Centre anti douleurs

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"Encore et toujours, j'apprends". Michelangelo

Bon sang quelque chose bloquait ce visage !

Je faisais du sur place et je commençais à en avoir assez des psy, aucune méthode ne réussissait. Eux persistaient dans la somatisation moi je m'en éloignais de plus en plus, accablée.

Qui pouvait ? L'impuissance sera un grand sujet lors de ma psychanalyse.

J'adhérais de plus en plus à l'erreur chirurgicale et me décidais à aller dans un centre anti douleurs. Ils, les médecins, savaient forcément eux, cela s'appelle "anti-douleurs".

Deux ans de ma vie s'écouleront ponctués par des visites en ces centres, sept cent trente jours de croyance aveugle, d'espérance et de désespoir.

Le médecin qui me suivait était "compréhensif" mais impuissant face à mon cas.

Il cherchait. Le problème était de trouver un médicament qui puisse m'apaiser sans m'abrutir de manière à mener une vie normale . Il tenta sur moi de puissants anxiolytiques persuadé qu'un déséquilibre au niveau du cerveau était ancré. J'étais assommée avec ces pilules, j'étais au ralenti.

Je ne savais plus qui avait raison, tort, personne n'avait tort, personne n'avait raison.

Qui croire? Que faire ?

Les antalgiques, à raison de quatre par jour, le maximum, m'apportèrent une fois, une légère très légère amélioration qui me terrorisa littéralement. Je vis mes yeux s'écarquiller sans pouvoir les contrôler, mon rythme cardiaque s'accélérer, je devins glacée de peur au sens propre du terme, mes dents claquaient sans que je puisse les arrêter. Les symptômes de la frayeur ni plus ni moins. 

D'où la question que je me poserai en psychanalyse: Tient-on à ses douleurs ?

La réponse est: Oui.

Je frôlais le comique de par toutes ces manifestations corporelles qui ne cessaient pas. Je vous assure que j'étais épouvantée.

D'où me venait cette terreur ?

Je l'ignore encore, enfin presque.

Etait-ce l'idée possible de "perdre mes douleurs"qui me paralysait d'angoisse ?

Nous tenons à nos souffrances, elles ont une histoire, elles sont là pour quelque chose, pour quelqu'un.

Une dernière tentative avec de la morphine me laissa au tapis, vomissant sans cesse n'importe où y compris en conduisant sans aucun pouvoir pour me retenir. Le purgatoire s'il existe doit se rapprocher de cette situation.

Je dus arrêter le traitement, épuisée. Le médecin ne comprenait plus rien et moi non plus. Les médicaments me rendaient malade et je fus comme empoisonnée par eux. Mon corps rejetait cette chimie. Prise de nausées permanentes pendant trois semaines je vomissais plusieurs fois par jour bien entendu. Pour mon employeur ce fut une intoxication alimentaire. Je ne pouvais en aucun cas lui raconter cette tranche de vie.

Je vomissais quoi ?

Arrêter le traitement oui, « m'arrêter » : non

Encore un échec. Mais les échecs nous dirigent sur d'autres voies, ils ne sont pas "sans issue". Ils sont utiles.

A ce jour la crainte de garder cet étau toute ma vie, s'installa en moi et je n'avais hélas pas tort.

Tomber, se relever, changer, se changer, commencer, recommencer, répéter, s'empêtrer, démêler, chercher, pour saisir qui je suis, enfin un jour.

Un autre visageDove le storie prendono vita. Scoprilo ora