Chapitre 50 - Archibald Wentworth

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Combe Martin

15 Mars

Enième réveil à cinq heure trente du matin. Il n'en pouvait plus. Le fouet n'était plus de mise pour le dernier prêt à partir, depuis que Jared avait pris la tête du camps de travail de Combe Martin. Le dernier arrivé n'avait tout simplement pas à manger de la journée.

Archibald préférait le fouet.

Ses blessures se refermaient bien plus vite que son ventre ne cessait de grogner. La nourriture était déjà insipide, du temps de Lottie, mais les quantités permettaient au corps de fonctionner. Depuis Noël, la bouillie immonde préparée par leurs bourreaux était aussi rare qu'immangeable.

Le froid s'engouffrait partout, il n'y avait que dans les profondeurs de la mine où les températures se maintenaient. Le nombre de décès avait grimpé en flèche. Pour un décès, deux nouveaux prisonniers débarquaient. Les histoires étaient de plus en plus sordides. Enlevés à la sortie d'une boite de nuit. Menacé par des vampires complètement fous... Seul rescapé d'accidents douteux... Homme comme femme, il n'y avait pas de traitement de faveur.

En revanche, le bourreau semblait préserver un maximum les enfants, pour une raison qui lui était inconnue. Les plus jeunes n'étaient plus envoyé dans les galeries et il n'y en avait plus qui arrivait lorsqu'un convoi livrait une nouvelle cargaison de bras tout frais prêt à creuser. Du bétail, voilà ce qu'ils étaient, ni plus, ni moins.

La cohésion de groupe qu'ils avaient réussi à instaurer avec Levi et les autres esclaves étaient désormais réduite à peau de chagrin. Si certains avaient perdu la vie à force de surmenage, d'autres avaient tout simplement cessé de leur adresser la parole, par peur des représailles.

Lottie n'aidait pas. Avec la position délicate qu'elle avait, la louve était évitée comme la peste, des Hommes comme des Loups. Seuls Levi et Kitty continuaient de l'approcher. Archibald l'observait de loin, feignant l'indifférence.

Il savait parfaitement que son attitude ajoutait au fardeau de son ex-fiancée. Pourtant, même s'il avait été là pour elle lorsque le loup noir avait sévi, il n'y arrivait plus. La perte de sa famille le hantait. Repousser tout ceux qui lui rappelait son ancienne vie était sa manière d'oublier, en quelque sorte. Jusqu'à ce que tout déborde. Tristesse ou colère.

Dès qu'il fermait les yeux, Archibald revivait, en boucle, les images de morts. Le silence lui était également insupportable, le craquement sinistre des os et de la chair broyée semblait résonner dans sa tête et percuter avec violence les parois de son crâne.

Une main le poussa dans le dos pour l'inciter à avancer, avec un peu moins de violence qu'habituellement. Archie se tourna vers le lycan dans son dos et lança un regard mauvais à ce surveillant qui semblait moins brutal et plus humain que les autres.

Il se dégagea d'un coup d'épaule et le loup brun à l'allure dégingandée jeta un œil par-dessus son épaule. Sa langue claqua à son palais lorsqu'il s'aperçut qu'il était observé, lui aussi. Il repoussa, plus violement cette fois, le chasseur qui se retint de répliquer.

Levi l'avait presque supplié de se tenir à carreau. L'héritier Abbot avait déjà goûté aux supplices de Jared et semblait paniqué à l'idée de devoir regarder Archibald subir pareilles tortures.

Archie grimpa sans broncher dans le véhicule qui l'emmènerait vers la mine, bientôt rejoint par Levi et Lottie.

Lorsque la jeune femme passa la porte, un silence de plomb s'abattit dans l'habitacle. Elle avait le teint gris, les lèvres desséchées. Sa sublime crinière blonde d'autrefois était rêche, terne, clairsemée.

L'Héritage du Chasseur : Le Loup parmi nous.Where stories live. Discover now