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La Porsche file dans la campagne anglaise pendant que Katie Melua chante Wonderful life. Alexander roule plus rapidement que lorsque Eleanore était présente, mais sa conduite reste toujours aussi agréable.

Le paysage défile devant mes yeux. J'aime ce patchwork de couleur de l'automne. Ces nuances qui jongles entre le rouge, le brun et l'orange. J'aime voir ces arbres nus qui sont la promesse d'un renouveau au printemps. Contrairement à notre petite escapade du week-end, je n'ai pas envie d'écrire. La boule qui me contracte le ventre m'en empêche. Alors, je regarde la nature qui change d'un kilomètre à l'autre et les voitures qui passent rapidement à nos côtés. De temps en temps, je croise un visage qui disparaît rapidement. Je ne sais toujours pas où Alexander nous conduit car la route est totalement différente de celle que nous avons prise pour rejoindre Camber. Peut-être a-t-il une autre maison quelque part en Angleterre ?car après tout, nous ne nous connaissons pas vraiment.


Cela fait une demi heure que je n'ai pas dit un mot. Depuis qu'il a refusé malgré mes menaces de quitter la voiture de me dire où nous allons ! je peux être têtue quand je m'y mets ! peut-être va-t-il essayer de me tuer dans un endroit suffisamment isoler pour qu'il ne soit pas possible de retrouver mon corps avant de très nombreuses années, voire jamais ? si c'est le cas, j'ai un avantage car mes parents sont au courant que je suis avec lui. Et si je mentionnais subtilement ce fait au cas où ?

Je pince les lèvres pour retenir mon rire nerveux. Je suis bête, mais je n'y peux rien. Mes pensées prennent souvent des détours romanesques. J'aime les romans policiers aux meurtres impossibles à résoudre. J'aime mener ma propre enquête au fil des pages que je tourne. Et puis, pourquoi me suis-je laissée si facilement convaincre de discuter en dehors de la maison ? c'était pourtant moi qui avait l'avantage pour une fois. La réponse est pourtant simple. Mes parents ont réussi à me convaincre de l'écouter. Alors, quand il est monté dans ma voiture et qu'il m'a proposé d'aller ailleurs pour discuter, je l'ai suivie. Alors pourquoi j'ai des tonnes de questions qui se mélangent dans ma tête ? je suis fatiguée d'avance par notre conversation.

— Tu ne dois pas avoir peur, dit-il soudain sans quitter la route des yeux.


Je cesse de regarder la forêt que nous logeons depuis plusieurs kilomètres, tourne la tête vers lui et le fusille du regard. Mais pour qui me prend-il ? je ne suis pas une trouillarde !

— Je n'ai pas peur ! je me demande juste où nous allons, je réplique.

Il m'arrive aussi d'être de très mauvaise foi de temps en temps.

Alexander soupire, me jette un coup d'œil avant de se concentrer à nouveau sur la route devenue glissante par la pluie.

— S'il te plaît Léa, soupire-t-il en se passant la main gauche dans ses cheveux.

C'est un tic nerveux.

— D'accord, d'accord. Je ne te poserai plus aucune question sur cet endroit, je promets en levant la main droite pour prouver mes bonnes intentions.

Le rire d'Alexander résonne dans l'habitacle de la voiture. Il me lance un regard amusé. Je suis connue pour être drôle. Parfois. Rarement. Bon d'accord presque jamais.


Après plus d'une heure trente de route, il s'engage sur une route secondaire que je reconnais immédiatement. Cette route, nous l'avons emprunté, je ne sais combien de fois avec Jack et papa depuis mes quinze ans. Nous sommes à Stonehenge. Je me sens bête de ne reconnaître que maintenant le trajet car j'aime tellement cet endroit si mystérieux et magique. J'ai aimé ma première visite et les suivantes aussi. Je n'en avais jamais assez de revenir vérifier une hypothèse. Et je ne parle même pas du nombre de livres que j'ai lu sur le sujet.

Célébrité et ConséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant