Chapitre 25 - James

En başından başla
                                    

J'étais si déterminé à la voir une dernière fois sur son lit d'hôpital, je repense encore et encore à cette fameuse conversation assis par-terre avec Charly. Il était si bienveillant envers moi, pour quelles raisons ? Qu'est-ce qui la pousser à me parler ainsi... avait-il pitié de moi ? Je préfère ne pas y penser, et pourtant sa phrase « je connais ton histoire, je sais que la vie n'a pas été tendre avec toi » tourne dans me tête comme un manège infernal. Qu'est-ce qu'il sait exactement ? Il ne me l'a pas dit clairement. Lola aurait pu lui raconter n'importe quoi. Elle m'a tellement menti à propos de son père que ça ne m'étonnerait pas qu'elle ait fait de même en parlant de moi. J'aimerais tant comprendre tous les non-dits de ce moment, mais je ne peux pas revenir en arrière. Je ne peux pas me résoudre à lui téléphoner, pourtant sa carte reste dans un coin de mon bureau.


***


Quelques mois plus tôt

Dévasté, brisé, je ne comprends pas comment elle a pu me faire ça. Comment lui, il a pu me faire ça, putain c'était mon meilleur pote. Quel connard !

Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, je ne sais pas où aller. Je ne veux pas rentrer chez moi. Mais ai-je seulement un endroit où vivre ? Cette chambre n'est pas ma maison, cette chambre ne me réconforte pas lorsque je rentre dedans. Cette chambre où je ne suis pas seul ne m'offre pas toute la sécurité dont j'ai besoin. Je ne sais pas où aller. Je marche, sans but, encore et encore, des heures durant. Mon cœur est meurtri. Comment a-t-elle pu penser que j'allais me relever après ça ?

Mes pieds me font mal, la nuit est tombée, il fait froid, le vent s'est levé et je n'ai qu'un tee-shirt sur moi. Je frissonne. Le froid n'est pourtant rien en comparaison avec la douleur que je ressens.

Je suis blessé, écorché vif. Je repense au moment où je suis monté dans sa chambre, heureux et naïf. Je pensais qu'elle serait en train de se préparer, que ses cheveux virevolteraient lorsqu'elle tournerait sa tête pour me voir dans l'encadré de la porte. Je pensais qu'elle porterait sa robe préférée, celle que je lui ai achetée il y a quelques mois, pour lui faire plaisir. Je pensais qu'elle allait être heureuse de me voir, qu'elle allait me prendre dans ses bras, m'embrasser, poser ses lèvres sur les miennes et que j'allais pouvoir lui chuchoter au creux de l'oreille un beau message d'anniversaire.

La vérité m'a vite rattrapé lorsque j'ai ouvert cette foutue porte. Elle était dos à moi, ne portait pas de soutien-gorge et était clairement nue sous ces draps avec Diego.

Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

Que la vie me prive du bonheur, pour toujours ?

Mes pieds me font mal, je ne sais pas où je suis, je trouve un banc et m'y arrête. Je dois m'arrêter. Je crois que j'ai oublié de respirer depuis que j'ai quitté sa chambre. Je sors mon portable de ma poche, mets mes écouteurs et augmente le volume à cent pour cent. Si je pouvais mettre encore plus fort pour engloutir mes pensées en même temps, je le ferais. Je voudrais tant disparaître. Je voudrais tant ne plus être là. Je n'ai plus aucune raison d'être ici. Personne ne veut de moi. Personne ne m'attend nul part. Je veux disparaître. Je veux me liquéfier sur place. C'est ce que mon cœur a commencé à faire, pourquoi je ne pourrais pas être englouti à mon tour ?

Tant de douleur, je ne peux pas en supporter davantage. Je me lève, je marche encore et encore, je cours et je crie. J''évacue. J'en peux plus. C'est trop. Même ce mot n'est pas assez puissant pour qualifier ce que je ressens. Je ne trouve plus mes mots.

No puedo. No más.


Je laisse la musique m'envelopper, comme une douce couverture de soie qui m'enveloppe. J'arrive aux abords du pont que je ne connais que trop bien. Sauter me semble la meilleure solution. Malgré tout, je sais que je ne pourrai jamais m'y résoudre. Je suis bien trop lâche pour réaliser un tel acte. Non, moi je dois souffrir. C'est tout ce que je mérite de toute façon.

Je me couche à même le sol, c'est froid. C'est dur et ça fait mal. Mais putain que c'est bon cette douleur physique plutôt que psychologique.

Je respire. Inspirer, expirer. C'est tout ce que je me dis. Et j'écoute soudain les paroles de la chanson, qui font échos en moi bien plus que je le voudrais.


***


Je sors de la douche, les yeux bouffis d'avoir autant pleuré. Dans mon lit, n'ayant aucune envie d'écrire ce soir, je sors mes écouteurs et les branche à mon téléphone. Je mets le mode aléatoire pour m'endormir et voilà que je tombe sur cette chanson. La chanson qui me ramène quelques mois plus tôt. Je ferme les yeux et me laisse porter. Je veux pouvoir réécouter cette chanson aujourd'hui, sans être aussi proche du gouffre dans lequel j'étais.

Et voilà qu'ça recommence, voilà que j'pense à toi

J'aimerais qu'ça s'arrête, que ce soit la dernière fois

Car depuis toi j'ai changé

J'ai même arrêté d'chanter

Donc fallait que je te le dise au moins dans une chanson

Tu n'as pas été ma renaissance mais mon autodestruction

Mon autodestruction, mon autodestruction

Quand on, on oublie pas

Dis-moi est-ce que tu, quand tu es dans ses bras

Moi la haine je ne connais pas

Dis-moi est-ce que tu, quand tu te fous de moi

De moi, de moi, de moi

On a fait comme tous les autres, on s'est promis notre vie

Et moi comme un petit con j'y crois encore aujourd'hui

J'aimerais tellement te haïr, pouvoir te souhaiter le pire

Tu as été mon plus beau rêve, une si belle chanson

Mais surtout la raison de mon autodestruction

Mon autodestruction, mon autodestruction

Mon cœur a vu en toi le sourire de mon chagrin

Où étais-tu mon ange quand j'pleurais jusqu'au matin

Que je m'enfermais dans l'noir pour tenter de guérir

Que je buvais la mort pour oublier d'souffrir

Quand on aime on oublie pas

Dis-moi est-ce que tu l'aimes quand tu es dans ses bras

Moi la haine je ne connais pas

Dis- moi est-ce que tu m'aimes

Quand on aime on oublie pas

Dis-moi, dis-moi

Moi, la haine je ne connais pas

Dis-moi est-ce que tu m'aime

Quand on aime on n'oublie pas*



*On n'oublie pas - Slimane

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J'espère sincèrement que ce chapitre vous aura plu et que vous aimerez Jay autant que j'aime le construire, écrire ses pensées... N'oubliez pas de me laisser un petit commentaire pour me dire ce que vous en pensez ! Et merci infiniment de me lire ! <3

On n'oublie pas [Publié en auto-édition]Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin