle vient de m'ôter les mots de la bouche.

Jared et ma mère en interview, je n'en reviens toujours pas. Mais, malgré l'angoisse grandissante qui s'empare de moi à la simple évocation de leur rencontre, ça me fait un bien fou de tout pouvoir dire à mon amie.

Ou pas.

Ses yeux, légèrement fermés en deux fentes étranges, ne revêtent nullement l'image apaisante de la copine prête à cajoler.

– Camille, je dois vraiment te parler. Tout de suite.

Elle inspire nerveusement avant de continuer :

– Ça prendra peut-être du temps mais je sais, qu'un jour, tu me remercieras. Ce qui me conforte aussi dans l'idée de tout te raconter, c'est que je sais que tu ferais la même chose pour moi. Sans hésiter.

Sans lui demander mon reste, je la fixe durement avant de tourner les talons et de m'enfuir à toutes jambes. Quoi qu'elle ait à me dire, je ne veux pas l'entendre. J'en ai assez des dernières révélations de Brigitte. Il faut absolument que je parle à Jared. Que je le prépare à affronter l'inévitable. Alors que je me mets à courir vers le premier taxi que je vois, j'entends Justine crier derrière moi, d'une voix essoufflée :

– Parle à ta mère ! C'est primordial !

Je l'écoute sans l'entendre. Plus rien d'autre ne compte que de retrouver Jared au plus vite. Justine et mes parents peuvent attendre. Ils s'en remettront. Lui seul est ma priorité, le reste du monde n'ayant, tout à coup, plus aucune importance. 

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Hello !

Chapitre 38, déjà ... Tout passe si vite ! En commençant cette histoire sur ce site, je ne pensais jamais arriver aussi loin. J'imaginais encore moins que ça plairait tant .

Je sais que je ne vais pas faire dans l'originalité mais je vous remercie sincèrement de participer à cette drôle d'aventure. Car, sans vous, une chose est certaine : mon histoire n'aurait jamais atteint le chapitre 38 !

Merci !!!!!

Bonne soirée ! ( et bonne nuit ....)