L'Expansion ( Hans )

160 13 4
                                    

18 mars 1938, Berlin, Allemagne.

Aujourd'hui est un jour assez spécial. C'est le retour de mon frère Adolf Leyers. Il fait partie de la Gestapo, il en est le colonel d'ailleurs. Il est parti il y a quelques jours avec sa division en Autriche, pour avoir le pays dans la poche du Grand Reich Allemand. Mon frère m'a écrit une lettre pour tout me décrire, les chars avançant au milieu de la foule, les jeunes enfants jetant des drapeaux hitlériens en acclamant notre Fürher. L'empire s'étend, l'empire va conquérir l'Europe.

《 Herman que fais-tu bon sang ? s'écrie Papa. On va être en retard !
- Papa il n'y est pas depuis longtemps dans la salle de bain...
- Je t'ai demandé ton avis à toi ?! Non ! 》

Je serre les dents quand il abat violemment sa main sur ma joue, je ne réagis plus. Je défendrai toujours mes frères et ma mère face à mon père, quitte à subir une vie sous la violence patriarcale.
Mon petit frère de 9 ans sort de la salle de bain vêti d'un beau costume offert par la jeunesse hitlérienne, avec une moue de peur face à Frietz Leyers.

《 Bouge toi du milieu Herman, c'est incroyable d'être aussi mou du bulbe !
- Tu pourrais lui témoigner un peu plus de respect Papa.
- Il n'a que 9 ans ! me répond-il en lui collant une calbote derrière son crâne chevelu. 》

Je serre les dents et me retient d'envoyer la tête de mon père dans l'écran de la télévision. Je ne comprends pas pourquoi il est aussi violent avec nous ! Frietz s'en va à l'extérieur et rejoint ma mère le temps que j'aide Herman à coiffer sa grosse touffe de cheveux noirs.

《 Merci grand frère.
- Merci pourquoi ?
- Tu essaies toujours de me défendre face à Papa.
- T'es mon frère Herman, c'est normal, l'ai-je rassuré en peignant ses cheveux dans le même style que ceux du Fürher. 
- Tu sais pourquoi il est méchant avec nous Papa ?
- Et bien... je pense que c'est une manière de nous préparer pour les violences de la vie.
- D'accord. 》

Je lui ai tapoté l'épaule pour qu'il sorte à l'extérieur. Je les ai rejoint tous les trois. J'ai hâte qu'Adolf me raconte son expédition dans les chars en Autriche.
Je ne suis qu'un jeune SS, le plus bas sur l'échelle hiérarchique, il me reste beaucoup à apprendre.
Nous avons marché en silence, mon père en avant, ma mère, Herman et moi, légèrement en retrait à l'arrière.
On doit se rendre à la base de la Gestapo, située à l'Est du Reichstag. C'est là qu'on retrouvera mon grand frère. Adolf est toujours par monts et par vaux depuis le 30 janvier 1933, c'est à ce moment là qu'il a commencé à servir corps et âmes le parti national socialiste des travailleurs allemands.

Nous sommes arrivés à la base à 16h30, aux tintements de l'église qu'il y a pas loin. Avant c'était une synagogue de juifs qui sonnait, mais elle a été brûlé par la SA, agissant comme des brutes. Ils n'ont jamais compris que pour assurer la pureté d'une nation, et diriger un pays organisé et puissant ce n'est pas par la violence qu'il faut y passer. Il faut passer par la finesse, la malice et la discrétion, en toute légalité.
J'ai regardé mon père se diriger avec un pas nonchalant vers un homme gradé, d'une cinquantaine d'années.

《 Je suis le père d'Adolf Leyers, a-t-il affirmé.
- Il est à l'intérieur. Il se fait soigner par une infirmière. 》

Dieu te voit avec ton infirmière cher frère ! ai-je ri.

Frietz est revenu la queue entre les jambes, attendant son fils en grommelant dans sa barbe.
C'est incroyable d'être comme lui...
Mon visage s'est éclairé en voyant mon grand frère arriver avec une démarche digne d'un pacha.
Uniforme bien mise, pantalon avec chemise. Adolf porte sa veste sur l'épaule, il arrive vers nous en passant sa main dans ses cheveux blonds blés légèrement décoiffés (on se demande pourquoi). On se serait crus dans les films caricaturaux américains !
J'ai trottiné vers lui le temps que les autres me rejoignent.

《 Hans !!! Mais c'est que t'as grandi dis donc !
- Très drôle, alors l'Autriche ?
- Je te raconterai tout ça plus tard.
- Adolf mon petit bout ! s'exclame Maman en le prenant de force entre ses bras. Tu nous as tellement manqué !
- La famille est réunie, déclare Papa d'un ton faussement réjoui.
- Comme tu m'as manqué mon cher Papa ! souligne Adolf avec un large sourire. 》

Papa et mon grand frère ne se sont jamais aimé, ils ont une relation beaucoup plus tumultueuse que la nôtre avec Herman. Et ça se comprend.
Mon frère m'a raconté qu'un jour, quand il avait 22 ans, pour qu'il soit prêt à devenir membre de la Gestapo ; Papa l'avait pris avec lui couper du bois. Pour faire travailler les muscles ou je ne sais quoi. Frietz a fait jeter des grosses bûches à Adolf toute la journée sans le laisser manger. Mon pauvre frère s'est effondré en vomissant du liquide blanc pendant de longues minutes.

Nous sommes tous les cinq rentrés à la maison, les parents devant et mes deux frères et moi en retrait, pour que nous puissions écouter le récit de l'aîné. Ç'avait l'air fabuleux.
Les allemands étaient acclamés comme des Dieux, il n'y a eu aucune protestation. L'Allemagne a pris un pays entier avec l'accord de son peuple.

《 Ces gentilles autrichiennes étaient prêtes à nous lécher les pieds ! rit-il.
- Tu t'es trouvé une amoureuse Adolf ? questionne soudainement Herman.
- Ah oui, bonne question ça ! Elle était jolie l'infirmière au moins ? l'ai-je charié avec une tape dans l'épaule.
- Ouais j'ai une amoureuse comme tu dis Herman !
- Elle s'appelle comment ? insiste-t-il.
- Drusilla Von Schroeder.
- Tu nous l'amèneras en dîner hein !
- Oui Hans. Allez rentrons à la maison. 》

J'ai aidé mon grand frère à porter ses affaires, ainsi qu'avec l'aide de Maman et de Herman, on a fait qu'un seul trajet pour tout amener à la maison. Seul mon père n'a rien fait, comme d'habitude, il est allée s'asseoir sur le canapé en nous regardant d'un œil supérieur.

《 Hans, viens p'tit frère j'ai un truc à te dire. 》

J'ai acquiescé en suivant Adolf jusque dans la petite cour devant la maison. Je l'ai longuement observé, il m'a l'air anxieux. Adolf Leyers n'est jamais anxieux. C'est le genre d'homme à être sur de lui en toute circonstances, maîtrisant la situation contre vents et marées.

《 Ça va Adolf ?
- Assieds toi s'il te plaît.
- Euh d'accord. 》

Il a pris une grande inspiration avant de se lancer.

《 On va bientôt entrer en guerre p'tit frère. Hitler viole tous les traités de la Grande Guerre, il nous prépare en secret à la guerre.
- Oh...
- Vu que tu viens d'être engagés dans les hommes de la SS... ils viendront te chercher pour la guerre. Si tu as de la chance, ils t'enverront dans des endroits faciles à vivre mais si tu tombes sur un abruti, il t'enverra au front sans calculer que tu as que 18 ans ou pas..
- Je m'en moque, dis-je avec une voix faussement assurée, je me battrai jusqu'au bout pour ma famille et pour le Reich. Toi Adolf, où iras-tu ?
- Moi ? Ne t'inquiètes pas pour moi je serai dans des bureaux. Mais je ne veux pas que tu coures de risque.
- Grand frère, j'ai 18 ans maintenant, c'est à moi de faire mes propres choix.
- Hans...
- Je ferai ce qu'il faut. Je te le promets. 》

Programmés pour tuerHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin