Je lui tourne autour tel un lion guettant sa proie
Le plan de travail était dans un état chaotique. Les enfants avaient insisté pour qu'on fasse des cookies. Je n'ai pas pu le leur refuser mais j'avais pris des précautions pour éviter qu'Alisha me crie dessus devant toute la famille. Elle était sortie. Nous ne prenions aucun risque.
- Aya a besoin de toi en haut, m'annonça Anna.
- Très bien, tu peux surveiller les enfants un instant ? Je reviens.
Je me suis essuyée les mains et suis montée à l'étage. Je m'étais directement dirigée à sa chambre, croyant qu'elle y serait. Elle n'y était pas. J'avais l'intention de rebrousser chemin lorsque je vis les portes de l'ascenseur ouvertes. Elle était peut-être au deuxième ?
Je suis allée au deuxième. J'entendais des rires en marchant dans le couloir. Ils venaient d'une pièce près de la bibliothèque. J'ai toqué et la voix d'Aya me permit d'entrer.
La pièce était un salon sublime, pas aussi grand que celui d'en bas mais tout de même magnifique.
Aya était assise avec deux autres jeunes filles de son âge. Elles étaient bien apprêtées.
- Anna m'a dit que tu avais besoin de moi.
- Oui, viens assieds-toi.
Je prends place près d'elle sous le regard hautain des deux jeunes filles. Elles m'observaient d'une manière dédaigneuse et presque méchamment. À côté d'elles, je ne ressemblais à rien avec mon tablier couvert de farine que j'avais oublié d'enlever.
- J'ai fait du shopping avec Mélissa et Sabrina. J'ai besoin de ton avis. Le jaune ou le noir ?
Elle tenait deux sacs à main. L'un était jaune et l'autre noir. Elle les faisait balancer devant mes yeux. Ils étaient tous les deux très beaux.
- Attends une petite minute !, s'exclame l'une des filles. Tu l'as fait venir pour te donner son avis ?
- C'est une servante ! Qu'est-ce qu'elle en sait des sacs de marques ?, ajouta l'autre.
Je vis le sourire sur le visage d'Aya disparaître peu à peu. Elle déposa les deux sacs sur la table basse.
- Sumaya est mon amie, je lui demande tout le temps son avis.
- Aya, si tu veux traîner avec nous, tu dois faire un tri dans ta liste d'amis. On ne batifole pas avec des employés.
- Tes amies ont raison, lança une voix.
Zahra venait d'entrer. Elle se mit derrière Aya et posa ses mains sur ses épaules tout en me jetant un regard assassin.
- Tu dois faire un choix. L'employée ou tes amies ?
J'avais de la peine pour Aya. Elle était encore une petite fille dans sa tête, très influençable.
- Ne te donnes pas cette peine Aya, je m'en vais.
Je me levai et me dirigeai vers la sortie.
- Au fait, je préfère le sac jaune, ai-je dit avant de passer le pas de la porte.
J'avais été touchée, blessée aussi mais je n'en voulais pas à Aya. Je savais que c'était un choix cornélien pour elle. Elle vient tout juste de goûter à la liberté. Sa mère refusait qu'elle sorte avec ses amis. Je n'allais sûrement pas lui gâcher ce plaisir.
De retour dans la cuisine, je terminai la pâte des cookies et les enfournai. Une fois cuits, je les laissai refroidir sur le plan de travail. Nuria et Ayman étaient allés prendre leur douche. Pendant ce temps, mes pas s'étaient orientés du côté de la bibliothèque. C'est assurément mon endroit préféré de la maison. Elle était vide, comme d'habitude lorsque j'y entrai. Mes doigts frôlaient les livres alors que je passais près des rayons. J'ai pris un livre au hasard: Percy Jackson, le voleur de foudre.
Je souriai bêtement, heureuse de ma trouvaille. J'ai déjà regardé le film sauf que la plupart du temps, il y'a une grande différence entre la version cinématographique et le livre en lui-même.
En me retournant pour aller m'asseoir, je sursautai de tout mon corps en voyant Asad.
- Vous voulez que je fasse une attaque ?, m'écriais-je en posant la main sur mon coeur.
Il souria légèrement.
- Je savais que vous seriez ici.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Je ne sais pas.
Le silence était retombé. Nous étions en train de nous regarder sans mots dire. Il leva lentement son bras et sa main sur posa sur ma joue qu'il caressa tendrement. J'aurais dû le repousser, je le sais mais je n'ai rien fait. Ses doigts se glissèrent derrière mon oreille, mon foulard était mal attaché. Je me surpris à fermer les yeux à son toucher qui était étrangement agréable.
- Vous le sentez vous aussi ?
Revenant à la réalité, je me détachai de lui, honteuse de m'être laissée faire.
- Vous sentez cet aimant qui nous attire l'un à l'autre ?
- Non.
- Vous m'avez laissé vous toucher alors que je suis sûre qu'en tant normal, vous ne laisseriez aucun homme le faire.
Il avait raison. Je me suis laissée faire alors que n'était pas du tout dans mes habitudes. C'était le premier homme étranger avec qui j'ai eu une telle proximité.
Mais quelle idiote !
- Je suis sensé rester loin de vous parceque votre présence me trouble mais à chaque fois je finis par revenir vers vous.
- Ne vous jouez pas de moi Asad. Qu'est-ce que vous essayer de faire ?
- J'ai du mal à m'éloigner Sumaya. Même si j'essaye de toutes mes forces, je finis par vous chercher à chaque fois. Je sais que c'est malsain.
- Que voulez-vous de moi ?
- J'ai juste besoin de votre présence.
- Vous l'avez dit vous-même, c'est totalement malsain de faire ça. Ce n'est pas bien.
- Vous travaillez ici, nos chemins se croiserons tôt ou tard.
Il tourna les talons et s'en alla. Près du mur, je me laissai tomber contre celle-ci, complètement déconcertée. Je sais que j'ai dis que je voulais lui venir en aide afin de l'aider à guérir. Je ne le nie pas. Toutefois, étais-je prête à prendre le risque de me retrouver constamment avec lui sachant que sa simple présence me perturbait et qu'il pouvait faire une crise à nimporte quel moment ? Le fait qu'on se cherchait l'un l'autre, sans forcément le faire exprès, n'était bon ni pour lui, ni pour moi, encore moins pour moi.
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*Aya en média