Les deux jours qui suivent se déroulent sans aucun encombre et sans la famille Mora-Gonzàles. Chad s'applique à tenir son engagement quant à faire découvrir à Phœbé son monde et pour cela, chaque matin, ils partent pour la ville, notamment pour chacun de ses recoins où se cachent des personnes très sympathiques.
En deux jours, la jeune femme n'a jamais autant ri et plus les jours passent, plus l'attirance qu'elle a envers Chad devient plus profonde que de la simple attraction. Ce dernier entreprend, d'ailleurs, de lui raconter chaque soir sur la falaise, une partie de sa vie et en échange, elle en fait de même. Pourtant, Phœbé sait pertinemment qu'il ne fait que tourner autour du pot, encore et encore, la prenant certainement pour une idiote. Mais c'est tellement bien. Si agréable de passer ses nuits avec lui alors qu'il est installé sur ses genoux, que ses doigts se promènent dans ses cheveux et que son magnifique sourire l'hypnotise inlassablement.
Et suivant des heures de bavardages, ils sautent pour rejoindre ce coin de paradis qu'est cette rivière phosphorescente. Les paroles de ses parents lui sont alors devenues plus claires surtout depuis qu'elle n'a plus peur de tomber, obligeant son vertige à s'éclipser.
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- Mía, lui souffle la délicieuse voix de Chad à l'oreille.
Phœbé grogne et lui tourne le dos avant de mettre un oreiller sur sa tête. Son rire secoue légèrement le lit et sa peau se couvre de frissons.
- Tu ne veux pas découvrir un peu plus de mon monde de psychopathe ?
Son ton moqueur la laisse facilement imaginer son grand sourire idiot.
- Laisse-moi... Je suis fatiguée...
- Ce n'est pas de ma faute si tu ne m'écoutes pas, Mademoiselle je veux faire un bain de nuit de deux heures à trois heures du matin.
- Est-ce un reproche ? marmonne la principale intéressée.
- Je n'oserai pas.
Ses lèvres embrassent voracement son cou et descendent jusqu'à son épaule, provoquant un frémissement tout le long de son corps.
- Laisse-moi dormir, ordonne la jeune femme de sa voix rauque par le sommeil.
- Très bien.
À ses mots, Phœbé laisse le sommeil l'envahir sauf qu'une nouvelle fois et des secondes plus tard, il vient la déranger, d'une désagréable façon. Il la saisit sur son épaule et l'entraîne dans la salle de bain où l'eau de la douche coule et avant de comprendre son plan, elle se retrouve sous l'eau froide. Un cri lui échappe par ce soudain changement de température et Chad s'éclipse rapidement en lui souhaitant une bonne douche. Si tel est son plan, il a parfaitement réussi : la voici de très mauvaise humeur.
- Holà, Phœbé ! la salue Natalia toujours parée de cet énorme sourire. Vous allez faire du sport ce matin ? continue-t-elle en la détaillant.
- Non, on va en ville.
- Ah. Réveil forcé ? se risque la mère de Chad.
La mine fermée, elle jette un coup d'œil à la Sud-Américaine qui se retient de peu de pouffer et rejoint Chad qui l'attend, appuyé contre un véhicule tout terrain à l'affreux design. Tout comme sa mère, il la détaille de haut en bas avec une brève grimace.
- Mon jogging te dérange ? Mon débardeur te dérange ? Mes baskets te dérangent ? Ma tenue te dérange ? lui demande-t-elle avec agressivité.
- Qui a dit une chose pareille ? raille Chad avant de lui ouvrir la portière.
- Sois gentil, va faire ton gentleman ailleurs, crache Phœbé. Un vrai homme ne fout pas une femme fatiguée sous l'eau froide.
- J'en suis un. J'ai commencé avec ma bouche, sourit-il. C'est toi qui n'as pas su tirer profit de cet avantage.
- Mais quel avantage exceptionnel, ironise-t-elle. Il est certain que meilleures affaires n'existent nulle part d'autre. Je regrette tant, finit-elle faussement déçue.
- Tais-toi et monte dans cette voiture, rit-il. Mon offre reviendra sur le marché très prochainement.
- Quelle joie de l'apprendre, se réjouit-elle en grimpant dans le véhicule. J'ai hâte que ce jour arrive. Maintenant, active. Plus vite on aura fini, plus vite je retrouverai mon lit.
Une expression fugace fait son apparition sur son visage, mais Phœbé décide de l'ignorer. Avec amusement, il rejoint la place conductrice et démarre, direction « La Plata » qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres de Buenos Aires, ville dans laquelle réside sa famille depuis des millénaires. Chad lui a expliqué qu'ils voyagent souvent, mais que la maison familiale est celle-ci. Cela justifie le nombre effarant de pièces.
À la suite de deux heures de route, le couple arrive à bout de ce trafic dense et atteint La Plata, réputée pour l'esthétique de ses rues, de sa cathédrale et de ses divers aménagements. Chad se gare au premier emplacement qu'il trouve et ils descendent de l'auto.
- Alors, on commence par quoi ? s'enthousiasme Phœbé en le rejoignant.
Il lui fait un simple clin d'œil et lui tend sa main qu'elle n'hésite pas à attraper.
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Cela fait maintenant une demi-journée que Chad et Phœbé se promènent dans ce fabuleux endroit et malgré tout ce temps passé debout, le sourire de la jeune femme ne démord pas. Actuellement, ils traversent lentement une somptueuse allée de Jacaranda, un arbre au feuillage à la sublime couleur de lilas. L'étudiante, admirative, s'éloigne de Chad et tourne sur elle-même avec un énorme sourire sur les lèvres.
- C'est magnifique, souffle-t-elle, émerveillée.
- Pas autant que toi...
- Arrête avec tes flatteries, rit Phœbé en portant cette fois-ci son regard sur le sol couvert de ces feuilles prune.
- Je n'ai pas parlé, assure Chad, attirant les yeux sceptiques de la jeune femme.
- Je t'ai entendu, avance cette dernière.
- À moins que tu ne lises dans...
L'alpha s'interrompt soudainement, inquiétant sa compagne qui fronce un peu plus ses sourcils.
- Lire dans quoi ? s'enquiert-elle.
- Rien, laisse tomber.
Malgré son scepticisme, elle n'insiste pas et ils finissent leur traversée à pas extrêmement lents.
- Tu ne veux pas faire les boutiques ? demande Chad alors qu'ils déambulent sans destination précise dans une avenue piétonne et commerciale.
- Je n'aime pas ça, Chad, soupire Phœbé. Je te l'ai répété au moins une dizaine de fois.
- Je choisis, tu mets, insiste-t-il.
- Tu as cru que j'étais une poupée ? l'interroge la Californienne.
Il hausse les épaules et Phœbé accepte tout de même en lui faisant bien comprendre son mécontentement dans un regard. Ils rentrent dans un magasin de vêtements dont la clientèle se compose uniquement de femmes, la faisant regretter son choix. Leurs yeux convoiteurs ne lui échappent pas, mais à Chad, oui, puisqu'il s'enfonce dans les rayons.
- Puis-je vous aider ? intervient une vendeuse dans sa langue maternelle en roulant les r plus qu'ils ne le sont déjà.
- Non, merci, répond Phœbé en espagnol sans masquer son agacement. Je suis certaine que nous allons parfaitement nous en sortir sans vous.
La vendeuse s'en va sans discuter et en marmonnant, Phœbé baisse la tête sur les vêtements, feignant ne pas remarquer le regard de Chad et se remerciant intérieurement de ne pas avoir dormi dans tous ses cours d'espagnol.
- Tu peux toujours me lécher le cou, plaisante-t-il. Ça marche étonnamment bien.
- C'est quoi ces conneries ? râle-t-elle en baladant ses doigts entre les différents vêtements.
- Si tu veux éliminer la concurrence, dit-il en lui faisant un clin d'œil. Ton odeur sur moi, continue-t-il en passant ses bras autour de sa taille ; ça peut donner quelque chose d'intéressant.
- Comme une sorte de marquage ? demande Phœbé, le sourcil arqué. Tu es vraiment un cinglé.
- Un cinglé qui n'appartient qu'à une seule femme et qui fait le serment de la protéger.
Irrémédiablement, ses pensées se tournent vers un de ses anciens rêves. Le pourra-t-il réellement ? Bien sûr, il n'y a aucun doute. C'est Chad après tout. Et un rêve reste un rêve. N'est-ce pas ?
- Viens voir, lui dit-elle sur le ton de la confidence.
Sa bouche s'approche de son oreille, prétendant le secret et à la dernière minute, ses lèvres se posent sur le bas de son cou et sa langue s'y promène avec gourmandise jusqu'à l'arête de sa mâchoire. Il retient avec peine un grognement sourd et à sa grande surprise, il frémit, provoquant chez elle un sentiment de fierté.
- Maintenant, dépêche-toi de choisir ces foutus vêtements, clame-t-elle en se dégageant de ses bras. Un antimoustique ne dure jamais éternellement.
Chad sourit et poursuit son cheminement entre les rayons avec cette petite lueur en plus dans l'œil.