Albuquerque - 5

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      Indy a accepté de se joindre à notre expédition. Il nous dit que c'est pour notre sécurité mais la vérité est qu'il s'ennuie depuis plusieurs années dans son désert de sable et de solitude. Notre découverte l'impressionne et anime sa vie. Il vient tous les jours voir un paysage qui ne change jamais pour écouter les conversations stériles des touristes : « oooh le beau caillou ! ». Ça l'occupe mais ce ne doit pas être très stimulant. Il n'est pas contre un peu d'aventure. D'ailleurs, il a répondu positivement à l'invitation de Sophie assez rapidement sans conditions. Je suis content qu'il nous ait rejoints, je ne suis plus seul avec cette magnifique mégère pour me blâmer constamment. J'espère qu'il y aura une certaine solidarité masculine qui va s'instaurer entre nous pour que je puisse m'insurger sans crainte de châtiments de la part de la tyrannique Sophie.

Notre progression est facilitée par une lueur provenant du bout du tunnel. Dans l'obscurité, la lumière est rassurante, malgré tout, après notre mésaventure, nous préférons ne pas prendre le risque d'avancer plus vite et de déclencher un autre piège. Les grottes secrètes dans les films sont pleines de corps de pauvre gars, trop pressé par l'excitation, empalés par des pieux cachés dans le sol. Je ne voudrais pas vivre cette expérience douloureuse. Nous avançons donc pas à pas en longeant la paroi de droite, en espérant rester vivant. Nous devons être complètement fous pour continuer après avoir failli mourir écrasé dans la pièce aux écritures. La curiosité nous fait faire des choses dangereuses.

- Les gars, vous pensez que cette lueur est due au reflet de torches sur de l'or ?

- Je n'en sais rien.

- Mais comment se sont-elles allumées ?

- Je n'en sais rien non plus. Comment veux-tu que je sache ça ? C'est la première fois que je viens et il n'y avait pas de notice à l'entrée. C'est dommage, ça nous aurait évité des soucis. Par contre, ce que je peux dire c'est que la lumière ne vacille pas. Je ne crois pas que cet éclairage soit dû à du feu.

Il nous reste une trentaine de marches avant de pouvoir passer un nouveau porche suffisamment grand pour laisser passer King Kong et découvrir ce que cette cavité contient. De notre position, à cause de la pente du couloir, nous ne voyons pas encore l'intérieure de la prochaine pièce. L'entrée laisse présager de son immensité.

- Sophie, Indy, vous m'attendez là. Je vais y aller seul.

- Je ne vais pas vous attendre ici !

- Ecoute-moi ! Il peut y avoir un autre mécanisme pouvant se déclencher au passage de cette porte. Je peux très bien me faire transpercer par des fléchettes sortant du mur, me prendre un jet d'acide au visage ou me faire écraser par une pierre. Je ne veux pas te faire prendre des risques inutiles. Reste en sécurité avec Indy ! Si tout se passe bien, vous me rejoindrez.

Qu'est-ce qu'il ne faut pas inventer pour vivre un rêve d'enfance ? Je vais pénétrer une des mystérieuses cités d'or et je veux profiter seul de ce moment. Quelques instants de félicité égoïste qui ne font de mal à personne, en espérant que ce que je viens de lui dire ne se produise pas.

- C'est la première chose gentille que vous faites pour moi. Vous êtes plus galant que je ne le pensais. Faites attention à vous !

Si elle savait, je me ferais une fois de plus houspiller. Cette fois, j'endosse le rôle de gentilhomme, de héros. Cela me convient parfaitement. Plus j'avance et plus je me dis que finalement il y a peut être un « Boom j't'attrape » qui va me faucher par surprise. Je ne suis pas si rassuré, plus inquiet qu'excité. Je suis con de risquer ma vie par égoïsme. Quelle fin stupide ça serait ! Je passe le porche en fermant les paupières et en psalmodiant que tout va bien se passer. Avoir les yeux fermés ne me protégera pas de la mort mais j'ai peur de devoir l'affronter en face. Un pas dans la pièce. Deux. Trois. Rien de fâcheux ne semble m'arriver. J'ouvre les yeux.

Le Geek Ultime (1. Genesis)Where stories live. Discover now