Ithil - 4

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      Il n'y a pas d'émotions dans l'histoire que nous conte Shaka. Ce ne sont que des faits pour lui. L'affectif n'a pas sa place quand il s'agit d'agir. Ils sont partis d'un constat : leur civilisation était en danger. Ils ont fait ce qu'ils jugeaient nécessaire pour y remédier, même si cela impliquait d'éradiquer une espèce qu'ils avaient créé. Qui sommes nous pour les condamner ? Après tout, l'être humain a détruit des milliers d'espèces animales par ses actions, parfois sans s'en rendre compte, alors qu'elles ne menaçaient aucunement la survie de l'humanité. Nous nous sommes fait la guerre sur tous les continents pour diverses raisons et ce depuis la nuit des temps d'après ce que nous raconte Shaka. Mais quel raisons est suffisamment légitime pour prendre la vie de quelqu'un ? Nous avons un mot sur Terre pour ce que les elfes voulaient faire aux hommes : génocide. Si ce mot existe, c'est que nous l'avons créé pour décrire des actes faits par nos semblables. Les elfes souhaitaient en finir avec nous. Je constate avec effroi qu'en dehors de notre planète, le reste de l'univers peut-être aussi violent que nous le sommes. L'harmonie n'existe pas, nulle part. Ou alors, existait-elle avant l'arrivée de l'Homme ? Notre espèce est-elle la source du chaos ? Dans ce cas, supprimer les hommes, c'est en finir avec le Mal.

- C'est le propre de votre race de se sentir à l'origine de toutes choses Angus. Vous n'êtes pas le centre de l'univers. Loin de là. Pour faire un comparatif plus parlant pour vous, vous êtes comme une tribu amazonienne de quelques individus perdus aux confins de la forêt du même nom sur une planète cent fois plus grande que la votre. Autrement dit, il y a de la vie partout dans le cosmos mais que personne ne cherche à rentrer en contact avec les habitants de la Terre tellement ils sont insignifiants.

Je reçois l'annonce que vient de nous faire Shaka comme une gifle. Il vient de nous dire, comme si de rien n'était, que nous ne sommes pas seul dans l'univers. Même pour un geek comme moi qui le souhaitait, c'est difficile de l'apprendre. C'est ce qui arrive quand la réalité dépasse le rêve. Nous ne sommes rien à l'échelle de l'espace. Nous nous sommes toujours cru comme une race influente, voir supérieure, capable de tenir tête à n'importe quel envahisseur. Il n'y a qu'à voir comment notre égo est démesuré dans un film comme Independance Day .Et Shaka vient de détruire tout nos espoirs d'être dans le top trois des êtres les plus intéressants du cosmos. Une belle leçon d'humilité.

- Il y a d'autres peuples qui sont beaucoup plus violents et barbares que les terriens. Mais si ça peut vous faire plaisir, bien que nous ne voyions pas l'intérêt de faire une liste, nous vous placerions en haut de classement des êtres ayant le plus éliminé d'elfes. Cela flatte t'il ce que vous nommez votre égo ?

- Ce n'est pas...

- Il est vrai que les hommes nous ont obligés à dépasser notre nature. Nous étions des cueilleurs vivant en symbiose avec la nature, n'utilisant la technologie qu'à des fins écologiques pour le bien de notre communauté. L'osmose entre les elfes, le sol, l'air, l'eau et les machines. A cause des inventions humaines brisant cet équilibre, la Terre a commencé à montrer des signes d'agacement perceptibles par qui écoute et comprend : séismes, tsunamis, ouragans. L'être humain a toujours été sourd à ses avertissements, encore aujourd'hui.

- Je vous rejoins sur ce point.

- Vous n'êtes pas le seul à le penser Angus. Pourtant, rien n'est fait. Vous continuez de détruire votre maison.

Plus je l'écoute et plus je me dégoûte. Shaka se dit bienveillant mais il est en train de faire le jugement de l'humanité et ce qu'il me renvoie ne me plait pas. Je ne me sens pas visé particulièrement mais je fais parti d'un tout. Méritons-nous de disparaître à cause de notre égoïsme, notre besoin de pouvoir ou des désirs extrêmes comme la convoitise ? L'insatisfaction est notre religion commune.

Le Geek Ultime (1. Genesis)Where stories live. Discover now