L'Amitié ( Adolf )

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15 décembre 1944, Saint Nazaire de Ladarez, Hérault, Languedoc-Roussillon, France.

Je commence petit à petit à m'habituer à la nouvelle vie que je mène en France. C'est un beau pays, je suis bien content que les troupes Alliés aient réussi à massacrer les nazis sur le côtes normandes et dans le Nord. Les chiens d'Hitler se retrouvent encerclés, des prédateurs ils sont passés à proies.
Ces gens pensaient et continuent sûrement à penser que tous les pays qu'ils ont sauvagement conquis, ils pensaient que ces nations resteraient soumises et indifférentes à leur privation de liberté mais c'est faux. Les pulsions d'Hitler concernant la France se sont assoupies violemment, se rendant compte que la force vraie force mentale basée sur la liberté d'expression et démocratique. Ce genre de gouvernement est digne de se battre pour lui, ça ne fait aucun doute.

Je me suis levé comme tous les jours, dans la chambre d'Hans, avec cette même sensation d'être étouffé par son fantôme errant ici. Les fenêtres laissent passer le froid glacial des premières chutes de flocon de neige. Je frissonne en enfilant une veste épaisse, fourrée que ma mère Olga m'avait cousu avant que je parte sur le Front de l'Est.
J'ai rejoint Eve dans la cuisine, elle prépare je ne sais quoi avec une grande fougue, j'ai regardé son ventre en souriant, il commence tout doucement à s'arrondir. Mon petit frère va être Papa, je ne sais pas où il est mais il faut qu'il revienne vite. Il doit revenir vite, et soutenir sa conjointe avant le bébé miracle.

《 Veux-tu un coup de main Eve peut-être ?
- Non merci Adolf c'est gentil.
- Comme tu voudras. Où est passé Maxence ?
- Il est allé au cimetière voir sa mère et son père.
- Oh... ai-je soupiré. D'accord je vais aller le rejoindre. Tu veux que je t'achète quelque chose en passant par l'épicerie ?
- Si tu as assez sur toi, j'aimerais bien une baguette de pain aux céréales.
- Je note ! À toute à l'heure. 》

Je l'ai salué avant de mettre mon blouson et mon écharpe, prêt à affronter ma nouvelle sensibilité face au froid glacial.
Je suis passé sur la place, faisant l'objet des regards des français. Personne ne sait qui je suis, je ne me suis pas présenté et je ne le ferai pas. À quoi cela servirait-il ? S'ils savent que je suis allemand, ils ne chercheraient pas à comprendre et me torturer à mort, mais je ne changerai pas d'identité. La guerre n'a pas changé qui je suis au fond de moi, je resterai toujours allemand, pas l'allemand d'Hitler mais l'allemand de l'Allemagne... Et je resterai à jamais Adolf Leyers. C'est ainsi.

J'ai bifurqué vers la Route de Béziers, saisi une petite descente menant jusqu'au cimetière. Je frissonne en voyant les vrais tombeaux, mais j'ai été pris d'une vague de dégoût en constatant que la plupart des derniers cadavres ne sont même pas enterrés. Certains ont été recouvert d'une couverture blanche, d'autres ont juste été vulgairement jeté sur le gravier. Je n'ai pas baissé les yeux, sentant déjà l'odeur nauséabonde et les bourdonnements intempestifs des mouches donnant la vie là où elle a été perdue.
J'ai longuement tournoyé entre les couloirs de cercueils, de tombeaux, et de cadavres en putréfaction à l'air libre, cherchant désespérément Maxence. Quelques flocons viennent commencer à blanchir l'atmosphère, et à la refroidir par la même occasion. Je me suis ressenti plongé dans les tranchées du Front de l'Est sur la Volga, l'air respiré, le froid, le silence après les tueries... J'ai respiré un grand coup pour ne pas paniquer, sachant très bien que toute cette passe de ma vie est révolue.

《 Maxence ! 》

J'ai trouvé mon meilleur ami, assis dans les premiers flocons, totalement insensible au froid, la main sur le cercueil de ses parents qui ont eu de la chance pour avoir été béni des honneurs funèbres. La triste mine, il a vite arboré un petit sourire en se levant vers moi.

《 Comment vas-tu ? me demande-t-il comme si c'était à lui de se soucier de moi.
- Moi ça va, toi moins par contre. Pourquoi tu ne m'as pas dit que tes parents étaient morts ?
- À quoi bon... Il fallait qu'on tienne pour assurer notre propre survie, pas à se rabâcher les drames qui auront lieu.
- Comment s'appelaient-ils ?
- Claude et Anne Dubois.
- Ils doivent être fiers de toi.
- J'ai un doute... 》

J'ai posé ma main sur son épaule et ai ramené mon ami sur la tombe de ses parents.

《 Tu fais quoi Adolf ?
- Monsieur et Madame Dubois, je ne vous ai pas connu mais j'ai connu votre fils. Maxence n'est plus le jeune bûcheron français insouciant que vous avez connu je peux vous l'assurer. C'est devenu un vrai héros, il a résisté face aux allemands même le pistolet sur la tempe, il a sauvé je ne sais combien de vies en travaillant avec moi en Suisse. Il est le meilleur homme que j'ai pu connaître jusqu'à présent, Maxence m'a sauvé des pires maux qui me tourmentaient. Il a peur de vous décevoir, mais je ne vois comment il pourrait décevoir qui que ce soit. Je voulais vous remercier d'avoir élevé cet homme aussi bien, avec des solides valeurs et principes. Vous pouvez être fiers de lui n'en doutez pas. 》

Mon meilleur ami m'a regardé en souriant avec difficulté, se retenant de pleurer à chaudes larmes. Il a simplement hoché la tête, ne sachant que dire pour ne pas trahir sa sensibilité. C'est juste la vérité, Maxence Dubois est l'homme que tous les gamins rêveraient d'être.
Je l'ai incité à rentrer, il ne faut pas qu'il reste seul ici cela ne servirait à rien.

Quelques photos des traumatismes psychiques et physiques d'Adolf Leyers sur le Front de l'Est 🥺

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Quelques photos des traumatismes psychiques et physiques d'Adolf Leyers sur le Front de l'Est 🥺

Programmés pour tuerWhere stories live. Discover now