Chapitre 31 - Levi Abbot

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13 Juillet, Combe Martin

Il lui avait fallu du temps malgré les soins appliqués de Jacob pour se remettre des bons traitements de Jared. Le sourire vicieux du lycan semblait imprimé derrière ses paupières closes. L'enfer.

Si celui qui lui rendait le plus visite désormais était ce loup aux allures de Californien, Lottie s'était rendue dans sa cellule plusieurs fois dans le but de lui donner des morceaux d'explications éparses sur ce qu'il allait advenir de lui. Notamment sur la décision de John Lovelace, qui l'envoyait en pénitence à Combe Martin, une exploitation minière que l'alpha avait remise en route. Elle lui promit qu'il en saurait plus lorsqu'il serait arrivé sur place. À ce moment-là, il n'avait aucune idée de l'enfer dans lequel il allait être projeté. Et s'il avait su, il n'aurait probablement pas accepté sa proposition aussi rapidement.

Levi avait été envoyé à la Mine du Pendu, dans un camp de travail près du village côtier de Combe Martin. John Lovelace avait racheté les vieilles mines d'argent d'Angleterre, probablement pour rendre plus difficile l'approvisionnement en argent des chasseurs. D'après Lottie, il ne s'agissait pas que de cela. Le grand brun attendait encore plus d'explications à ce sujet.

La vie sur le camp était pire que ce qu'il avait pu imaginer. Certes, il ne pensait pas partir en colonie de vacances. Cependant, après ce qu'il avait vécu avec Jared, il songeait être un minimum préparé. En réalité, ce n'était pas une question de préparation.

La surveillance n'était pas infaillible, mais presque. Les locaux où les travailleurs s'entassaient à la nuit tombée menaçaient de s'écrouler sur eux-mêmes. Insalubre, l'odeur d'humidité était bien ancrée. Les courants d'air les glaçaient jusqu'aux os lorsqu'il faisait froid et le toit de taule transformait l'endroit en véritable fournaise par temps chaud. Les plus fragiles ne tiendraient pas le choc.

La journée commençait par un réveil brutal à cinq heures du matin. L'un des surveillants lycan entrait dans ce qui leur servait de dortoir. Il aboyait ensuite des ordres et des insultes toutes plus charmantes les unes que les autres jusqu'à ce que le dernier travailleur soit levé.

Le dernier dehors était sanctionné et se voyait administrer dix coups de fouet. C'était la « règle officielle », en réalité c'était surtout dépendant de l'humeur du lycan en poste ce jour-là. Dans quel but ? Probablement pour que chaque matin, ils aient un sordide spectacle à offrir aux humains présents. Tout était pensé pour les briser mentalement.

Les travailleurs se rassemblaient, une fois qu'ils aient assisté à la punition de l'un des leurs, près des fourgons noirs qui menaient les différentes équipes sur les lieux d'extraction du minerai. Levi reconnut d'ailleurs le modèle puisqu'il avait voyagé dans l'un d'eux entre Londres et son premier lieu de captivité.

Venait ensuite le pire, vers cinq heures trente. La descente dans le noir, l'éclairage précaire, les galeries étroites, l'humidité et la chaleur étouffante. Véritable enfer pour les claustrophobes qui refusaient de descendre.

Certains surveillants prenaient un malin plaisir à les attribuer aux équipes souterraines, alors qu'il y avait une mine en plein air. Levi rongeait son frein pour ne pas provoquer de catastrophe en jouant au héros. Un seul se rebellait et tous les autres en prendraient pour leur grade. Lottie avait été claire : pas de grabuge et il devait attendre ses instructions.

L'unique repas de la journée, distribué vers midi, était une sorte de bouillie gluante immangeable au même goût insipide chaque jour. Malgré tout, on ne pouvait pas nier qu'elle tenait au corps. La faim ne se faisait ressentir qu'à la toute fin de la journée, juste avant le coucher. Et il valait mieux faire partie des premiers servis pour avoir une véritable portion, pas les maigres restes collants et brûlés du fond du plat.

L'Héritage du Chasseur : Le Loup parmi nous.Where stories live. Discover now