Chapitre 8 - Lafayette Wentworth

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En sortant du véhicule, le grand blond passa une main dans sa chevelure désordonnée pour tenter de dompter les ondulations qui s'entêtaient à venir lui masquer le regard. Il se dirigea ensuite vers l'imposante grille qui donnait accès au domaine des Wentworth. Un simple scan de ses yeux vairons était censé déverrouiller le portail menant à l'allée principale. Lafe et son père Harold pourraient ainsi se rendre au château où ils avaient prévu de rejoindre l'oncle du jeune homme et frère de son père : Richard Wentworth.

Toutefois, le garçon trouva le système de reconnaissance rétinienne désactivée et le portail légèrement entrouvert. Ce genre d'étourderie ne ressemblait pourtant pas au chef de famille rongé par la paranoïa depuis plusieurs années. Lafayette fronça les sourcils puis se tourna vers son père qui était toujours au volant de leur 4x4 gris. Voyant Harold hausser les épaules, le jeune adulte poussa les deux lourdes portes repassées en mode manuel et se faufila à nouveau dans l'habitacle après avoir refermé la grille lorsque le véhicule fut de l'autre côté. Machinalement, il pressa la touche d'accueil de son smartphone et composa le numéro de son oncle qui ne mit pas longtemps à répondre de sa voix caverneuse :

— Lafayette ? Je vois votre voiture depuis la fenêtre de la bibliothèque, il y a un problème ? s'enquit le patriarche, l'air inquiet.

— Salut Vieille Branche, dis, le système de sécurité du portail est en panne ?

— Pas à ma connaissance...

Lafayette sentit l'angoisse commencer à s'insinuer dans les intonations de Richard.

— Le scan était HS et on a trouvé la grille entrouverte.

Un long silence resta en suspend entre les deux hommes. Richard leur intima de se hâter d'atteindre le château, il ne donna pas plus de détail cependant sur la marche à suivre. Harold pressa l'allure, ce n'était peut-être rien, probablement même, toutefois, il était indispensable de s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une attaque surnaturelle. Un coup d'œil dans la cour indiqua au jeune chasseur que les Lovelace étaient sur place. Sûrement la raison pour laquelle Richard ne s'était pas épanché sur les explications au téléphone.

Une fois garés au plus près de la luxueuse bâtisse, Lafayette et son père et entrèrent dans le grand hall sans frapper. Là encore, le lecteur d'empreinte digitale ne fonctionnait pas et la porte était déverrouillée. La demeure semblait cependant alimentée en électricité et le calme régnait dans la pièce.

D'un naturel très instinctif, le jeune chasseur se trouvait tendu. Un mauvais pressentiment l'assaillait et lui hurlait de prendre les armes avant d'aller vérifier cette maudite cave.

Les deux hommes retrouvèrent Richard dans un des salons en compagnie de John Lovelace et sa fille Lottie. Le chef de famille à la tête des Wentworth semblait agir comme à son habitude, mais son frère Harold aperçut toutefois le malaise dans la gestuelle de son cadet.

Lafayette salua d'une poignée de main ferme les deux invités et amis de son oncle en leur accordant un sourire charmant. Ses yeux vairons se plongèrent un instant dans ceux charbonneux de Lottie Lovelace. Il n'avait jamais su trop quoi penser de la blonde au caractère si particulier. Sous les airs de jeune bourgeoise capricieuse et excentrique, Lafe était persuadé qu'il suffisait de gratter un peu le vernis pour trouver une personnalité bien plus complexe et mesurée. Et il fallait avouer que son joli minois biaisait probablement son jugement.

Lottie

La poigne de Richard sur son épaule le fit tressaillir. Il rompit le contact visuel avec Lottie qui reporta son attention sur sa tasse de thé, un sourire léger au coin des lèvres, comme si elle jouait à la demoiselle charmée. Le blond à la tignasse ondulée ne prenait pas, pourtant. Tout le monde ici était bien au courant que c'était elle qui avait fait des pieds et des mains auprès de son père pour être fiancée à Archibald, plutôt qu'Isaac. Depuis l'enfance, elle traînait en permanence derrière lui, pas moyen de penser qu'elle n'était pas intéressée. Les deux jeunes avaient eu l'occasion cependant d'échanger à plusieurs reprises et si la sympathie qu'elle affichait était un masque, elle le portait comme un gant. Au détour d'une conversation, elle avait même réussi le tour de force d'acquérir son numéro de téléphone. Ils leur arrivaient de correspondre, par textos de temps à autre, pour prendre des nouvelles, toujours à la manière un peu particulière de Lottie Lovelace.

Elle avait cette emprise sur les gens qui donnait envie à Lafayette de s'en méfier, probablement plus que nécessaire.

Lafayette se tourna vers Richard qui allait lui donner ses directives sous l'œil attentif de John Lovelace alors qu'un bruit sourd venant de l'aile ouest du château fit sursauter tout le monde. Son père et son oncle échangèrent un regard et ils pivotèrent vers lui à l'unisson. La voix caverneuse du chef de famille résonna dans le salon où la tension croissait subitement.

— Lafe, va te chercher une arme dans la réserve de l'aile est et file voir ce qui se trame au sous-sol. Je vais jeter un œil avec ton père à ce qu'il se passe à l'ouest.

John Lovelace se racla la gorge et Richard soupira brièvement, comme s'il venait de se rappeler que son ami était juste là. Il indiqua à John et Lottie de les accompagner. Il se tourna vers le blondinet et l'interpella alors que Lafayette prenait déjà la direction de la réserve.

— Oh, et si tu croises Isaac, envoie-le-moi. Rejoins-nous dès que possible.

Le jeune homme acquiesça sans dire un mot de plus et accorda un signe de tête à son père qui lui lançait son regard de paternel poule. La complicité entre ce père et son fils était telle qu'ils leur suffisaient d'un coup d'oeil pour capter les émotions de l'autre.

Lafe adressa un dernier geste de la main au petit groupe et reprit sa route, au pas de course. Habitué à déambuler dans ces couloirs maintes fois explorés, il rejoignit rapidement la réserve et se saisit de l'une de ses armes favorites : une arbalète de chasse à poulie. Le modèle d'ici n'était probablement pas si puissant que la sienne, mais il n'avait guère le temps de retourner jusqu'au véhicule. Et puis, tant que le cuir épais des lycans cédait sous les munitions, c'était tout ce qu'il demandait.

Le jeune homme attrapa un carquois de carreaux dont les pointes étaient faites d'un alliage à forte teneur en argent. Il se glissa hors de la pièce et se mut le long des couloirs en restant le plus silencieux possible. Aucun bruit dans la demeure. Le calme froid et tendu d'avant catastrophe emplissait son crâne, créant une ambiance morne et lourde sur ses épaules.

Enfin, il parvint en haut des marches qui menaient vers le premier niveau du sous-sol. Lafayette inspira profondément puis descendit les escaliers, tout en discrétion.

Une fois en bas, il prit la direction de la salle de sécurité, là où tous les pièges et mécanismes de défense étaient contrôlés. Son rythme cardiaque s'accéléra lorsqu'il vit de la lumière filtrer par la porte entrebâillée : cette dernière, en temps normal, demeurait systématiquement close et verrouillée.

Alors qu'il s'approchait à pas de loup, il ne perçut que trop tard la présence dans son dos. Il s'apprêtait à bondir sur le côté, avec quelques précieuses secondes de latence. Quelque chose s'abattit derrière son crâne. Sa vision se troubla et Lafe sentit ses propres forces l'abandonner avant de basculer dans l'inconscience.

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Hello bande de gens !

ça commence à sentir le roussi, par ici. Oupsy :p

J'espère que vous êtes prêts. On retrouve Chastity pour le prochain chapitre, ça risque de pas être très beau à voir :x

L'Héritage du Chasseur : Le Loup parmi nous.Where stories live. Discover now