Broken heart
En me réveillant de ma petite sieste improvisée, je me sentais un peu mieux même si mes mains tremblaient toujours. J'ai vu une grosse boîte au pied de mon lit. Je l'ai ouvert et y vis une robe.
Elle était parfaitement à ma taille. Il n'y avait aucun mot mais je devinais facilement que c'était de la part d'Asad. Je me suis rapidement habillée, le gala avait déjà commencé. J'enfilai les escarpins blancs qui étaient au fond de la boite et me maquillai simplement. Je mis mon foulard et me parfumai légèrement avant de quitter ma chambre. Je voulais voir Asad et lui parler de ce qui s'était passé. Il n'était pas dans sa chambre. Je me rendis alors à la salle de réception. Elle était déjà remplie de monde, des hommes et des femmes qui étaient tous sûrement des businessmen fortunés. Un podium, sur lequel jouait un orchestre, avait été installé. Je regardais autour de moi, espérant le voir. Il était là, entouré de plusieurs hommes. Je lui fis un signe de la main. Ses yeux me regardèrent un bref instant. Il m'avait ignoré. Je n'ai pas compris pourquoi. Quelqu'un m'attrapa par le bras. Je sursautai, encore traumatisée par les événements de cette fin de journée. C'était Marìana.
- Mi cariña qu'est-ce que tu es belle !
- Merci, Marìana.
- On dirait une princesse !
Je rigolai suite à sa phrase et la musique s'arrêta d'un coup. Asad s'avança au milieu de la salle, un micro entre les mains.
Mon cœur battait à une allure folle. Il m'a dit qu'il annoncerait à sa famille qu'on souhaitait se marier cependant les événements de ces derniers jours ont mis un gros doute en moi. Je ne sais pas à quoi m'attendre et cela m'effraie.
- J'espère que vous passez tous une bonne soirée ?
Des applaudissements retentirent.
- J'aimerais profiter de ce gala pour faire une annonce. J'ai rencontré une femme magnifique il y'a quelques mois. Je ne sais pas si le concept d'âmes-sœurs existe véritablement mais je sais que je suis fou d'amour pour elle. C'est avec elle que je souhaite passer le reste de ma vie.
Il tendit le bras dans ma direction. Je n'arrivais pas à croire qu'il l'ait fait. Je fis quelques pas pour le rejoindre. Brutalement, je fus écartée du chemin par une femme. Elle alla vers Asad et se jeta dans ses bras.
- Je vous présente Yelena, ma future femme, annonça Asad.
Une grosse salve d'applaudissements retentit de nouveau, cachant mon incompréhension. Cette jeune femme portait exactement la même tenue que moi, la même robe, les mêmes chaussures. Elle posa ses lèvres sur celles d'Asad et s'accrocha à son bras. Mes pensées se bousculaient violemment dans mon esprit. Je croyais m'évanouir à un certain moment. Je regardais autour de moi, espérant que quelqu'un m'explique ce qui se passait. J'ai vu Alisha, elle me souriait joyeusement. J'en étais sûre, c'était elle.
Je décidai d'aller voir Asad, il me devait des explications. Où sont passées toutes ses belles promesses ? Avait-il fait semblant pendant tout ce temps ?
Je marchai d'un pas ferme vers lui. Une forte poigne m'attrapa par le bras. C'était Salim. Il me força à le suivre hors du manoir et là, il me poussa de toutes ses forces sur l'allée bétonnée. Je tombai telle un insecte qu'on pulvérisait d'insecticide, me faisant mal à la cheville.
- Tu pensais réellement qu'Asad épouserait une vulgaire employée de rien du tout ? Tu es vraiment stupide.
- Laissez-moi le voir...
- Hors de question, n'y pense même pas.
- Vous n'avez pas le droit.
- Regarde autour de toi. Tout ce que tu vois nous appartient. Tu n'es rien et tu ne peux rien contre nous. Asad va épouser Yelena. Personne ne l'a forcé, il a pris cette décision de lui-même, c'est l'ordre naturel des choses.
- Vous mentez !
- Gardes !, cria-t-il.
Les deux gardes de l'entrée arrivèrent et se placèrent près de lui.
- Ne laissez pas cette femme entrer dans le manoir.
Il retourna au gala, me laissant seule avec eux. Je me relevai péniblement, ma cheville me faisait mal. Une employée sortit de la porte de derrière et me tendit ma valise.
- J'ai rangé toutes vos affaires, m'informe-t-elle.
Elle repartit ensuite. Après ce qui me sembla être cinq minutes, postée là telle une autruche face à ces hommes qui auraient pu me briser en un seul coup, je décidai de m'en aller. Je ne verrai certainement pas Asad aujourd'hui. Je quittai le manoir en marchant lentement, ma cheville me faisait atrocement mal. Je retirai les escarpins à talons que je portais et les lançai sur l'herbe. Pieds nus, j'arrivai sur la route. Il faisait sombre et aucun taxi n'avait l'air d'être à l'horizon. De toute façon, où aurais-je pu aller ? Ma résidence étudiante n'est pas encore ouverte. Thérésa héberge déjà Leyla. Je ne peux pas me permettre d'encombrer sa maison de ma présence. Un tsunami de larmes ruissella sur mes joues. Je me sentais pire qu'un déchet. Mon cœur avait été tellement blessé et martyrisé.
Alors que j'étais au sommet de la montagne du désespoir, une voiture s'arrêta près de moi. La vitre se baissa et j'aperçus la tête de Ziyad.
- Montes, il va bientôt pleuvoir.
Je montai à l'avant après avoir rangé ma valise dans le capot. Il démarra précipitamment, sans faire attention à mes joues humides et mes yeux bouffis. Je n'ai jamais autant pleuré en une seule journée.
- Je t'emmène où ?
- Je ne sais pas, répondis-je d'une voix enrouée.
- Sumaya, je suis...
- Ne dis rien, je t'en prie.
Il acquiesça et me regarda avec peine. Je savais déjà ce qu'il allait dire. Il allait me dire qu'il était désolé de ce qui s'est passé et qu'il m'avait prévenu. Je ne voulais plus entendre aucun mot.
Le véhicule se gara devant un building. C'était un hôtel et je présume d'ores et déjà que c'était un hôtel luxueux.
- Je ne suis pas sûre de pouvoir me permettre de rester ici.
- Ne t'inquiètes pas, je gères.
Il descendit et me demanda de le suivre. A l'accueil, je restai un peu en retrait et le laissai parler avec la dame. Une vingtaine de minutes s'écoula lorsqu'il vint à moi en me tendant une carte.
- Ta chambre se trouve au septième étage. Tu veux que je t'accompagne ?
- Non...non, merci. Tu en as assez fait.
- Tu peux rester aussi longtemps que tu veux et si tu as faim, il te suffit d'appeler le room service.
- D'accord.
- Tu as besoin d'autre chose ?
- Non, ça ira. Merci beaucoup Ziyad. Je te revaudrai ça.
- Ce n'est rien Sumaya. J'essaie de me faire pardonner la façon dont ma famille t'a traité.
- Merci.
Il sortit de l'hôtel et je me dirigeai vers l'ascenseur en direction de ma chambre. A l'aide de la carte, j'ouvris la porte et clignai plusieurs fois des yeux afin de m'assurer que c'était réel. Il s'agissait d'une chambre magnifique.
Je posai ma valise dans un coin et refermai la porte à clé. Habillée d'un gros t-shirt bien large, je me couchai sur le lit en sachant que je ne réussirai pas à dormir cette nuit.
Pourquoi a-t-il fallu que je tombe amoureuse d'Asad Aslaniya ?
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