*À partir de maintenant, gardez à l'esprit que les dialogues seront en anglais. Je traduis directement pour vous éviter cette peine.
Saisis l'opportunité
Je venais de poser les pieds hors de l'aéroport. Je regardais autour de moi avec les yeux d'un enfant à qui on faisait découvrir un nouvel endroit. Un vent froid fouetta mon visage.
Il me fallait un taxi.
Je vis un homme accoudé sur une voiture noire, couleur typique des taxis en Angleterre.
Je me dirigeai vers lui avec mes deux grosses valises et mes deux sacs à main.
- Excusez-moi !
Il se retourna et me souria légèrement.
- J'aimerais un taxi s'il vous plaît.
- Où allez-vous ?
- Université Nottingham.
- Montez je vous en prie. Laissez-moi prendre vos valises.
Je le regardai ranger mes valises dans le coffre avant de monter dans le taxi. Ça me fit bizarre de me dire que c'étaient finis les marchandages et négociations avant de prendre un taxi. Ici, on paye ce qui s'affiche sur le compteur.
- C'est pour les études ?, questionna-t-il.
- Oui.
- Laissez-moi deviner, vous faites du droit ?
- Comment avez-vous su ?, demandais-je étonnée de la précision de sa réponse.
- Les étudiants en droit aiment bien cette université. J'imagine que ça va être dur de vivre loin de votre famille.
- Oui mais j'y arriverai.
- Votre accent est magnifique. Vous venez d'où ?
- Du Sénégal.
- C'est vrai ? Ma femme rêve d'aller là-bas en vacances. Elle aimerait visiter le Lac Rose. D'ailleurs, il est vraiment rose ?
Je rigolai face à sa question digne d'un scientifique sceptique.
- Cela dépend de la période où vous irez .
Le long du trajet, il m'expliquait le fonctionnement de la ville. Il m'a prévenu que je trouverais la nourriture anglaise peut-être trop fade et que le temps ici allait me faire regretter le beau soleil du Sénégal. Le temps était grisâtre quasiment toute l'année.
Au bout de la route qui m'a semblé éternelle, une gigantesque bâtisse se dressait sous mes yeux. C'était l'université de Nottingham. Elle était magnifique. Architecture à l'ancienne, une surface verte de gazon qui me semblait infinie, l'ambiance qui me ramenait quelque part dans un passé lointain, j'aimais tout de cet endroit.
Pleinement concentrée à contempler les lieux, je ne remarquai pas le chauffeur qui avait déjà descendu mes valises.
- Mademoiselle ?
- Oui...oh je suis vraiment désolée !
- Ce n'est pas grave. C'est un endroit très beau.
- Oui, je confirme.
Je sortis mon portefeuille et lui donnai la somme que je lui devais. Je le remerciai ensuite et suivit l'allée vers le campus. La bourse comprenait également un logement, une chambre m'était octroyée dans une des résidences étudiantes. J'étais aux anges à ce moment.
Je suis arrivée à l'accueil et me suis présentée.
- Sumaya S***, je suis boursière.
Je sortis tous les papiers et les montrai aux deux jeunes femmes devant moi. L'une d'elles me demanda de signer sur une sorte de registre et me tendit une clé.
- Il y'a un ascenseur au fond du couloir.
- Merci.
Je suivis la direction qui m'avait été indiquée et arrivai à ma chambre. Je fus complètement bouche bée en y entrant.
Je ne pouvais pas espérer mieux, vraiment pas. Je me laissai tomber sur le lit et souriai sincèrement. Travailler dur, ça paye.
***
Cela faisait bientôt une semaine que j'étais là. J'étais arrivée plus d'un mois avant le début des cours. Il fallait que je trouve quelque chose à faire de mon temps libre, je ne me voyais véritablement pas dormir toute la journée sans le moindre but.
Je m'étais mise en tête de trouver du travail. J'avais fait imprimer plusieurs exemplaires de mon CV avant de m'habiller de la manière la plus présentable possible.
J'avais pris le tramway jusqu'au centre ville où je marchais à la recherche de nimporte quoi qui puisse me convenir. J'étais entrée dans une librairie.
- Désolé, on ne recrute pas pour le moment, me répondit la dame de l'accueil après que je lui ai expliqué la raison de ma présence.
- D'accord, merci.
Je sortis du magasin un peu découragée. C'était ma première tentative, je dois continuer.
18h22
Cela faisait des heures et des heures que je marchais. J'avais été refusée dans tous les magasins où je suis entrée.
Désolé, on ne recrute pas en ce moment.
C'était la même réponse à chaque fois. Je m'étais résignée à arrêter pour aujourd'hui et à rentrer.
À la résidence, je me dirige directement à la cuisine de notre étage pour réchauffer le plat que j'avais préparé hier et retourne dans ma chambre.
Les résidences étaient divisées en étages. À chaque étage, il y'avaient deux chambres rattachées par une cuisine commune. Pour l'instant je suis seule à cet étage, mais je pense que ma colocataire va bientôt arriver. La résidence était réservée aux femmes.
Les deux jours qui ont suivis, la même routine me collait à la peau. J'allais faire des courses, je cuisinais, je lisais dans ma chambre et continuais à ranger mes affaires. Je n'avais toujours pas trouvé de travail, je ne perdais pas espoir.
J'étais sortie vers dix-huit heures. Le temps était assez agréable pour la petite frileuse que j'étais. J'avais décidé de me promener aux alentours de la résidence. J'étais entrée dans une petite supérette qui faisait un peu tâche dans cette grande ville où tout était imposant. C'était la troisième fois que j'y venais.
- Bonjour mademoiselle ! Puis-je vous aider ?, me demanda la jeune femme avec un fort accent espagnol que je trouvais magnifique.
- Bonjour, j'aimerais un paquet de mouchoirs s'il vous plaît.
- Vous avez trouvé du travail ?
- Non, pas encore.
- La dernière fois que êtes passé, j'avais oublié de vous le dire. Ma tante travaille en tant que gouvernante dans une maison un peu à l'écart de la ville. Je l'ai entendu dire qu'ils étaient à la recherche de main-d'œuvre.
- C'est vrai ?
- Je l'appelle si vous voulez...
- Oui, bien sûr.
Elle sortit son téléphone, tapota dessus et colla l'appareil à son oreille. Quelques secondes plus tard, une conversation en espagnol débuta entre elle et la dame à l'autre bout du fil. J'arrivais plus ou moins à saisir le sens de ses paroles. L'espagnol était la langue que j'étais en train d'apprendre. Elle a l'air facile mais la conjugaison est exceptionnellement compliquée.
- Sì. Gracias tìa !
Elle raccrocha.
- Vous avez de quoi écrire ?
- Oui hum...pourquoi ?
- Elle m'a envoyé un numéro. Appelez et dîtes-leur que vous êtes intéressé par l'offre d'emploi.
- D'accord. Je vais noter tout ça.
Je recopiai le précieux numéro en faisant attention de ne pas me tromper sur les chiffres.
- Merci beaucoup...
- Thérésa.
- Enchantée, moi c'est Sumaya. Merci infiniment.
- Contente d'aider.
Je pris mes mouchoirs et rentrai à toute vitesse à la résidence. Dans ma chambre, je retire rapidement mes chaussures et me jette sur le lit, le téléphone à la main. Je composai le numéro et attendis que quelqu'un décroche.
- Allô ?
-...
Mon cœur s'affolait en entendant cette voix ferme.
- Allô ?
- Oui allô ?
- Qui est-ce ?
- Bonjour madame, en fait j'ai eu vent de votre offre d'emploi et je me demandais si je pouvais toujours postuler.
- Vous êtes disponible maintenant pour passer à la maison ?
- Oui, oui bien sûr.
- Très bien, je vous envoie l'adresse. Apportez votre CV.
- D'accord, merci.
Je raccrochai et sautillai sur place. Il y avait tellement d'espoir dans mon petit coeur.
J'enfilai en un éclair mes chaussures et me regardai une dernière fois devant la miroir.
J'étais présentable.
Je pris mon sac et mes clés et courus prendre un bus.
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