Stress and anxiety
- Salam Aleykum, dis-je simplement.
Asad, qui m'observait depuis mon arrivée, se leva et vint vers moi. Il m'embrassa sur le front, à ma grande surprise. Je tremblais presque de honte.
- Aleykum Salam, Aşkim, répondit-il.
Il se tourna à son père, Hamid.
- Tu veux leur dire ?
Hamid se leva à son tour, marcha dans ma direction. Il me prit la main et me regarda avec tendresse.
- Asad va épouser Sumaya, annonça-t-il d'une grande voix. Si l'un d'entre vous est contre cet union, que cette personne garde son avis pour elle-même. La discussion est close.
Un long silence tomba. J'ai cru pendant un instant qu'Alisha allait faire une scène, m'insulter et me dire que je n'étais pas assez riche et éduquée pour faire partie de cette famille. Tout le monde sait qu'elle me hait. Contre toute attente, elle se leva et quitta la pièce.
Un sifflement retentit. Ziyad se mit à applaudir, ce qui me fit rire. Il était toujours là pour détendre l'atmosphère.
- Enfin ! Je pensais que ce jour n'arriverait jamais, s'exclame-t-il.
- Viens t'asseoir près de moi Sumaya, répliqua Hamid.
Je pris place près de lui alors qu'il me tenait toujours la main. J'aimais beaucoup Hamid, il était le père que je n'avais pas eu.
- Vous avez prévu une date ?, questionna Aya.
- Le plutôt possible, lui répondit Asad. Pourquoi pas dans deux semaines ?
- Je vois que monsieur est pressé, lança Ziyad malicieusement.
Asad le gratifia d'un regard de travers.
- Où est donc ta famille ?
Mes yeux se tournèrent vers Salim qui était resté silencieux depuis le début. Il n'a pas pu s'empêcher de me lancer une pique.
- Bonne question, appuya Zahra. Une future mariée doit être accompagnée de ses parents ou d'un tuteur. Où sont les tiens ?
Elle avait réussi à me toucher. Parler de ma famille qui s'était disloquée, c'était dur.
- Ma mère est décédée, il n'y a pas si longtemps. Mes deux sœurs vivent au Canada. Mon père est...il est parti. Je suis seule ici.
- Je veillerai personnellement à ce que tes sœurs soient là à la cérémonie, assura Hamid. J'essaierai de parler à ton père pour...
- Ce n'est pas la peine papa, intervint Asad. Je lui ai déjà téléphoné...
Je le regardai soudainement, me posant un millier de questions. Asad avait-il réellement parlé à mon père ? Celui même qui ne voulait plus entendre parler de nous ? De moi ?
- Il m'a donné la permission d'épouser Sumaya.
Je savais qu'il mentait. Je connaissais mon père, il n'aurait jamais dit une telle chose, j'en étais certaine.
Pendant tout le reste de la soirée, nous avons discuté des préparatifs de la cérémonie. J'ai ignoré toutes les remarques désobligeantes de Salim et sa femme, ils ne sont pas mieux qu'Alisha mais je ne me laisserai plus faire.
***
Tard dans la soirée, Asad me ramena chez moi.
- La soirée s'est plutôt bien passée.
- Oui. C'est un miracle que ta mère ne m'ait pas insulté.
- Mon père l'a menacé avant ton arrivée. Il ne voulait aucune scène. Il voulait que tu sois accueillie comme sa belle-fille.
- C'est tellement gentil de sa part.
- Hum...il t'apprécie beaucoup.
- Tu as réellement parlé à mon père ?
- Oui. Il m'a donné sa permission...
- Dis-moi la vérité Asad, s'il te plaît.
Il hésita un instant, ne voulant sûrement pas me briser le coeur. Il ne savait pas tout ce que j'avais traversé à cause de mon géniteur. Rien ne pouvait me surprendre venant de lui.
- Il a dit qu'il n'avait pas de filles et que je pouvais faire ce que je voulais.
- Je m'en doutais.
- Je suis sincèrement désolé Aşkim. Je ne voulais pas te voir triste alors je t'ai caché cela.
- Je ne suis pas triste Asad. Je savais déjà à quoi m'attendre.
Il attrapa ma main et embrassa mes doigts. Le reste du trajet se fit en silence.
Chez moi, je pris une douche et me changeai avant d'envoyer un message à Khadija, lui annonçant la nouvelle. Ce n'est pas le genre de chose qu'on annonce par message mais je n'avais vraiment pas l'énergie de l'appeler et de subir un interrogatoire interminable de sa part. Je me réconfortais en me disant qu'elle serait bientôt là, avec Amina. Nous serions enfin réunies.
***
J'entendis de gros coups à ma porte. J'ai sauté de mon lit, couverte d'un drap et armée d'un petit couteau qui traînait sur la table, je suis allée ouvrir.
- N'oses même pas me dire que tu n'es pas encore prête !
- Marìana ? Mais...
Elle me poussa presque et entra à l'intérieur, suivie d'une autre femme qui m'était inconnue. Je cachai discrètement le couteau et les rejoignis dans mon salon.
- Qu'est-ce qui se passe Marìana ? Tout va bien ?
- Bien sûr que non ! Nous avons un milliard de choses à faire, tu te maries dans six jours et...
- Je te demande pardon ? Dans six jours ? Non tu fais erreur, on a prévu le mariage dans deux semaines.
- Asad a changé la date, il m'a chargé de m'occuper de tout. Je te présente Nancy, elle va t'aider pour les préparatifs.
Elle parlait si vite et de tellement de choses à la fois que j'en ai eu mal au crâne. Je suis allée dans ma chambre. Il fallait que je parle à Asad. Pourquoi avait-il fait cela ?
Comme si je n'étais pas assez anxieuse comme ça !
Le téléphone sonnait dans le vide pendant plusieurs secondes. Il a finalement décroché au dernier moment.
- Oui ?
- Asad, c'est moi. Il faut qu'on parle. Pourquoi as-tu...
- Excuses-moi Aşkim, je suis très occupé pour l'instant.
- Asad...
- Je te rappelle plus tard.
Il avait raccroché.
Sur le coup, je n'ai pas réellement eu de réactions. Je ressentais une boule de stress au creux du ventre.
Je m'habillai et acceptai de suivre les ordres.
***
La semaine avait été très pénible pour moi, sûrement la semaine la plus intense de ma vie. Comparés à ça, mes examens de fin d'année ressemblaient à des vacances à la plage. Il y avait tant de choses que je devais faire. Alisha n'a pas voulu nous aider mais heureusement j'ai pu compter sur l'aide des autres membres de la famille, sauf Zahra et Salim. Amina et Khadija ne pourraient pas être là avant demain, elles avaient eu un petit soucis à l'aéroport.
Devant moi était placé un portant sur lequel étaient accrochées une multitude de robes que je devais toutes essayer.
- Celle-ci te va à merveille, s'exclama Anna.
Je me tournai vers Thérésa et Marìana, assises sur le sofa.
- Je suis d'accord, appuya Thérésa.
- Tu ne dis rien Sumaya, elle ne te plaît pas ?
- Tu as eu des nouvelles d'Asad ?, lui demandais-je anxieusement.
Asad était en déplacement à Dublin. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis cinq jours.
- Je suis navrée, j'ai essayé de l'appeler également.
- Pourquoi suis-je obligée de faire tout ça ? Toutes ces robes, ces protocoles qui n'en finissent pas !
Alisha entra dans la pièce. Je me suis installée au manoir il y'a trois jours. J'ai juste repris mon ancienne chambre située dans l'aile des employés, je m'y sens la bienvenue.
- Nous ne sommes pas n'importe quelle famille, pauvre fille ! La famille Aslaniya est l'une des plus influentes de tout Nottingham. Tous ces protocoles et ces conventions, tu devras t'y habituer.
- Je n'épouse pas votre famille, c'est Asad que j'épouse.
- Tu vas porter son nom ! C'est la même chose. Mais peut-être est-il encore possible d'espérer que ce mariage n'ait pas lieu. Asad est injoignable, il a peut-être réalisé la grossière erreur qu'il allait faire en épousant une femme de basse classe.
Elle tourna les talons et ressortit du salon.
- N'écoutes pas cette mégère, lança Anna.
- Tout ira bien Sumaya, aies confiance.
Et si elle disait vrai ?
Asad aurait-il changé d'avis ?
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