Programmés pour tuer

Le Réveil du Monstre ( Eve )

3 septembre 1939, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.

Des rumeurs courent en ce moment sur les envies expansionnistes de l'Allemagne d'Adolf Hitler. Certaines personnes du village qui sont allées dans des plus grandes villes comme Béziers disent que les soldats allemands ont envahi de force la Pologne. Honnêtement je n'y crois pas trop, je pense pas que l'Allemagne oserait faire ça sachant très bien que la guerre serait déclarée.

Enfin... j'espère que la guerre n'éclatera pas, j'ai pas envie que mon Papi soit inquiet. Je sais que les allemands de Hitler s'en prennent aux plus faibles, les invalides.
Je sais aussi que la France est un pays fort, elle écrasera l'Allemagne je n'en doute pas.

Il est 18h30 quand je suis sortie du lycée à la sortie du village avec mon meilleur ami Vittorio Stefano. Il a un an de plus que moi.
Sa famille est arrivée ici en 1915 environ, lorsque l'Italie s'est rallié à la Triple Entente lors de la Grande Guerre. C'est un italien de souche, mais qui a choisi de se battre pour la France, un fait qui enrage il Duce, Benito Mussolini.

《 Eve ?
- Oui ?
- Regarde le journal, me dit-il en pointant des yeux les journaux affichés à la boulangerie. 》

Je me suis approchée et saisi le journal du jour. Un frisson morbide m'a parcouru le long du dos. Voilà ce que j'ai lu.

C'est pas vrai... comment est-ce possible ?
Tout d'un coup, une alarme suraigue a retenti, suivie de cris de panique.
En quelques secondes, sans que je n'ai le temps de réagir d'une quelconque manière, une foule de personne s'est entassée dans la boulangerie pour quelques grammes de pain.
Je me suis sentie perdre l'équilibre et lâcher le journal.
Nous sommes en guerre. L'Allemagne est là, aux portes de la France. Elle est prête à frapper...

《Eve ? Hey, Eve ça va ?
- Non, non enfin Vittorio comment veux-tu que ça aille ? On est en guerre !!!
- Les Allemands n'oseraient jamais revenir se frotter à la France même sous ordre du Fürher. 》

J'ai acquiescé sans riposter, tentant en vain de me rassurer intérieurement. J'ai pensé à mes sœurs, ma mère et surtout à mon grand-père... Maman a dû déjà récupérer le journal du jour, Léon Dechambord le valeureux soldat français doit être déboussolé...

《Que vas-tu faire Eve ?
- Et toi Vittorio ?
- Je n'en sais rien, je te suivrai où tu iras.
- Oh... je compte me battre face aux allemands, corps et âme. En la mémoire de ma grand-mère Yvonne morte pendant la Grande Guerre.
- D'accord, mais n'as-tu point peur de mourir ?
- Non Vittorio, j'ai 15 ans, je n'ai peur de rien. Car avoir peur de la guerre revient à avoir peur de tout ce que l'on a entrepris pour relever la France de la misère vois-tu ?
- Je vois oui... si je peux être honnête avec toi j'aurais aimé retourner en Italie. 》

Mes yeux se sont écarquillés face à cette nouvelle. Vittorio Stefano, retourner en Italie ? Un pays allié à Hitler ? A-t-il déraillé ??

《 Vittorio... es-tu réellement sérieux quand tu dis cela ?
- Oui Eve, je le suis.
- Mussolini est le même genre d'hommes qu'Hitler !
- Certes, mais en étant dans le camps du Fürher et du Duce on serait peut-être plus en sécurité qu'en France. La cible commune du Reich.
- Plus crever qu'être du côté des fachos et des Boches Vittorio.
- Eve sois réaliste...
- Vittorio, soit tu es avec eux, soit tu es avec moi. 》

Assez surprise par le retournement de veste de mon meilleur ami je suis partie, me faufilant au milieu des rues où les gens s'agglutinent... Comment Vittorio peut-il envisager de retourner en Italie ? Que ce soit l'Italie ou l'Allemagne... ces deux pays ne valent plus rien pour moi depuis longtemps.
J'ai monté les multiples escaliers et ouvert la porte de chez moi avec un vent me cinglant le visage.