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- La page blanche, génial !

Je m'acharne sur le clavier de mon ordinateur lorsqu'un bruit me stoppe net. Il y a quelqu'un dans la maison. Ce qui est, techniquement pas possible puisque je suis seule. Eleanore est chez mes parents. C'est Tom qui a insisté pour l'y conduire, après m'avoir déposé ici. Il voulait que je me repose. Alors, il a été la chercher chez les parents d'Alexander avant de la déposer chez les miens. Puis, il est revenu ici pour s'occuper de moi. Cela ne fait que quelques heures qu'il est parti. Et encore, parce que j'ai insisté pour qu'il se rende à son rencard. Tom est un ange tombé du ciel. Mon ange gardien qui s'est occupé merveilleusement bien de moi.

Je resserre le plaid qui recouvre mes épaules à moitié nues avec le t-shirt XXL que je porte. A l'époque, la boutique n'avait plus dans ma taille le T-Shirt des Doors que je voulais absolument, alors, quand il ne me sert pas de pyjama, je le mets pour traîner à la maison.

Je cherche des yeux un objet présent sur mon bureau qui pourra faire office d'arme de défense. La cuisine est réellement le lieu idéal où se trouver quand quelqu'un pénètre chez vous par effraction. Dans cette pièce, il n'y a que l'embarras du choix. Un petit coup de poêle. Une collection de couteau pointu. Dans mon bureau, à part mon ordinateur portable, je ne vois pas vraiment ce qui pourra m'aider. Et, avec ma maladresse légendaire, je serais capable de le faire tomber avant d'assommer le voleur.

Ce n'est pas ce que je préfère, mais j'attrape le coupe papier en forme de plume et me lève doucement - c'est-à-dire en évitant de faire grincer mon fauteuil -, et sur la pointe des pieds, me dirige vers la porte. Je me fige sur place lorsque la poignée tourne lentement. Mon cœur bat la chamade. Mon courage est en train de s'enfuir par la fenêtre. Et clairement, ce n'est pas ma journée.

La pièce ne contient aucun endroit où me cacher. Pour l'effet de surprise, c'est un peu raté. Je me place les jambes légèrement écartées pour affirmer ma position. Je lève le coupe papier suffisamment haut pour me montrer menaçante. C'est généralement comme ça qu'ils font dans les films.

Avant de se faire tuer.

Ma conscience n'a pas totalement tort. Pendant que la porte s'ouvre très très lentement, je tente de lister les choses à ne pas faire quand on est poursuivi par un tueur. Ce n'est pas le moment, mais j'en ai besoin pour ne pas rire nerveusement.

Je suis cachée dans l'ombre de la porte. Pour me voir, l'intrus devra s'avancer un peu dans la pièce. Pourtant, lorsque j'entends ses chaussures grincer sur le sol en bois, je perds totalement courage. Je reste figée. Je retiens un cri de surprise lorsque mes yeux se posent sur l'homme qui se tourne vers moi. Lui aussi est surpris.

Je dois m'être endormie car il ne peut pas se trouver ici alors qu'il est à Vancouver. Pour ne pas m'effrayer davantage, il lève les deux mains sans me quitter des yeux.

- Léa, tu veux bien poser ça, s'il te plaît.

Je ne bouge pas. Mon cerveau est persuadé que c'est faux, que c'est un jeu de mon esprit, que tout cela n'est pas vrai. Et pourtant, lorsqu'il s'avance avec précaution vers moi et qu'il glisse sa main contre la mienne pour me prendre l'objet des mains, je me laisse faire.

Les yeux écarquillés. La respiration aussi saccadée qu'après avoir couru un cent mètre, je ne le quitte pas des yeux.

Alexander pose mon arme improvisée sur le bureau et revient vers moi. Quelques secondes plus tard, je me retrouve blottie dans ses bras, il me serre avec force contre lui.

- Pardon, pardon, me souffle-t-il. Je suis tellement égoïste de te faire vivre tout cela. Et encore plus égoïste parce que je ne peux pas te laisser partir alors que je sais, que ce serait la solution.

Célébrité et ConséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant