Chapitre 5 - Anna

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- Non rien, ça fait beaucoup tout ça, je pensais pas qu'il y aurait autant.

- Je peux...t'aider si tu veux ?

Depuis quand j'aide les gens, moi ? Je n'arrive déjà pas à réussir tous les examens alors pourquoi j'arriverais à l'aider, c'est absurde. C'est sorti tout seul, comme si je n'avais pas envie de partir. Tout dans son attitude transpire la solitude. C'est peut-être à cause de ça que je me sens obligée de lui apporter un peu d'aide.

Il semble réfléchir à la question un instant et son visage s'adoucit, ses traits se font moins durs, moins tirés.

- Franchement, si ça te dérange pas... souffle-t-il dans un élan de désespoir.

- Je n'ai rien d'autre à faire cet après-midi ! Allez, je t'explique deux-trois trucs et tu seras moins largué, t'en pense quoi ?

- Va pour que je sois moins largué !

Il sourit et nous dirige vers la table de la salle à manger.

L'après-midi passe à toute vitesse et rapidement deux heures se sont déjà écoulées. Je crois qu'on s'est pris au jeu. Il a l'air d'avoir pas mal de retard, je ne sais pas dans quel lycée il était avant, mais il est clair qu'il n'a pas eu le même programme que nous.

J'apprends qu'il compte revenir seulement le mardi suivant en cours et je me demande sérieusement ce qu'il peut avoir à faire chez lui de si important pour ne pas venir. Visiblement, il n'est pas malade, sinon je l'aurais remarqué.

- Merci d'avoir été patiente.

Ses remerciements soudain m'ont pris de cours et je tente d'ironiser :

- Avec une mère prof, j'ai la pédagogie dans le sang !

- Mmmh.

Son sourire s'efface peu à peu et il me regarde à présent avec une lueur attristée dans le regard. Qu'est-ce que j'ai dis de mal ? Les blagues, il faut que j'arrête je crois.

- Jay ? Pardon c'était stupide. Bon je vais y aller, puisque ma mission est accomplie !

- Hein ? Non, attends tu peux rester. Tu as passé l'après-midi à m'aider, tu dois avoir soif ou envie de manger un truc ?

- Un verre d'eau, je veux bien, merci, je réponds.

James se dirige vers la cuisine et pendant ce temps j'en profite pour observer un peu sa maison. Il n'y a pas grand-chose, peu de meubles et aucune décoration. Aucun détail ne m'en apprendrait plus à son propos, il n'y a pas de photos, pas de tableaux et rien qui traîne.

Il revient, de l'Ice Tea dans une main et un pot de glace dans l'autre.

- On a besoin d'un remontant après tout ce qu'on a fait ! lâche-t-il comme si c'était tout à fait normal et que l'on se connaissait depuis toujours.

- Comment t'as su que j'aimais la glace au caramel ?

- Quelle fille n'aime pas ça ?

Il fait mine d'être choqué et cela me fait rire. On s'installe dans son canapé et il allume la télé. Je ne pensais pas que j'allais me retrouver assise dans son canapé, à rire autant devant un programme de télé-réalité complètement inutile. Pourtant, il a le mot pour rire à propos de chaque candidat et ses critiques ont le don d'être réellement insensées, ce qui me fait d'autant plus rire.

On passe un réel bon moment, il n'a plus l'air préoccupé, et son sourire me fait chaud au cœur. On dirait qu'il avait besoin de ça, besoin d'un moment pour oublier ce qui le tracasse.

Je sors mon téléphone et me rends compte qu'il faut que j'y aille. Je suis quand même inquiète pour ma mère qui n'a toujours pas répondu à aucun de mes messages.

Jay me raccompagne jusqu'à devant chez lui et avant de m'en aller je me risque à lui poser la question qui me démange depuis que je suis arrivée chez lui.

- Au fait, est-ce que je peux te demander pourquoi t'étais pas là cette semaine ?

- Anna... dit-il dans un souffle. C'est une longue histoire et ...

Je le coupe sans le laisser finir sa phrase, comprenant que je n'aurais pas du lui poser la question :

- Jay, d'accord. Tu n'es vraiment pas obligé de me le dire, je sais que ça ne me regarde pas. Je n'aurais même pas dû te poser la question, pardonne-moi. Mais si tu veux en parler, je suis là, t'as mon numéro... Et puis on se voit mardi ! Salut !

Je parle tellement vite que je suis essoufflée et lui adresse un dernier au revoir de la main en m'éloignant sans lui laisser le temps de vraiment répondre. J'ai cru tout de même voir une lueur d'espoir dans ses yeux, comme s'il était reconnaissant.

Bien sûr que j'aurais voulu savoir, mais je ne suis pas comme ça, je ne force pas les gens à me dire ce que je veux savoir. Du moins, j'essaie.

On n'oublie pas [Publié en auto-édition]Where stories live. Discover now