Perte

13 2 0
                                    

"Je vis de mon désir de vivre" Miguel Cervantès.

J'avais un tel amour pour eux que mon mari en devenait jaloux. Il était persuadé que j'avais un amant dans le groupe. Comment la sexualité pouvait-elle exister dans cet état ? Nous l'avions enfouie entre nos jambes, dissimulée, oubliée, perdue. Nous étions brisés et notre libido avec. Nous ne cherchions que tendresse, caresses de paroles, douceur, l'acte sexuel était pour nous plus que secondaire.

Nous cherchions à sauver notre peau avant tout.

A tel point secondaire que bien évidemment je n'avais plus de relations sexuelles avec mon mari qui ne comprenait toujours pas. Comment l'acte sexuel pouvait-il être possible ? Indispensable ?

Le corps et l'esprit ne font qu'un, sont indissociables. Notre esprit était accaparé par la douleur, la tourmente et la mort, comment notre corps pouvait-il jouir ? Il était faible, fragile, effacé, inexistant, absent. Comment faire l'amour dans de telles conditions ?

Moi je n'ai pas su et pas pu.

La dépression était toujours là, bien présente. Elle me le fit savoir très vite au cas où je l'aurais oubliée.

Un matin en me coiffant, je vis, effarée, ma brosse recouverte de longs cheveux. Mon bain terminé, le fond de la baignoire était tapissé de grandes mèches blondes. De nouveau mes jambes se dérobaient, mollissaient.

Chaque jour des touffes tombaient me laissant devant ma glace désemparée face à cette nouvelle épreuve qui surgissait sans prévenir. Je n'imaginais pas à quel point la chute de ma chevelure pouvait autant m'effrayer. La terreur s'empara de moi à nouveau et j'étais prise de tremblements incontrôlables de ma main, renfermant une nouvelle poignée de mes cheveux morts, une nouvelle partie de moi tuée. Je repartais en miettes, en lambeaux...

Cela ne finira donc jamais ?

Je n'eus pas le choix.


Un autre visageWhere stories live. Discover now