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Je suis assise au premier rang, juste devant le maire qui parle presque sans s'arrêter depuis le début de la cérémonie. Alexander est à ma droite. Jane à ma gauche. Tom, lui est assis juste à côté de son meilleur ami. Ils échangent de temps en temps des regards complices quand le maire fait mention de la carrière internationale de l'acteur qui fait briller l'Angleterre dans le monde entier. Le reste de la salle est vide, totalement. Le maire ne s'en est pas étonné. Je suppose qu'il doit lui arriver de temps en temps de célébrer des mariages civils en très petit comité comme le nôtre.

Comme le veut la tradition, la porte de la salle des mariages est ouverte, afin de permettre à toute personne qui voudrait s'opposer à cette union d'entrer. Et, même si je sais que c'est impossible dans notre cas – rare sont les personnes au courant – je me dis que peut-être, quelqu'un stoppera tout cela. Une petite amie follement amoureuse qu'il a laissé aux USA ou dans n'importe quel autre pays après un tournage ? sa dentiste ? Lorsque je sens le fou rire nerveux pointer son nez, je me mords l'intérieur de la joue. Déjà que monsieur le maire a l'impression que je vais tourner de l'œil à cause des émotions ou plutôt, de mon manque d'émotions.

— Un honneur de vous marier...

Je n'écoute pas vraiment ce qu'il raconte. Mes pensées sont très loin d'ici. Je me demande ce que fait Eleanore à cette heure-ci ? Elle doit être réveillée ou presque. Et Jack et papa ? Jack doit sans doute préparer la table du petit-déjeuner pendant que papa travaille déjà dans son atelier. Il expose ses nouvelles œuvres dans quelques semaines, entre Noël et le nouvel an à Chelsea.

Lorsque les trois acteurs se lèvent, je suis le mouvement. Assise, je ne m'étais pas rendu compte que depuis le début, je tremble comme une feuille. J'ai l'impression d'être assise sur une machine à laver en mouvement. A ma gauche, je sens le regard inquiet de Jane. Mes tremblements ne sont donc pas aussi discrets que je l'espérais. Alexander trace des cercles sur le dos de ma main droite qu'il tient depuis le début de la cérémonie.

Pour décrire assez souvent ce moment précis dans mes romans, je connais d'avance les paroles que le maire va prononcer. Cela ne me rassure pas, que du contraire, car j'ai encore plus envie de fuir !

— Monsieur Alexander Wills, consentez-vous à prendre Mademoiselle Léa Lewis comme épouse ?

Je tourne la tête vers lui. C'est la première fois depuis le début. Je me suis dit que si je ne le regardais pas, c'était un peu comme si je me retrouvais seule face à mon traitement de texte pour écrire le plus beau jour de la vie d'un de mes personnages.

Alexander me sourit. Ses yeux pétillent. J'ai l'impression qu'il est heureux. Quel bon acteur !

— Oui !

Il ne m'a pas quitté des yeux en prononçant doucement ces trois petites lettres. Mon cœur se serre. Je ne sais pas ce que j'espérais ? Peut-être qu'il renonce de lui-même avant de dire oui.

— Mademoiselle Léa Lewis, consentez-vous à prendre Monsieur Alexander Wills comme époux ?

« Non » « Non »

Mon cœur tape très fort dans ma poitrine comme si je venais de courir un cent mètres. J'ai chaud et froid à la fois. Mes mains sont moites. J'ai envie de les essuyer sur ma robe, mais ce ne serait pas élégant. J'ai envie de pleurer aussi. Pleurer cette vie que j'abandonne pour quelque temps. Maintenant que le maire m'a posé la question, je ne peux plus reculer. Alexander ne me quitte pas des yeux, je le sens car je ne le regarde plus. Je fixe un point invisible sur sa droite au niveau de la fenêtre de la salle. Mes jambes ne vont pas réussir à me porter très longtemps.

Célébrité et ConséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant