Lutter contre soi ( Eve )

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3 mai 1943, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.

Je suis arrivée chez moi en courant, à bout de souffle. Je n'ai pas voulu rester près de Hans sous les yeux de Mme Dubois. Pour quel genre de femme je passerais ? Elle croirait sûrement que je suis une traîtresse comme les autres filles faciles du village, mais je résiste contre l'emprise nazie. Je résiste mais cet homme a tout fait vacillé dans ma vie lorsqu'il a passé le pas de la porte.
Ce que j'aurais aimé pouvoir en parler à quelqu'un, pouvoir me confier sur mes hésitations, sur ma peur d'aimer cet homme. Cet homme que je me suis forcée à détester, ce genre d'homme que je me suis promis de tuer à la moindre occasion. Au final je me retrouve entichée de l'un d'entre eux. Est-ce bien ? Est-ce mal ? Est-ce humain d'aimer peu importe qui ?

J'ai essayé de rester calme dans le salon, à cran d'un tout, de l'Occupation plus longue que prévue, des rations insuffisantes, de mes incertitudes, de l'absence de Maxence...
Je me suis assise sur le canapé, les yeux perdus dans le vide, attendant au fond de moi qu'il rentre à la maison.
Malgré toute la volonté du monde, j'ai vraiment envie de le voir sur le pas de ma porte avec son képi à la main, je languis de le voir arriver avec ses beaux yeux verts sur moi. Je suis de plus en plus habituée à cette routine avec Hans. L'entendre partir tôt le matin, le grincement du cuir sur le parquet en bois, l'attendre pour manger le soir quand je peux, le voir écrire avec passion accoudé à la fenêtre donnant dans la rue.

J'ai attendu pendant de longues minutes, prise par je ne sais quel sentiment de nouveau. Je sens l'atmosphère tendu, même si je sais que je ne risque rien. Le Colonel Leyers m'a laissé un couteau de l'armée allemande pour me défendre avec Papi s'il n'est pas là pour le faire.
Je suis allé regarder à travers la fenêtre, espérant malgré toutes mes opinions sur son travail et sa mentalité, le voir gravir la pente jusqu'à chez moi.
Rien. Il n'y a personne. Mais au fond de la rue, j'aperçois deux hommes discuter, je me suis dit que c'est peut-être Hans qui va rentrer.

Enfin Eve sors toi ce type de la tête !!! m'aurait dit Maxence.

J'ai essayé de me rassurer intérieurement, je n'aime pas être seule chez moi la nuit comme ça. Il est tout juste 19h mais c'est là où les fous sont de sorties.
J'ai eu le temps de faire un petit peu de ménage, et de préparer des sandwich de pain avec du beurre ainsi que de la charcuterie. Ayant le ventre grondant famine, j'ai commencé à manger en espérant que cela calme mon angoisse permanente de ce soir.

Papi dort tranquillement dans son lit, il est fatigué en ce moment plus que d'habitude. Il a des crises de fatigués chaque trois mois environ, j'aurais aimé qu'il consulte un médecin mais il ne le veut pas. Du haut de ses 72 ans et de toutes les dures expériences qu'il a vécu, j'estime que mon grand-père a le droit de choisir.

En finissant mon repas minuscule j'ai entendu les claquements des bottes en cuir sur le paillasson. Il est enfin arrivé.
J'ai attendu avec un mince sourire impatient sur les lèvres, je veux m'excuser pour mon comportement très puéril. La porte s'est ouverte.
C'est Hans. Il a l'air terriblement de bonne humeur, il s'approche de moi avec un air mystérieux que je connais maintenant.

《 Eve je suis...
- Non c'est moi qui suis désolée Hans, sincèrement désolée j'ai eu une réaction assez puérile tout à l'heure. 》

Son regard s'est posé sur moi avec une étincelle de malice, coiffé d'un petit sourire en coin, et la tête légèrement penchée sur le côté, il m'a rapproché de lui en me tenant par la chute de reins.

《 Non Eve, ce que je veux dire c'est que j'en ai assez.
- Assez de quoi ?
- Assez de me voiler la face depuis que tu m'héberges.
- Oh je vois.
- Je te veux Eve. Je ne te veux pas seulement pour un soir. Je te veux toi toute entière, je veux ton cœur, je veux ton corps. Je te veux malgré les ordres qui me l'interdisent. Alors c'est pour ça que je l'ai mal pris que tu m'aies évité. Je ne veux plus me priver de toi.
- Arrête de parler et embrasse moi Colonel. 》

Il a souri, toujours aussi surpris par mon assurance face à lui.
J'ai laissé mon regard dans le sien, n'ayant plus peur de ce que je peux ressentir face à lui, je l'ai regardé appuyer sa main dans mes reins pour me rapprocher de lui, passer sa main sur ma joue pour m'embrasser passionnément. Ses gestes sont beaucoup plus appuyés et doux. Notre baiser s'est prolongé pendant quelques secondes. Le contact de ses mains sur mon cou et ma taille libre me fait frissonner, je boue littéralement de l'intérieur.

Ses lèvres suaves se sont détachées des miennes à ma grande déception, mais son regard lui ne m'a pas quitté. Il hésite, je n'hésite absolument pas moi. Je suis face à lui, contre lui, contre son torse et son cœur bat aussi vite que le mien. Je ne veux que lui, là maintenant tout de suite. Je ne veux pas le Colonel en uniforme, je ne veux pas le soldat, je veux Hans Leyers. Lui.
Prise d'une vague d'impatience et de désir, je l'ai rapproché de moi par le col de sa veste et j'ai chuchoté à ce bel homme fasse à moi qu'il ne se gêne pas. Je suis peut-être vierge, mais je suis loin d'être une fille prude. Enfin si je le suis, mais je ne suis pas prude à ses côtés. Je me sens poussée des ailes.
Suis-je vraiment en train de déboutonner la chemise d'un Colonel nazi ? Je le regarde, qu'il m'arrête s'il ne veut pas aller au bout.
Voyant ma maladresse, d'un geste de main experte il a tombé la veste et la chemise. Je l'ai observé son torse dans les moindres détails, j'ai passé mes doigts sur chacun de ses abdominaux, sur ses deux pectoraux épais et durs. Il a le corps d'un Dieu grec, je ne me lasserai pas de le regarder. Sauf que ce soir, je veux faire plus que le regarder.
Hans m'a serré contre lui, écarté ma chevelure sur l'épaule en embrassant tendrement mon cou palpitant dénudé. J'ai senti ses doigts glisser dans ma chute de reins. Je frissonne lorsqu'il saisit le premier bouton de mon chemisier.

C'est alors que pour me refroidir pendant quelques instants, mon colonel m'a portée comme une princesse jusqu'à son lit. Dès que j'ai pu, en fermant la porte, je me suis défaite de ses bras musclés pour l'embrasser. J'ai confiance en lui, j'ai confiance en lui au point de le laisser me regarder en sous-vêtements, allongée bouillonnante sur son lit.
Hans s'est rapidement retrouvé sur moi, sa bouche explorant les particules de mon corps qu'il n'avait jamais vu auparavant. Ma tête s'est rabattue dans l'édredon quand mon colonel a fait glisser les bretelles de mon soutien-gorge. En prenant mon cou dans le creux de sa main, carressant ma poitrine, touchée pour la première fois des mains d'un homme, il m'a chuchoté d'une voix sexuelle.

《 Meine Liebe*, tu vas crouler sous mes baisers. 》

Je souris, transitant entre l'excitation et l'appréhension de me retrouver quasiment nue pour la première fois face à un homme. Je n'avais jamais prévu que ce soir Hans.
Je le tire vers moi par ses beaux cheveux  commençant à transpirer, je l'embrasse à pleine bouche, sentant nos salives se mélanger.
Très rapidement, nous nous sommes vus entièrement nus, dans nos tenues d'Eve et Adam. Je suis restée surprise par le corps d'Hans, il est tellement beau et bien fait. Là, entre ses bras, je me sens terriblement l'aide comparée à lui.
Son regard s'est posé sur moi avec une telle étincelle que je ne lui avais encore jamais connu.
Le beau colonel m'a embrassé sur le front en me rassurant, me chuchotant de magnifiques phrases me donnant des papillons dans le ventre, que tout irait bien, qu'il irait à mon rythme, insistant sur le fait qu'il ne me brusquerait pas.

Avec un magnifique douceur, Hans a passé une de ses mains entre mes jambes. Je me suis sentie tellement vulnérable sur le coup, allongée, nue, les jambes légèrement entrouvertes.
Pour me rassurer sans gâcher ce moment inoubliable, j'ai regardé mon... partenaire ?? Oui mon partenaire.
Je me suis sauvagement accrochée à ses cheveux et à son dos quand il s'est introduit en moi avec tranquillité et douceur, la respiration haletante, sa main est jointée à la mienne comme pour me rassurer.
C'est tellement étrange cette sensation, une sensation que je ne connaissais pas.

En carressant ma joue d'un geste tendre, Hans m'a baisé les lèvres. Je lui ai souri, totalement éprise de cette nouveau sentiment exquis et paralysant.

《 Ça va ? me demande-t-il d'un œil attentionné. 》

J'ai hoché la tête, incapable de prononcer un traître mot, mon corps entier frissonnant face au corps de cet allemand. Cet allemand qui est entré dans ma vie que je le veuille ou non, et aujourd'hui me voilà éprise de lui.
Maintenant son regard dans le mien, il s'est retiré de moi, je l'embrasse une dernière fois avant de reprendre mon souffle.
Nous avons rapidement sombré dans un sommeil profond, je suis encore allongée, la tête contre son torse, carressant ses muscles, lui jouant avec mes cheveux emmêlés.
J'ai fermé les yeux avec un sourire, totalement comblée et enivrée par son parfum.

Programmés pour tuerWhere stories live. Discover now