A tous cœurs vaillants...

By dituogr

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Asad était en train de frapper le mur en béton. Ses mains étaient en sang. Il cognait de toutes ses forces. ... More

Avant-propos
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By dituogr

Une lumière surgit de l'inconnu








J'étais rentrée chez moi complètement dépitée. Par chance, ma mère n'était pas encore allée travailler. Je l'ai trouvé dans la cuisine, en train de préparer son petit-déjeuner.

- Sumaya ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'as pas cours ?

- J'ai été renvoyé mama...

- Quoi ? Comment ?

- Ils ont dit que j'ai trois mois d'arriérés et si je ne paye pas avant une semaine, je serais définitivement expulsée. Je ne pourrais pas passer mes examens.

- Je ne comprends vraiment pas.

- Moi non plus ! Papa ne t'a rien dit ?

Elle se contente de hocher négativement la tête en silence. J'avais oublié qu'il ne se parlait plus ou du moins rarement.

- Appelles-le et demandes-lui.

Elle part ensuite à sa boutique et je referme la porte derrière elle. J'étais seule à la maison. Sans hésiter, je prends mon téléphone et appelle mon père.

Ça sonne dans le vide, il ne décroche pas.

J'essaie à nouveau. Pareil, il ne décroche pas.

Il dort ? Non !

Je fais une autre tentative, il décroche enfin.

Alléluia !

- Allô ?

- Oui papa, c'est moi...

- Sumaya ? Qu'est-ce que tu veux ?

- J'ai été renvoyée aujourd'hui. Le directeur a dit que j'avais trois mois d'arriérés. Je ne comprends pas.

- ...

- Papa ? Tu es là ?

Il était resté silencieux. J'avais peur de la suite.

- Dalanda devait aller voir sa famille en urgence, je lui ai acheté un billet d'avion...

Dalanda était le prénom de la deuxième femme de mon père.

J'étais...abasourdie...je n'ai jamais été autant sans mots de toute mon existence, tout simplement sans voix.

- Ta mère n'a qu'à se débrouiller pour payer les mois d'arriérés.

- Tu te moques de moi ? Le fait d'avoir réduit l'argent de nos dépenses de moitié ne t'a pas suffit maintenant tu veux me priver de ma scolarité ?

- Baisse d'un ton !

- Non ! Tu t'es moqué de nous pendant trop longtemps papa. Maman galère à joindre les deux bouts et tu veux qu'elle paye une dette que tu as causé ! Tu...tu...

J'étais sur le point de l'insulter alors j'ai raccroché et j'ai crié de toutes mes forces. Je tremblais de colère et de rage.

Je priais que tout cela ne soit qu'un vulgaire cauchemar. Il n'a quand même pas osé faire ça.

Il a acheté à Dalanda une villa. Nous, on vit dans un petit appartement de trois chambres. Dalanda roule en BMW. Ma mère se coltine une petite Ford qui tombe en panne tous les mois.

Oui d'accord il aime quelqu'un d'autre. D'accord, il a décidé de construire son avenir avec elle mais un peu de respect ce n'est pas trop demandé ! Ce n'est pas juste qu'il ait tout bonnement décidé de jeter nos droits à la poubelle. Ce n'est pas juste.

Après avoir saccagé ma chambre, j'ai pris mon téléphone et mes clés avant de sortir de la maison.

J'étais en train d'étouffer, il me fallait de l'air.

Je marchais sur la route, prête à prendre un bus direction l'inconnue lorsque mon téléphone se mit à sonner. C'était Driss.

- T'es où ?

- Non loin de mon quartier, je vais prendre le bus.

- Bouge pas !

Je m'assois sur un banc et décide de l'attendre. Il se pointe une quarantaine de minutes plus tard et me klaxonne.

- Explique !, s'exclame-t-il après que je sois montée.

- Il a acheté un billet d'avion à sa femme pour qu'elle aille voir sa famille en Guinée.

- Jure ?

- J'ai l'air de rigoler ?

Au bout d'une bonne minute de silence. Il démarre la voiture et roule vers ce qui me semble être la plage. Il se gare sur le parking et ouvre les fenêtres.

Un air frais venant de la mer a très vite envahi l'espace. J'ai respiré profondément en calant mon dos au siège et subitement, mes larmes ont émergé.

Je me sentais...tellement mal.

J'avais le sentiment d'être moins que rien, un déchet qui traînait sur une route et que les gens décidaient de piétiner.

- Tu es forte Maya, ne laisse personne te faire sentir le contraire. Quant à ton père...je me retiens de l'insulter.

- Il a gagné de toute façon...je....je vais être renvoyée. Je ne pourrais jamais obtenir ma bourse si je ne réussis pas ma licence.

- Le directeur a précisé la somme à payer ?

- Il a dit "trois mois d'arriérés". J'imagine que ça doit être dans les alentours de trois cents mille.

Je me tiens la tête après avoir longuement expiré. Ma mère ne pourra jamais réunir un montant pareil.

- Je peux te payer ça...ai-je entendu.

Pendant un bref instant, j'ai réellement cru avoir halluciné. C'était impossible que j'aie véritablement entendu cela.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ?

- Je peux payer ça. Retrouve-moi à sept heures devant la caisse de l'école...

- Non !

Il m'a regardé en clignant des yeux.

- Il est hors de question que je te laisse débourser une somme pareille pour moi.

Je n'avais peut-être rien cependant pour moi la dignité et la fierté étaient primordiales. C'étaient les deux seules choses qui resteront toujours avec moi lorsque tout s'en ira.

- Sumaya...

- J'ai dit non ! Ce n'est même pas la peine d'essayer de me faire changer d'avis.

- Tu n'as pas écouté ce que j'avais à dire !

- Ce n'est pas la peine Driss. Ramènes-moi chez moi s'il te plaît, je commence à avoir mal au crâne.

- Sumaya...

Il me regarde avec des yeux suppliants, je l'ignore et ferme les yeux. Toutes ces émotions, ces larmes, m'ont donné mal à la tête. Je veux juste m'endormir et essayer de trouver la force intérieure qui me fera tenir.
***

Aujourd'hui c'est vendredi. Amina et moi venions de rentrer de la mosquée. Elle doit retourner à l'école, ce qui signifie que je serais seule. Normalement j'ai cours aujourd'hui néanmoins je n'ai toujours pas réussi à payer. Je serais définitivement renvoyée demain.

Génial !

J'ai pris un livre et me suis installée sur mon lit.

J'étais à peu près concentrée lorsque mon téléphone sonna. C'était un numéro privé. J'ai quand même décroché.

- Allô ?

- Oui bonjour, c'est bien Sumaya S*** ?

- Oui, c'est moi.

- C'est le secrétariat de l'école. C'était pour vous prévenir que vos mois d'arriérés ont été payés aujourd'hui. Vous pouvez reprendre vos cours dès lundi.

- Attendez il doit y avoir une erreur ! Je ne suis pas sortie de chez moi aujourd'hui.

- Ah bon ? Je regarde votre dossier et c'est marqué que vous êtes à jour.

- Mais...

- Dans tous les cas, vous pouvez reprendre les cours lundi matin. Bonne journée !

Elle a raccroché.

Comment est-ce que je pourrais expliquer le sentiment qui m'a submergé ?

Au début c'était une grosse remise en question, je me posais un million de questionnements Comment était-ce possible ? Je sais aussi que ce n'était pas ma mère et encore moins mon père.

Et là, j'ai tilté.

Driss !

Je vais le tuer !

Sans hésitation, j'ai mis un hijab sur ma tête, pris mon téléphone et quelques pièces afin de prendre le bus.

Je ruminais d'empressement d'arriver chez lui. Il l'avait fait derrière mon dos en plus !

Les trente à quarante minutes du trajet étaient passées comme un éclair. J'étais arrivée dans son quartier calme et résidentiel. Sa voiture était devant la maison donc je suis sûre qu'il est là.

C'est Tante Amy, la mère de Driss qui m'ouvre. Elle sourit, m'attire contre elle et me serre fortement.

- Sumaya ma fille ça faisait longtemps !

- Oui tata, c'est à cause des cours.

- Et ta mère elle va bien ?

- Oui, elle va bien Al Hamdulilah.

- Je suppose que tu es venue voir Idriss ?

- Il est ici ?

- Oui, dans sa chambre.

Elle me laisse m'y diriger toute seule, ce n'était pas la première fois que je venais.

Je toque et l'entends me dire d'entrer.

Il était couché sur son immense lit, un ordinateur à ses côtés.

- Ne m'insulte pas s'il te plaît !, s'exclame-t-il en se levant aussitôt.

- Pourquoi ? Pourquoi tu as fait ça Driss ? Je t'ai dit que je n'avais besoin de la pitié de personne.

- Tu n'iras pas bien loin avec cette mentalité...

- Je m'en fous ! Je ne t'ai rien demandé.

- Écoute-moi Sumaya, je n'ai pas fait ça par pitié mais plutôt par justice. Tu mérites de continuer les cours, de passer l'examen et d'obtenir ta licence. Tu es la personne la plus brillante que j'aie rencontrée de toute ma vie. Ce n'est absolument pas juste que tu sois privée de ta scolarité. Je n'ai pas pitié de toi Sumaya, je t'admire...

Je n'en avais perdu ma langue à vrai dire.

Je me suis tout simplement laissée tomber sur le rebord de son lit et commençais à ressentir ces petits picotements qu'on pouvait ressentir lorsqu'on était sur le point de pleurer.

- Je te rembourserai Driss, je te le promets.

- Surtout pas ! Je ne fais pas ça pour recevoir quelque chose en retour. Considères cela comme un petit cadeau de ma part.

- Petit ?

- Grand cadeau de ma part, rectifie-t-il en rigolant.

Je le serre soudainement dans mes bras de toutes mes forces. C'était tant improbable pour moi, je dirais même impossible

- Tu es ma sœur Sumaya, la sœur que je n'ai jamais eu. Je ne laisserai personne te faire du mal.













○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○○
*Sumaya en média


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