Avenir incertain ( Adolf )

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18 février 1944, Berchtesgaden, Alpes bavaroises, Bavière, Allemagne.

Plusieurs mois se sont écoulés depuis que mon petit frère est parti. Je le cherche sans relâche, au fond de moi je sais où est-ce qu'il est parti... Herman a dû rejoindre les puissants gens du Reich à Berlin ou même à Munich. Sauf que je ne peux pas croire à cette possibilité, s'il est avec eux, il ne reviendra pas, jamais ils le laisseront. Mon frère devra les servir de tout son cœur jusqu'à sa propre mort.

Je suis encore dans mon foutu chalet au Berchtesgaden, à faire passer les réfugiés à Max, à donner des tracts, à recevoir des tas de jeunes qui voudraient résister eux aussi mais tellement discrets qu'ils se font fusillés après mon accord sur la place... Cette même routine que je mène depuis presque deux ans je crois, c'est tellement épuisant. C'est fatiguant mentalement de voir à quel point l'homme est capable des pires horreurs envers quelqu'un de plus fébrile. Peut-être que ma foi et celle de Max en l'humanité ne mènera à rien va savoir... Seul le temps nous dira si ce qu'on a fait en valait la peine ou pas.

On dit à la radio que les Alliés, la Royal Air Force anglaise aurait lancé sur Berlin il y a deux jours la plus violente attaque aérienne. Il y aurait eu 2500 tonnes de bombes larguées.
Si c'est la vérité, je pense que l'on peut commencer à se projeter sur une éventuelle défaite de l'Allemagne nazie. Il faut que les Alliés continuent à malmener la capitale et toute cette merde sera enfin terminée ! Je sais que l'espoir grandit un peu partout dans l'Europe, ça se sent dans l'air que tout sera différent d'ici peu. Personnellement, il me faudra beaucoup de temps avant que j'assimile que la guerre est finie.

Je suis resté toute la journée seul au chalet, j'ai dessiné des petites œuvres de rien du tout. J'ai passé ma journée à ça, attendant désespérément qu'Herman revienne à la maison, ou qu'une de mes sources résistantes me donne de ses nouvelles avant que je me sacrifie. J'en suis capable, je suis très largement capable de me rendre au Reich devant tous les hauts dignitaires. Je suis capable de tout pour mon frère, même de tenir tête face au Fürher lui-même. Sauf que je ne veux pas prendre le risque de tout plaquer si Herman est entre de bonnes mains.

Vers 11h environ, un malotru s'est pointé pour toquer à ma porte. C'est étrange, une partie de moi sait qu'il y a un problème face à cette visite, mais l'autre m'ordonne d'aller vite ouvrir avant qu'il ne soit trop tard. Intrigué je suis allé ouvrir avant que cette personne assez folle pour venir ici s'en aille.

《 Adolf !!!
- Max ? Qu'est-ce que tu fais là ?? 》

Mon ami ! Mon ami français il est là en Bavière, mais comment c'est possible que personne ne l'ait attrapé ? Oh merde après tout ! Je lui ai fait une bonne accolade amicale et l'ai invité à rentrer. En quelques minutes, Max a englouti un café chaud, plutôt de l'eau bouillante aromatisée. J'en suis venu aux faits. Tout content de lui, il m'a raconté en détails son histoire d'amour avec Freya Shamberlein, la meilleure amie d'Hans. J'ai souri en observant mon ami français raconter son histoire avec une telle lumière dans les yeux, il semble tellement amoureux et heureux. Je n'imagine pas ce que ça doit faire de vivre ainsi, avec la femme que l'on aime dans un petit chalet en Suisse, que tous les deux sans les jugements des autres. J'aimerais vivre ça moi aussi, si j'ai de la chance avec Mariah Andreïev ou avec une autre le destin me le dira.

《 Freya est entre de bonnes mains avec toi je suis content.
- T'inquiètes pas pour elle, acquiesce-t-il en souriant, on se réunira tous à la fin de la guerre.
- Tu crois Max ?
- On est Résistants cher Adolf, on fait partie d'une certaine élite que Dieu a sous son aile, alors ouais j'espère bien qu'on pourra enfin se poser tous ensemble !
- Ah Dieu... Tu arrives encore à croire en Dieu ?
- Toi non ?
- Je ne sais plus en quoi croire... ai-je soupiré. À part croire en moi.
- Ben alors les chevilles !!! a-t-il éclaté de rire en me tapant l'épaule. Non plus sérieusement, croire en Dieu, croire en celui qui a créé l'humanité permet de s'accrocher Adolf, il faut toujours garder espoir en l'humanité. Il y a toujours un peu de bonté dans chacun de nous au fond, et c'est Dieu qui me le dit ça.
- Bon toi Max, je pense que tu as autre chose à me dire vu ta tête on dirait un gosse impatient. Accouche !
- J'ai fait ma demande à Freya.
- Ta demande ? Demande demande ? Genre Monsieur et Madame...?
- Ouais ben ouais qu'est-ce que tu veux que ce soit ! 》

En souriant je l'ai félicité et serré dans mes bras malgré sa volonté de se sortir de mon étreinte. J'en reviens pas ! Mon acolyte, mon partenaire résistant va se marier avec Freya ! C'est formidable un mariage dans ces temps si difficiles, ça va permettre un petit peu de redonner espoir en la vie et l'humanité.

《 Du coup, ma petite Freya Shamberlein va devenir Madame Freya Dubois c'est ça ?
- Exactement ! Et je voulais te demander si... quand la cérémonie aura lieu tu voudras bien être le témoin.
- C'est un honneur Max. Merci beaucoup. Quand est-ce que la cérémonie aura lieu ?
- Je ne sais pas du tout, mais je te ferai signe en temps voulu Adolf.
- Bon tu vas pas rejoindre ton épouse toi maintenant ?! l'ai-je faussement forcé à sortir.
- J'y vais j'y vais mais je voulais te prévenir car...
- Car ?
- Car t'es mon meilleur ami. 》

Ses deux derniers mots m'ont frappé, ils ont remué toute mon âme en quelques secondes. Meilleur ami. C'est bien la première fois que quelqu'un ose me considérer ainsi.
Ne sachant pas quoi faire d'autre, à deux doigts de craquer en larmes d'émotions, je l'ai à nouveau serrer contre moi.

《 À la revoyure Max.
- Appelle moi Maxence maintenant.
- C'est très français tout ça, me suis-je gentiment moqué.
- Hilarant ! 》

Et il est parti rapidement.
Ah la la ce Maxence alors... Dire qu'au début je le méprisais de toute mon âme, je le trouvais arrogant et manipulateur, je le détestais pour seul motif qu'il soit français. Mais j'ai travaillé avec lui, on est devenus partenaires. On sauve des vies tous les deux, ensemble. Il m'a sauvé la vie, ne méprise pas les gens pour leur nationalité, il m'a sauvé la vie. Je ne peux plus le détester c'est impossible et je ne le déteste plus d'ailleurs. Les seules émotions que je lui fournis sont de l'admiration et du respect.

Programmés pour tuerWhere stories live. Discover now