Le Geek Ultime (1. Genesis)

Nazca - 1

      Je suis dans le cockpit du Faucon Millenium à la place où était assis Obi-wan dans Un Nouvel Espoir. Je dois me pincer pour vérifier que je ne suis pas endormi. J'ai souvent rêvé que j'étais à bord de ce vaisseau quand j'étais petit, mais jamais avec deux japonais au commande et une femme splendide à mes côtés. Pour la femme, ça a dû m'arriver. Sophie n'a probablement jamais eu ce genre de fantasme mais elle est tout aussi impressionnée que moi. Il faut dire que nous volons au dessus de l'océan à une vitesse prodigieuse et nous apercevons déjà les côtes d'Amérique du sud qui se rapproche extrêmement vite.

Nous avons traversé le pacifique tellement rapidement et à une hauteur si basse qu'aucun radar n'a sûrement pu nous repérer.

- Japon-Pérou en une heure et demie, annonce fièrement Takeshi. Ce qui équivaut à une vitesse d'environ douze mille kilomètres par heure, sans secousses. On a pulvérisé des records. Dommage que je ne puisse pas le faire homologuer. Je ne souhaite pas divulguer au monde que j'ai un Faucon Millénium.

- Je ne peux qu'approuver ton choix. Ce serait trop dangereux si cette technologie tombait dans de mauvaises mains...

- Oh Angus ! Arrête avec tes phrases toutes faites sortis de série Z. Cette technologie est déjà entre de mauvaises mains. Dois-je te rappeler qui je suis ? Je ne le dirais pas tout simplement parce que je n'aime pas partager mes jouets. Déjà que je vais vous le prêter, j'en suis malade. Vous avez intérêt de me le ramener nickel.

- Tu ne viens pas avec nous ?

- Si tu crois que je n'ai que ça à faire. Yoshi sera mes yeux et mes oreilles. Ça suffit les questions, on arrive, profite de la vue.

J'ai l'impression que quelque chose le gène et qu'il n'ose en parler. Je pense qu'il ne vient pas avec nous car il a peur. Sa plus grande aventure est d'être sortie de sa chambre pour faire ce voyage entre le Japon et le Pérou. Aller au-delà est au dessus de ses forces. Je le comprends très bien, j'ai déjà vécu comme lui, mais, pour moi, l'excitation de l'aventure a prit le dessus sur mes appréhensions. Je me dois de voir ce temple lunaire.

Nous survolons déjà le plateau de Nazca, dans la région d'Ica, là où se trouvent les figures majestueuses tracées dans le sol. Je distingue parfaitement le singe, le cachalot et l'araignée. D'autres sont moins faciles à identifier. La plus mystérieuse est cette forme d'astronaute géante à flanc de colline semblant nous saluer, comme si elle attendait notre venu. L'émotion me saisit à la vision du condor de plus de cent trente mètres de long. Cet animal était présent près du point de départ de notre quête, je trouve ça fascinant de le retrouver près de sa finalité.

Takeshi choisit d'atterrir au bout de la piste la plus large et la plus longue du site. Il ne manque qu'une tour de contrôle pour s'imaginer être à l'aéroport international improbable de Nazca, Pérou.

Une fois au sol, il n'y a plus rien de visible. C'est un lieu désertique où sont entassé des tas de cailloux. C'est ce qui rend cet endroit si énigmatique. Ces glyphes ne se voient que du ciel. Plusieurs hypothèses farfelues ont germées dans l'esprit de pseudo-scientifiques concernant ces représentations énigmatiques ; du rituel d'une tribu créant ces œuvres en l'honneur de Dieux, au paysan artiste qui déblayait un terrain, n'ayant rien pu en tirer, il s'est ensuite mis à gratter le sol par ennui et sûrement aussi pour le plaisir de l'art. C'est dingue ce qu'on peut lire comme connerie sur internet. Ce que j'aimerais savoir c'est comment ces dessins, parfaitement réalisés, aussi grands ont pu être tracés. Et quel intérêt de faire quelque chose qui ne sera visible de personne à l'époque où ils ont été fait? A moins que, et je vais finir par y croire, la théorie la plus invraisemblable, à savoir que ce sont des pistes pour des vaisseaux extra-terrestres, soit finalement la plus plausible. Après tout, n'est-ce pas ce que nous sommes en train de faire.