Fausse route ?

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"Je suis allé à force de volonté où je ne voulais pas" Saint Augustin.

Quelle phrase superbe ! C'est une de mes préférées, c'est tellement vrai. Nous déployons tant d'énergie à faire fausse route, à nous tromper, à nous leurrer ! Ce lifting était une erreur mais il était plus en fait, un commencement à la recherche de moi mais à mon insu.

J'avais changé, modifié, l'enveloppe charnelle, l'extérieur, l'emballage même joli, n'est qu'emballage. Je n'avais pas été au delà de ce que mon visage me laissait voir, mais qui va au delà ? Comment se questionner quand on n'a pas la question ?

Cette opération était-ce vraiment une erreur ?

Peut-être pas...

Sans elle, jamais je ne serai allé à la recherche de qui je suis, de la compréhension de moi même et de ce fait des autres, de ces mécanismes si mystérieux qui articulent les hommes et qui peuvent être décodés.

Jamais je ne  me serai étendue sur un divan pour continuer ce voyage exceptionnel qui est la découverte du plus extraordinaire des paysages, celui de l'intérieur de l'humain, de mon intime réel, qui me permet quelques fois de "lire", dans une parole, dans un geste, dans un écrit, dans un silence ce que l'autre veut vraiment dire ou pas.

Certains sont diplômés d'histoire, d'autres connaissent la géographie parfaitement, d'autres les mathématiques qui sont pour moi du chinois ou tout comme; moi, j'ai aimé et aime encore explorer ce monde si riche du commun des mortels, et je peux dire que je ne l'ai pas seulement trouvé dans les livres, dans la théorie, mais mon empirisme et mon histoire ont je crois remplacé beaucoup de manuels. La psychanalyse c'est lire certes mais c'est avant tout: "dire".

Dire sans réfléchir, rester dans le spontané au sens propre du terme (qui vient de soi). Intellectualiser et la guérison ne fonctionnera pas forcément, j'ai pu constater plusieurs cas que je connais bien dont un qui est une amie maintenant. Mais elle faisait comme elle pouvait avec son histoire.

Je vous disais que j'avais côtoyé la réussite dans plusieurs domaines, mais il me manquait une chose capitale et que je n'aurais plus jamais : L'attention particulière que ma mère donnait à mon frère du fait de son handicap. L'avais-je d'ailleurs vraiment eu avant ?

Mon inconscient lui de son côté l'avait bien noté, enregistré, gardé bien au chaud et me le faisait vomir aujourd'hui.

Il m'avait guidé entre les mains d'un chirurgien pour me faire "aussi découper comme lui" et pouvoir enfin, ainsi, une fois dans ma vie, me faire cajoler par ma mère, me faire aimer tout simplement d'elle comme elle pouvait l'aimer lui et le protéger et l'admirer et tout et tout !

Car lui aussi avait un chemin difficile, chaque jour était une épreuve qui commençait à son réveil: C'était l'apprentissage de la vie d'une seule main. Chaque progrès était une victoire et engendrait forcément l'ébahissement de toute la famille dont la culpabilité n'avait pas d'égale.

Moi aussi je m'étais handicapée à ma manière à vie par la douleur permanente. Mon frère est l'une des raisons, il y en a d'autres, petit à petit je vous les livrerai car à l'instant de ce récit je les ignorais encore moi même.

Marie prononça ses paroles à la fin de la Gestalt : "C'est cher payé".


Un autre visageWhere stories live. Discover now