J'arrive ( Hans )

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23 avril 1945, Front de l'Ouest, frontière franco allemande, Allemagne.

《 Oberfürher Leyers !
- Ja, entrez donc.
- Vous avez reçu une lettre.
- D'où vient-elle ?
- Du Front de l'Est.
- Où ça exactement ?
- De Varna, en Bulgarie. 》

J'ai essayé de ne pas stresser en entendant ça, je n'ai pensé qu'à une seule personne. Seul Marinus aurait eu la volonté surhumaine de m'écrire sur le Front de l'Est, mais s'il l'aurait fait c'est pour de bonnes raisons bien souvent dramatiques.
J'ai observé l'enveloppe entre mes doigts, déchirée de quelques côtés, et tachée de sang. J'ai avalé avec difficulté, tremblant en déchirant l'enveloppe déjà souillée. C'est un vrai miracle que cette lettre soit arrivée à destination sans que personne ne la brûle ou autre. J'ai passé ma main dans ma chevelure, tentant sans aucun effet de paraître neutre. C'est Marinus qui m'écrit. Que s'est-il passé ? Que s'est-il passé pour qu'il ait eu le temps de m'écrire sous les horreurs du Front de l'Est ? Quelle tragédie... Que lui ont-ils fait ?!

Cher Leyers !

Voilà un sacré bout de temps que le destin ne nous avait pas réuni, peut-être que si je n'avais pas voulu t'écrire il ne nous aurait jamais remis sur la route l'un de l'autre.
Je suis sur le Front de l'Est, on m'a amené face aux armées rouges, face à l'armée du frère de mon épouse qui m'a planté un couteau dans l'œil, une longue lame épaisse de quelques centimètres. Je suis un vieux borgne maintenant, mais ne t'inquiètes pas pour moi, je me battrai jusqu'au bout. Le seul point positif dans toute cette histoire pourrie, c'est que j'ai réussi à retrouver Nikolaus, il est vivant finalement après tant de temps seul sur le Front, c'est un miracle.

Je sais que toi tu es sur le Front de l'Ouest, face aux Alliés, et je sais que tu as pris mon unité Strauss-Kahn à merveille. Ne te pose pas trop de questions, j'ai mes sources c'est ce qui compte. Tu te débrouilles comme un chef Leyers, tu es un vrai Chef personne dans l'armée n'oserait te désobéir. Tu as la carrure, le charisme et l'étoffe de diriger une armée à toi seul, même si tu as que 24 ans, tu as accompli tout ce que j'ai rêvé que tu accomplisses et que je n'ai pu accomplir. Je suis fier de toi, très fier de toi et je le resterai toute ma vie. J'ai pensé que te l'écrire, toi qui est fou de l'écriture, aurait pu être une bonne idée. Si je meurs, tu seras au courant, mais je serai mort en ayant eu Hans Leyers à mes côtés.

Je sais que je n'ai jamais été quelqu'un de très doux avec toi, je n'ai jamais su comment me comporter avec toi pendant toutes ces années car tu as su voir quel genre d'homme j'étais en quelques mois seulement. J'étais un homme fier, brisé et mutilé intérieurement par la mort de sa femme et son fils. Mais j'ai promis de te protéger au nom du Grand Reich Allemand, mais j'ai fini par tuer le Grand Reich Allemand pour te protéger.
Au fil du temps, tu es devenu bien plus que mon élève inexpérimenté de 16 ans, tu es devenu mon acolyte, mon meilleur ami, mon fils que je n'ai jamais eu, une partie de moi. Une partie de moi qu'on m'a violemment arrachée car je n'ai pas su tenir ma promesse, j'aurais dû faire ce qu'il fallait, j'aurais dû me douter que ces semaines de répits étaient trop belles pour être vraies. C'est de ma faute Leyers, jamais tu aurais dû être sur le Front de l'Ouest, tu devrais être avec Eve loin de tous ces problèmes, tu ne mérites pas ça.

Programmés pour tuerWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu