Balbutiement

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"Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d'un pas ferme" Saint Augustin.


Mes pas étaient hésitants mais je commençais à être sur le bon chemin, le bon ? Enfin le mien. Mon corps lui était bavard, très bavard mais comment allais-je le décoder ? Mon inconscient l'avait choisi pour me "dire"...mais bon sang me dire quoi ? J'aurais aimé que parfois il s'arrête de deviser afin que j'ai quelque répit. 

En thérapie de groupe chacun essayait de survivre, sauf que ce n'était pas : "Chacun pour soi" ! Une solidarité ou plutôt une communion totale s'installait entre nous, un lien existait, le lien ? Celui qui, toute notre vie, ne nous quittera jamais.

Celui qui fut pour moi le plus marquant s'appelait Didier. Âgé de dix sept ans, il était beaucoup plus mûr que nombreux adultes que je connaissais; il était beau comme un dieu.
Brun, la chevelure épaisse, le regard noir, il m'attirait.
Nous étions malgré les années qui nous séparaient semblables l'un et l'autre et assez proches l'un de l'autre, ce fut immédiat pour notre complicité.
Il joua un rôle capital dans ma thérapie et moi dans le sienne.
Je l'ai aimé très fort, d'un amour fou, passionnel.
Que ou qui représentait-il pour moi ?

Car de toute évidence un transfert, mot que j'ignorais à mes débuts de "travail"sur moi s'effectuait. Au terme de ma thérapie je le sus, j'y reviendrai il deviendra indispensable en psychanalyse et reconnaissable.

Le temps passait et je ne m'intéressais qu'aux jours où j'avais un rendez-vous avec Adam. Les autres étaient vides de tout intérêt, de toute substance, vides de vie et inutiles. La raison en était de plus en plus évidente. Au fur et à mesure des séances, je ressortais de chez lui un peu plus solide, un peu plus "entière", un peu plus harmonieuse. Et quand un balbutiement de "mieux"se manifestait je puis vous assurez que vous l'appréciez plus que tout au monde.

Mais je m'éloignais terriblement de mon mari. Je ne pouvais pas tout mener de front. Les urgences d'abord et comme me l'avait fait remarquer Adam: "Votre mari n'est pas en danger de mort".
L'homme qui partageait ma vie, ne partageait plus rien, il ne comprenait pas ce que je devenais, qui je devenais.
Je me disais que si notre amour était suffisamment solide, nous nous retrouverions un jour.

"On peut s'aimer toujours mais pas tout le temps"  réplique d'un film dont j'ai oublié le titre mais qui correspondait à mon ressenti.

Je me transformais. Apparaissait une autre personne dont j'étais, moi, ravie de faire la connaissance tous les matins en me levant. Quelle sensation étrange, impensable, stupéfiante ! Se rencontrer, même si parfois ce fut une "mauvaise rencontre" !

Un grand changement allait s'effectuer, le jour où je fis la connaissance de Marie, psychiatre à Paris de passage sur nos terres rouges lointaines. Elle y venait pour un week-end de Gestalt.
Pour ceux qui ne connaissent pas ce terme, pas plus que je ne le connaissais quand elle arriva, il signifie "émerger".
Un mot qui me plaisait car depuis un temps qui me semblait une éternité, j'avais plutôt l'impression d'être immergée ou plutôt submergée.
Marie Line, toujours elle et je ne la remercierai jamais assez, m'avait vivement encouragée à participer à ce week-end.
Ce fut le premier de plusieurs.
Ce fut pour moi une révélation.
Marie était d'une compétence hors du commun, il émanait d'elle une puissance phénoménale nous laissant béats d'admiration, nous dont les corps et les esprits ressemblaient à de la guimauve.
La Gestalt se déroulera sur deux jours.

Un autre visageTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang