Ithil - 2

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      Suis-je mort ? Est-ce le paradis ? Notre vaisseau a dû s'écraser. Ce que je crois voir doit être ce que mon cerveau a décidé de me montrer pour atténuer la douleur. Pourtant quand je regarde autour de moi, je suis toujours dans le Faucon Millénium. Yoshi est assis à la place de Han Solo et Sophie est à mes côtés. Elle me prend la main. Je sens ses doigts serrer les miens à travers la combinaison spatiale. J'entends sa voix exprimer les émotions qui la submergent. Mes sens me font conclure que ce que je vois n'est pas une vision post traumatique. C'est réel. Et c'est magnifique.

Des jardins, des maisons, un lac, des arbres, de l'herbe. La vie. Nous sommes passés de l'ombre à la lumière. Une frontière invisible sépare notre monde de celui-ci et nous l'avons traversé en descendant dans le cratère. Désormais un ciel bleu nous entoure et... un rapace suit notre descente. Cet endroit possède donc une atmosphère artificielle respirable. Je commence à enlever ma combinaison spatiale. Mes collègues d'aventure, d'abord sceptique, en font de même. Le Faucon Millénium nous a déjà prouvé sa fiabilité en voyageant du Japon au Pérou puis dans l'espace jusqu'à la Lune. On peut se considérer en sécurité. Cet engin, que nous trouvions rassurant dans le vide sidéral, devient encombrant dans ce paysage familier. Nous voulons en sortir et fouler le sol de ce sanctuaire lunaire invisible depuis la Terre.

Plus je le regarde et plus je trouve ce panorama particulier. Je vois tous ces détails qui font que je sais que nous ne sommes plus sur Terre. Il semble être un mélange de diverses cultures. Nous survolons une ville hétéroclite où des constructions précolombiennes, asiatiques, égyptiennes, grecques antique se mélangent en une version futuriste de ces civilisations anciennes. La pyramide, style Khéops, entièrement métallique situé au centre de cette cité en est le plus bel exemple.

On peut apercevoir des êtres humanoïdes nous observer depuis le sol. Certains nous montrent du doigt mais aucun ne semble effrayé. Qui ne le serait pas sur notre planète si un vaisseau tout droit sorti de l'imagination d'un accessoiriste de cinéma venait à passer au dessus d'une capitale.

Sophie est la première à réagir.

- C'est dingue ! Je n'arrive pas à croire ce que je vois. Cet endroit est paradisiaque. Tu as vu, là, il y a un tigre en liberté au milieu de ce qui ressemble à un parc. Il est entouré de plein de... gens.

- Des gens ? On peut peut-être s'avancer à les appeler des luniens, malgré que ce ne soit pas un mot très jolie.

- On dit des sélénites, espèce d'inculte, rectifie Yoshi. Et ce mot existe depuis des siècles.

- Ce n'est pas la peine d'être aussi désagréable avec moi que Takeshi.

- Où sommes-nous Yoshi ?

- Nous sommes dans la quatrième cité perdue et cette fois, c'est vraiment une cité.

- Regardez, j'ai l'impression que nous nous dirigeons vers ce temple... asiatique. Il me dit quelque chose, une impression de déjà-vu.

Voilà, elle a mis le doigt sur ce qui me semblait dérangeant depuis le début. Au milieu de toutes les constructions faites de verre, d'acier et d'autres matières inconnues, j'ai reconnu la plupart des bâtiments que nous avons survolés : le Colisée de Rome, le Parthénon d'Athènes, la pyramide Maya El Castillo de Chichen Itza au Mexique ou encore le temple Borobudur de l'île de Java en Indonésie.

Quand je faisais des recherches sur Nazca, j'avais lu que si on prenait toutes les lignes droites des pistes dessinées sur le plateau et qu'on les prolongeait jusqu'à faire le tour de la terre, elles convergeaient toutes en un point à l'antipode du Pérou : au temple d'Angkor Wat au Cambodge. Notre destination est la réplique exacte de ce sanctuaire, à la différence que celui-ci, ainsi que tous les autres bâtiments que nous venons de survoler, n'a jamais subit les dommages du temps. Ils sont tous en parfait état comme si ils venaient tout juste d'être construits.

Le Geek Ultime (1. Genesis)Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz