Le Grand Est ( Marinus )

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6 août 1944, Berlin, Brandenburg, Allemagne.

《 Leyers !!! NON ! Lâchez le ! Je vais vous crever tous ! 》

J'ai hurlé de toutes mes forces lorsque la camion s'est arrêté. Je les ai sentis remuer à l'arrière du camion. Plusieurs SS m'ont encerclés pour ne pas que je sorte du véhicule, j'ai crié, tapé, devenu fou en l'espace de quelques secondes. Je le sens, tout est plus froid, Leyers part.

《 Marinus ?
- Ja ?
- Tout ira bien. 》

Mon âme s'est brisée littéralement, j'aurais pu sentir les miettes glisser le long de mon corps quand la porte du fourgon s'est refermé violemment. Je me tire le bandeau que j'ai sur les yeux, rué sur la fenêtre, j'ai pu regarder Leyers une dernière fois. Il marche, le dos voûté, il marche lentement se dirigeant vers une base militaire je dirai. Mon pauvre petit... Je le vengerai, je dois le venger.
Je suis violemment retombé au sol lorsqu'un garde SS m'a fracassé les reins avec un coup de crosse de Fusil.
Enragé mais forcé de ne pas répliquer, je me suis mis face à lui, à quelques centimètres de son visage putride.

《 Où est-ce que vous l'avez amené hein ?!
- Calmez vous Général ! Il est là où il a toujours dû être, sur le Front de l'Ouest. Mais vous allez y être aussi sur le Front, rit-il d'un air sadique.
- Vous croyez vraiment que j'ai peur du Front ? ai-je souri. C'est vraiment mignon !
- Fermez votre grande gueule !
- Vous avez peur Monsieur ? Avouez le.
- Peur de quoi ?
- Peur de devoir me tuer, et peur de moi aussi, ai-je souri en me relevant.
- Je n'ai pas peur.
- Je sais que vous avez reçu l'ordre de me tuer, tout le monde veut me tuer ici. Alors si vous avez pas peur, ai-je ajouté en mettant mon torse sur le bout du fusil, faites vous plaisir. Tuez moi.
- Je... Je ne pense pas que vous tuez serait la solution à votre traîtrise au Grand Reich Allemand.
- Vous avez peur c'est tout. Et je sais pourquoi vous avez peur. Vous avez peur car vous êtes jeune, c'est sûrement votre première mission importante, vous vous faites dans le pantalon car vous savez qui je suis. Vous savez que j'ai toute une armée à mes ordres, que je suis général avec les pleins pouvoirs, vous savez que si vois ratez votre coup... Ce ne sera pas moi qui serait mort, mais vous.
- Strauss-Kahn ferme la tant que tu le peux encore !!! ordonne le chauffeur. 》

J'ai souri tout satisfait de voir le jeune pétrifié, les yeux gros, reculant pour se remettre à sa place. J'ai fermé les yeux, je ne sais combien de temps mais il me faut me couper de cette réalité. Cette réalité où l'empire nazi m'a tout pris, mon épouse, mes deux fils et une partie de moi en même temps.

6 août 1944, Varna, Bulgarie, URSS.

Je me suis réveillé, surpris par de violents bruits suspects. Je me lève, alarmé, et j'ai regardé à travers la petite fenêtre.

La neige, volant dans une multitude d'éclats de je ne sais quoi. Les tanks, roulant, tournant, écrasant les hommes qui hurlent de folie, de rage et de souffrance. Le sol est retourné, labouré, torturé par la guerre. La blancheur hivernale est tachée de rouge, de partout, on ne voit plus que ça, ces taches immondes rouge.

Le Front de l'Est, me suis-je dit inconsciemment. La Mort.

《 Où sommes-nous exactement ?
- À Varna, en URSS. Bon voyage Strauss-Kahn ! se sont-ils mis à rire. 》

C'est là que les SS m'ont sorti du fourgon de force. Me voilà perché comme un piquet, voyant le véhicule s'éloigner petit à petit.
Je suis resté quelques minutes à observer les environs, choqué pour pouvoir bouger.

Tout ira bien, m'avait dit Leyers avant de partir je ne sais où.
Alors j'ai marché, de plus en plus vite, me dirigeant vers la base militaire la plus proche, violemment malmenée par le climat tumultueux. Je ne sais même pas si c'est une base allemande ou une base russe. Tant pis, je me suis mis à courir sans m'arrêter, me sentant inévitablement coursé comme un chien.

Programmés pour tuerNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ