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— Quoi de neuf ?

Pour laisser de l'intimité à Alexander et ses parents, Tom et moi, nous sommes éclipsés dans le hall d'entrée de la demeure familiale.

Malgré cette précaution, nous entendons des brides de conversations déformées par les murs qui nous séparent d'eux.

Galant, Tom m'aide à passer ma veste qui, - grâce à Bridget qui la mise devant la cheminée à notre arrivée – est sèche.

— Rien de nouveau depuis hier, je réponds, en passant la main dans la manche droite de mon manteau d'hiver, et toi ? l'appartement ne te semble pas trop vide depuis le départ de ton colocataire ?

Tom rigole. Maintenant que je suis habillée, il enfile sa parka bleue nuit au-dessus de son pull col roulé noir.

— Tu n'imagines même pas. Alexander fait toujours du bruit, et maintenant, ajoute-t-il, en essuyant une larme imaginaire, tout est silencieux. Mais bon, il était temps qu'il vole de ses propres ailes, et je suis fier de lui. Bien sur, je ne suis pas contre l'idée de partager la garde de mon meilleur ami surtout si, il te casse les pieds.

Mon rire s'élève dans la pièce pendant que je lace mes chaussures.

Tom est comme ça : drôle et adorable. Prête à partir, je me redresse et lui tend la main droite qu'il serre dans la sienne: — je vote pour.

Assis sur les marches de l'escalier qui mène à l'étage de la maison, nous discutons de tout et de rien. Des fêtes de fin d'année qui approchent à grands pas, en passant par mon dernier roman qui est au point mort, et de son nouveau projet cinématographique.

— Le tournage dure combien de temps ?

— Trois mois.

Je m'apprête à ajouter quelque chose lorsque je vois Alexander s'avancer dans le couloir, Bridget sur ses talons. Comme la plupart des mamans du monde, elle lui fait une longue liste de recommandation.

Alexander répond par monosyllabe, ce qui encourage Bridget à continuer. Lorsque son regard croise le mien, il lève les yeux au ciel en soupirant.

— On doit y aller man !

Bridget qui ne s'est pas rendue compte que son fils ne l'écoute plus, se stoppe.

— Oui, bien sûr mon chéri. Fais attention à toi surtout.

Alexander acquiesce, dépose un dernier baiser sur sa joue et attrape ma main pour franchir la porte. Je souris à Bridget et me retiens de lui donner à mon tour – beaucoup trop – de conseils pour s'occuper d'Eleanore. Ce n'est que la seconde fois qu'elle passe du temps chez eux. Mais, je me force à lui faire confiance. Après tout, ses trois enfants ont l'air en pleine forme.

Tom qui s'est enfoncé le premier dans le froid, nous attend en bas des marches du perron. Contrairement à son meilleur ami, il n'a pas besoin de couvrir son visage pour marcher tranquillement dans la rue. Comme il a une totale maîtrise de son véhicule – ce qui est d'autant plus nécessaire avec la route enneigée -, nous prenons la voiture de Tom au lieu de la mienne. Il roule dans une Ford Mustang 289 vert bouteille de 68. C'est une vraie pièce de collection qu'il chouchoute.

Je me glisse sur le siège arrière pendant que les deux hommes s'installent à l'avant. Comme moi, le meilleur ami d'Alexander adore suivre scrupuleusement le code de la route alors, il attend que nos ceintures soient bouclées pour sortir de sa place en deux mouvements de volant.

Pendant qu'il s'engage dans le trafic, je m'enfonce dans mon siège et me laisser bercer par «You really got me » des Kinks.

J'adore cette chanson que je connais par cœur. Mes doigts marquent le rythme sur mes cuisses. Mon pied droit bat la mesure. Petit à petit, je m'enferme dans une bulle musicale où il n'y a que cette chanson et moi. Alors, je chantonne sans doute un peu moins discrètement qu'au début. D'ailleurs, après avoir vérifié que les deux amis sont distraits par leur discussion sur le séjour d'Alexander à Vancouver, je fais semblant de jouer de la batterie pour accompagner le groupe. Sur la dernière note, je frappe mes baguettes imaginaires sur des cymbales tout aussi inexistantes. Avec un grand sourire, j'observe la route devant nous, lorsque je croise dans le rétroviseur latéral le regard amusé d'Alexander. Je ne sais pas depuis combien de temps il m'observe, mais, je suis certaine à son sourire taquin qu'il n'a pas perdu une miette du spectacle que je viens de lui offrir. Je rougis, et me force à soutenir son regard.

Célébrité et ConséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant