Héros incompris ( Adolf )

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23 juin 1943, Berchtesgaden, Alpes bavaroises, Bavière, Allemagne.

J'ai déménagé, la situation pour moi devenait bien trop instable à Berlin. Mes actes de sauvetage envers des Juifs a fait le tour du quartier, ils n'arriveront jamais jusqu'au Reichstag mais je ne veux pas risquer quoique ce soit pour mon frère Herman.
Depuis que je suis rentré, je reçois des insultes violentes des jeunes SS dans la rue, des œufs et des graffitis sur ma porte. Sauf que j'en ai assez de prendre sur mon grade que je n'ai plus d'ailleurs, tout ça parce que je ne partage les mêmes idées. Je ne suis pas le même genre de personne que mon père ou que mon petit frère Hans en France.

Je suis quelqu'un d'autre, je suis différent. Je l'ai toujours été d'ailleurs.
Je ne supporte pas le mode de gouvernement d'Himmler ou du Fürher, je ne le cautionne pas. Je ne comprends pas que lorsqu'on est normalement constitués sur le plan cérébral, on puisse instaurer sa puissance sur la décadence d'un peuple qui a bien plus de mal à avoir une place en Europe. J'ai été forcé à toute cette horreur, c'est Frietz Leyers mon paternel qui m'y a obligé et ses contacts avec Heinrich Müller le chef de la Gestapo allemande, j'ai eu ce grade de Colonel sans aucun mérite. Je ne suis pas fier du tout d'avoir participé à ce carnage sans même m'en rendre compte depuis 1927. Mon esprit, mon subconscient probablement s'est éveillé lors de ma première visite dans le camps de concentration de Mauthausen en 1938, peu après son ouverture. Les horreurs dissimulées que j'ai vu là-bas étaient supérieures à l'entendement humain. Je ne comprends toujours pas comment un homme peut faire de telles choses à un de ses semblables. C'est à partir de cette visite, qu'en cachette, tout en jouant mon double jeu avec la Gestapo, j'ai aidé des Juifs allemands à fuir vers les Alpes bavaroises où vivent les parents de Freya. C'est la meilleure amie de mon frère Hans, celle-ci ne sait d'ailleurs pas que ses parents m'aident à sauver des vies.

J'aurais tant aimé le voir avant, pouvoir essayer de faire réagir les gens avec qu'Hitler soit vénéré comme un Dieu vivant. Les nazis sont forts.
Ils sont forts et puissants, mais également vicieux et perfides. Ils réussissent à retourner des millions de cerveaux, avec de beaux discours pour sauver l'Allemagne. Müller m'a dit la même chose, qu'on doit sauver l'Allemagne et la purifier de ses péchés en éliminant son grand "ennemi" : la race Juive. Et j'y ai cru comme un idiot ! J'y ai cru corps et âme sans utiliser la violence, mais j'ai participé à cette tuerie de mon libre arbitre durant onze années de ma vie.

Je suis parti de Berlin avec Herman, nous nous sommes installés dans la commune de Berchtesgaden, loin du cœur du gouvernement national socialiste du Reich. Nous y sommes depuis quelques jours, avec notre nouvelle invitée, Freya Shamberlein. Cette pauvre femme subit le même sort que nous, juste en étant enceinte d'un français déporté je ne sais où. Quand je l'ai vu en train de faire les poubelles pas loin de mon ancien chez-moi, je n'ai pas hésité et je l'ai donc pris vivre avec nous. C'est la sœur de cœur d'Hans, je me dois de la protéger comme je peux, comme si c'était ma propre sœur à moi aussi.
Elle fait partie de ces femmes agréables, serviables, avec un minois accueillant et bien construit. Cette Freya possède de grands yeux sombres, quasiment noirs avec une jolie chevelure ondulée, d'un blond demandant qu'à être caressé. Elle est très belle, la Fräulein de la maison rajoute un peu de gaieté dans le foyer des deux Leyers oubliés par leur famille...
Nous vivons donc dans un petit chalet, sur un plateau au milieu des Alpes bavaroises, tous les trois, on s'est habitués à une nouvelle routine.

Herman continue ses entraînements au sein de la jeunesse hitlérienne, il fait la fierté de ses mentors d'ailleurs. J'aimerais tellement qu'il se rende compte des atrocités dans lequel il est en train de s'embourber. Je souhaiterais également sauver des vies d'une injustice avec lui. Mais bon.... Il n'a que 14 ans, son esprit et sa force d'être est inférieure à la perfidie du régime nazi.
Freya essaie de dissimuler sa grossesse au sein de la commune, son ventre s'arrondit de plus en plus. C'est une femme forte, elle ne se plaint jamais du manque de ce français Adam Lefebre.
Elle m'a raconté leur histoire.
Ils se sont rencontrés à Hambourg, Freya était dans un bar et le français avait décidé de lui offrir une choppe de bière. C'est à partir de là que l'alchimie est née, un véritable coup de foudre mortel entre une ancienne riche allemande et un soldat français probablement mort à l'heure qu'il est. Encore le résultat de l'idéologie d'un peuple qui se mènera tout seul à son propre déclin...
Bien que sa grossesse soit douloureuse, la meilleure amie d'Hans arrive encore à travailler à l'hôpital militaire du Berchtesgaden en tant qu'infirmière.

Tandis que moi, je continue ce que je sais faire le mieux, me cacher, cacher les autres qui apprennent tour à tour que le petit chalet en bois accueille ceux qui veulent fuir le Reich, et j'écris à mon petit frère.
Il est colonel de la Schutzstaffel, sauf que lui, il a l'étoffe pour l'être. C'est Marinus Strauss-Kahn, le général plénipotentiaire qui a transmis à Hans tout ce qu'il a lui-même appris. Le petit Leyers devient plus influent jour après jour, il est fort dans le domaine je le sais. Je suis sûr d'une chose, c'est que Hans ne fait pas partie des grosses brutes nazies. Il n'est pas comme Marinus, ni comme Himmler et les autres. C'est un être à part.

《 Adolf !!! crie soudainement Herman en train de se préparer.
- Ja ?
- Il y a une dame qui toque. 》

C'est peut-être une réfugiée ! ai-je pensé.
Je suis allé ouvrir la porte dans la foulée. Dans ma hâte et mon appréhension digne d'un enfant de 10 ans, j'ai failli tomber sur la femme face à moi. C'est une très belle dame, à la toilette élégante, coiffée de magnifiques boucles ébènes et de yeux sombres.

《 Bonjour, j'ai entendu dire que...
- Oui, oui bien sûr venez Entrez. 》

J'ai profité de l'absence temporaire de mon petit frère parti par la porte de derrière et de Freya qui est à l'hôpital pour tout expliquer à cette jolie dame d'une vingtaine d'années. Personne ne sait des deux ce que je fais de mon temps libre, je le leur dirai en temps voulu.

Cette dame s'appelle Mariah Andreïev, j'ai été surpris pendant un instant d'avoir affaire avec une russe. Qui plus est la fille d'un des grands généraux de l'armée rouge de Staline, Dimitrov Andreïev.
J'ai laissé cette femme poser ses affaires dans la chambre d'amis. Et lorsqu'il n'y aura aucun danger sur la route, nous nous engagerons dans les forêts des Alpes bavaroises.

Programmés pour tuerWhere stories live. Discover now