La peur au ventre
Je sentis mes jambes me lâcher lorsque la balle toucha Aya à la cuisse. Elle hurla de toute sa voix et aussitôt une tâche de sang apparût sur son pantalon de pyjama clair, la tâche se mis à s'élargir rapidement.
- Non ! Aya...non..., s'exclama Alisha.
Le chaos qui régna me laissa complètement sans mot. Ils essayaient tous de l'aider à arrêter l'hémorragie et lui, ce fils de je ne sais quel diable souriait de toutes ses dents comme s'il assistait à la scène la plus hilarante de sa vie.
- Silence !, hurla-t-il en tirant en l'air. Taisez-vous tous, je ne veux plus rien entendre.
La pièce plongea subitement dans un silence tendue. Le seul bruit que l'on entendait étaient les reniflements d'Aya. Je me demandais comment cette histoire finirait. Un homme animé d'un sordide désir de vengeance qui prend la famille de son ex ami d'enfance en otage, c'est presque digne d'un film. Je me demandais également où se trouvait Asad, savait-il au moins ce qui se passait ici ?
A S A D
Deux jours plutôt
J'étais entré dans la salle de bain afin de répondre à cet appel. J'évitais de parler devant Maya sachant qu'elle ne ferait que s'inquiéter si elle découvrait ce qui est sur le point de se passer.
- Oui ?
- Monsieur, je sais ce qu'il prépare.
- Où es-tu ?
- Je suis en route pour la villa, il y a quelqu'un avec moi qui voudrait également vous voir.
- Très bien.
Je sortis de la chambre puis de la maison en essayant de ne pas me faire remarquer et me dirigeai vers le portail. Une quinzaine de minutes s'écoula avant que je ne vois la voiture de Youssef arriver. Il y avait quelqu'un d'autre avec lui et c'est seulement lorsque le véhicule se gara devant moi que je vis que c'était Zahra.
Ils descendirent tous les deux et vinrent à moi.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Je croyais que tu étais avec Arwan à présent.
- Je sais que tu me déteste, Asad...
- Oui, je confirme.
- Mais je dois te dire quelque chose, c'est très grave. Arwan prévoit de vous attaquer demain soir et c'est toi qu'il veut achever. Il viendra avec douze de ses hommes et ils seront tous armés.
- J'ai du mal à croire que toi, Zahra, qui a toujours eu une aversion pour les membres de ma famille, tu décides miraculeusement de les aider. Pourquoi devrais-je te croire ?
- Elle dit la vérité, monsieur, lança Youssef.
Il se sortit son téléphone et me montra des images. On y voyait des hommes qui entrait dans la maison des Davenport, puis ils étaient tous rassemblés autour d'Arwan.
- Je pensais qu'Arwan m'aimait, ajouta Zahra. Je croyais vraiment que tous ce qu'il m'a dit était vrai. Finalement j'ai découvert qu'il s'est juste servit de moi. Je me sens stupide.
Elle avait l'air sincère. Si cela est vrai alors cette fois-ci Arwan ne perd rien pour attendre. Cette histoire ne prendra fin que si l'un de nous périt. Il a déjà fait du mal à Sumaya et je n'ai pas été là pour elle, cela ne se reproduira pas.
- Tu as trouvé les informations que je t'ai demandé ?
- Oui, ils sont prêts à vous rencontrer. On peut y aller maintenant.
- Très bien, on a plus de temps à perdre. Et toi, ajoutai-je en me tournant vers Zahra, trouve un endroit où te cacher, quitte le pays si tu peux. Arwan ne te laissera pas vivre s'il découvre que tu l'as trahi.
Elle acquiesça et je montai dans la voiture avec Youssef.
Le moment est venu de me mesurer à toi, Arwan. Nous verrons bien qui sortira de ce déluge en seul morceau.
S U M A Y A
Mes yeux étaient rivés sur la grande horloge accroché au mur d'en face. Je comptais les minutes, les secondes. La peur qu'il se décide à tirer à tout moment ne me quittait pas puis soudain, cela est arrivé comme un déclic.
J'étais toujours dans cette sorte de sous-sol, Arwan était devant moi, il parlait toujours. Il venait de me raconter ce qu'Asad et lui ont fait quand ils étaient jeunes, j'étais tellement sous le choc que mes oreilles n'entendait plus aucun son mais maintenant je me souviens, je me souviens clairement de ce qu'il a dit à cet instant.
"Zeyan et Najma, je suis content que mon père les ait fait assassinés, Asad ne mérite d'éprouver aucune joie...".
- Qui sont Zeyan et Najma ?, demandais-je subitement.
Je sentis les regards se tourner vers moi.
- Quoi ?, répliqua Arwan.
- Zeyan et Najma, qui sont-ils ? Dans le sous-sol où tu m'as séquestré tu as dit que tu étais content que ton père les ait fait assassinés, tu te souviens ? Alors qui sont-ils ?
J'entendis Maríana étouffer une exclamation, mes beaux parents paraissaient on ne peut plus surpris.
- Zeyan et Najma...tu veux savoir qui ils étaient ? Et bien je vais te le dire avec joie. C'étaient les parents d'Asad.
- Quoi ?, dis-je d'une voix étranglée.
- Ton père a fait assassiner les parents d'Asad ?, interrogea Ziyad qui paraissait autant surpris que moi.
- En réalité, mon père était fou de Najma, la mère d'Asad, il voulait même l'épouser mais elle le détestait pour je ne sais quelle raison et mon père ne supportait pas cela. Il a voulu faire tuer Zeyan pour lui donner une leçon mais ça ne s'est pas passé comme prévu et ils sont morts tous les deux. J'ai entendu mon père en parler au téléphone il y a à peu près deux ans.
Il en parlait comme s'il s'agissait d'une vulgaire et banale anecdote trouvée dans un journal.
- Tel père, tel fils, n'est ce pas ?, m'écriais-je sans m'en rendre compte. Tu n'es qu'un sale lâche Arwan et je pense que même si Anna était toujours en vie, jamais elle ne voudrait d'une ordure comme toi.
Il me lança un regard noir et pointa son arme sur moi. Mon cœur se mit à battre à tout rompre mais je ne laissai rien paraître. J'avais une telle haine pour lui que ça devenait malsain.
Il appuya sur la gâchette cependant au moment de tirer, sa main a dévié vers Maríana, la balle lui traversa le ventre.
- Non ! Maríana...Maríana...
Mes mains se posèrent sur sa blessure pendant que mes larmes coulaient.
- Qu'est-ce que tu as fait ? Pou...pourquoi tu fais ça ?
- Parceque c'est drôle, ma belle. Tu ne trouves pas ?
- Si tu veux tuer quelqu'un alors...tue-moi...
- Asad tiens à toi plus que tout, je me ferai un plaisir de te tuer sous ses yeux, il ne faudrait pas qu'il rate ça.
Il se pencha vers Maríana et afficha une fausse expression de désolation sur le visage.
- Vous feriez mieux d'arrêter l'hémorragie sinon elle va se vider d'un moment à l'autre et ça serait dommage qu'elle meurt maintenant.
Sans réellement réfléchir, je retirai le foulard qui me couvrait les cheveux et le posai sur la blessure de Maríana. J'appuyai dessus en priant que ça suffirait à arrêter l'hémorragie. Elle devenait de plus en plus pâle.
Et puis d'un coup, ce fût le noir complet, toutes les lumières s'éteignirent.
- Qu'est-ce qui se passe, patron ?
- Qui a éteint ?
- George, Martin et Jaimy, allez vérifier ce qui se passe, ordonna Arwan à trois de ces hommes. Les autres vous restez ici et que quelqu'un allume une torche bon sang !
Je sentis soudainement une main sur ma bouche avant de me sentis entraîner vers un autre endroit.
- C'est moi, Asad, murmura-t-il, et je sentis ses mains sur mes épaules.
- Asad...
J'essayais de trouver son visage dans le noir. Je le serrai dans mes bras en m'agrippant à son cou.
- Je vais compter jusqu'à trois, il faudra que tu sortes d'ici le plus vite possible, ne t'inquiète pas pour les autres, je m'en occupe.
- Non...je reste moi aussi, je veux rester avec toi...
- J'ai besoin de te savoir en sécurité, Askim...par pitié fais ce que je te dis. Il te suffit de suivre le couloir, il y a une sortie au fond.
- Asad...
- Cours et ne te retourne pas. Un...deux...trois !
Mes mains le lâchèrent, je m'élançai vers l'inconnu...
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