Guérisseur

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"Derrière les ennuis et les vastes chagrins

Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse

Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse

S'élancer vers les champs lumineux et sereins". Charles Baudelaire.

Le rendez-vous fut vite pris.

Jo, toujours à l'affût d'un scoop voulut m'accompagner. Je ne crois pas qu'elle le fit en tant "qu'amie" mais davantage par curiosité, soif de découverte.

Peu importe, elle était quand même là, une présence dans mon désert me rassurait.

C'est le coeur une fois de plus palpitant d'espoir que je m'allongeais et me remettais entre ces soit-disantes mains miraculeuses. Je sentis une forte chaleur, le guérisseur philippin venait de les poser sur mon visage. Je fis deux séances, le maximum. Il semblait parfois en grande incantation en mettant toute son énergie dans ses doigts. Ses mains ou un produit dans ses mains ?

Hélas le miracle n'eut pas lieu bien évidemment.

Quel miracle d'ailleurs ?

Je crois sincèrement maintenant pour que l'effet placebo fonctionne et que le psychisme fasse réagir le corps il faut être persuadé du résultat ce qui je crois n'était pas mon cas. Mais ceci dit, le placebo fonctionne à merveille sur de nombreuses personnes et tant mieux. Il y a avait aussi la grande influence de mon travail personnel. Mon psychisme n'avait pas assez de puissance sur mon somat sans doute, sinon il aurait pu accomplir des prouesses sur mes douleurs, ou agir comme à Lourdes sur des maladies et devenir ce qu'on appelle miracle. Pour moi cela n'existe pas malheureusement, je dis bien pour moi.

Et une fois de plus je repartis, un goût amer dans la bouche toujours le même et le coeur écorché comme toujours. Ma vie cahotait d'espérance en désillusions. Sur un graphique de l'émotionnel j'aurais pu y  voir des montagnes russes. je vivais un saute-mouton épuisant avec un coeur éclaté en permanence.

Par contre je n'étais plus dépressive, j'avais vaincue cette fichue maladie et j'en étais plutôt fière. Ouf et re ouf mais je restais "fragile" encore du fait de mon coeur éraflé, blessé. Pour les autres, ma fragilité était impossible me connaissant "avant" comme inébranlable et plus que solide. Je commençais à accepter mes travers et j'en ai beaucoup comme tout à chacun, mes frustrations, mes faiblesses. Les connaissant mieux et les apprivoisant lentement je pouvais m'en accommoder et faire d'eux "ma force".

Je balbutiais dans la connaissance de moi.



Un autre visageWhere stories live. Discover now