Perdue ( Eve )

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16 septembre 1944, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.

Cher Hans,

Je ne sais pas trop par où commencer, il y aurait tellement de choses à dire. Avant toute chose, est-ce que tu vas bien ? Comment te portes-tu là où tu es ? J'aimerais tellement que toute cette guerre finisse mon amour, je sature, je pense que l'Europe entière commence à ne plus en pouvoir.

Il fallait que je te dise, j'ai deux hommes sous mon toit, je me sens d'autant plus en sécurité en sachant que ces deux hommes sont mon meilleur ami Maxence et ton grand frère Adolf Leyers. Il a l'air d'être un homme bien, qui a dû te servir d'un vrai modèle dans ton enfance je l'apprécie beaucoup il est très gentil avec moi. Je ne sais vraiment pas comment ces deux hommes se sont retrouvés sur une route commune mais ils sont dévastés malgré tout, je sens qu'ils ont vécu des atrocités ensemble. Ne t'inquiètes pas pour ton frère, aucun nazi n'est venu le chercher, ils sont partis il y a quelques mois peu après ton départ avec Marinus.

Mais le principal but de cette lettre n'est pas de parler de mon meilleur ami et de ton frère... J'ai appris il y a un peu plus d'un mois, justement par les yeux d'Adolf que j'attends un enfant. Je suis enceinte Hans, et tu es le père de ce bébé, il ne peut être que de toi. J'espère que tu liras cette lettre un jour pour être prévenu que tu vas être papa.
Je suis tout à fait consciente que ce n'est vraiment pas l'idéal, je viens à peine de l'accepter psychologiquement. Ce n'est pas la grossesse que j'aurais voulu vivre. Tu n'es pas là, et maintenant que je sens le fruit de notre amour en moi, ça fait d'autant plus mal. J'ai peur oui, j'ai peur de traverser les prochains mois loin de toi.
Je voudrais tellement te revoir face à moi, le plus tôt possible, que nous traversions cette grossesse inattendue ensemble.

Je dois te l'avouer, même si cela peut paraître égoïste j'ai besoin de me confier à toi peu importe là tu es, je n'attends Pas forcément de réponse, je dois évacuer mes émotions. Je ne sais pas si j'arriverai à tenir jusqu'à la fin de la guerre, mentalement parlant. Je me sens défaillir chaque jours, je ne sais pas comment faire Hans, j'ai peur de devenir totalement folle. J'ai peur d'être folle et de mal m'occuper de notre enfant à venir. Comment dois-je faire mon bel écrivain pour rester sur le droit chemin ? Pourrais-tu m'écrire dès que tu le peux ?

Je ne sais pas ce qu'il va advenir de la situation en France tout comme en Allemagne, surtout depuis que les troupes nazies ont été mises à la porte de Paris. Je ne sais pas du tout si tout pourra revenir comme avant après la guerre, si tu pourras revenir sans encombre jusqu'à moi. Alors je voulais te remercier du plus profond de mon cœur.

Tu vas peut-être rire, te demandant pourquoi je compte te remercier mais tu m'as sauvé Hans Leyers. Tu m'as sauvé comme toutes les femmes du monde auraient aimé être sauvées. Je n'aurais jamais cru en 1942, quand tu t'es pointé chez moi que je t'aimerai d'une telle force et d'une telle intensité. Tu m'as tout appris, tu m'as fait ressortir le pire en moi comme le meilleur. Tu m'as fait voir ce que cela signifiait de haïr quelqu'un, de l'aimer, de le désirer et de se sentir désirée pour la première fois. C'est toi Hans, c'est avec ton aide que j'ai su me trouver en tant que jeune française, c'est grâce à toi que je suis devenue une femme. Tu m'as appris à me connaître, à découvrir mon corps et découvrir l'anatomie masculine. La liste des choses que tu as fait pour moi commence à se faire longue, mais tu es Le premier homme qui a marqué ma vie.

Oberfürher Hans Leyers, tu es et resteras le premier homme de ma vie. Le premier qui a su m'aimer, le premier que j'ai aimé. Il aura beau y avoir des milliers de kilomètres nous séparant, des frontières, des idées, des armées, des obus, notre amour en restera intact je le sais. Je t'aime et je t'aimerai jusqu'à mon dernier soupir. Reviens moi vite mon amour.

- Eve Dechambord.

Eve Dechambord, à cran et brisée

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Eve Dechambord, à cran et brisée.

Programmés pour tuerWhere stories live. Discover now