Sentiments

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"Exposez-vous à vos peurs les plus profondes, après cela, la peur ne pourra plus vous atteindre". Jim Morrison.

Je changeais et mes relations aussi de ce fait.
Je fis la connaissance de quatre garçons homosexuels avec qui une grande affection allait se nouer.
Leur homosexualité n'était pas un hasard non plus dans ma rencontre avec eux.
Nous avons tous une part de féminité et de masculinité en nous, je ne vous apprends rien (n'ai la prétention d'apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit). Mon côté masculin plus accentué que le féminin à l'époque, je précise à l'époque car je n'avais pas fini d'évoluer et de rééquilibrer les deux enfin presque, faisait que j'avais une attirance particulière pour eux, et nos échanges étaient riches.
Ils vivaient de façon un peu marginale dans une demeure du 18ème siècle avec des chambres d'hôtes au décor d'un goût sûr et raffiné, isolées comme eux, dans un cadre de verdure splendide.
La société à l'époque les rejetait, moi pas.
Ils m'en parlèrent longuement de leur "monde à part" pendant de longues soirées dans leur merveilleux parc si accueillant et reposant. Eux aussi se "cachaient" des autres malgré leur immense gentillesse.

Une société qui ne comprenait pas grand chose encore à la "différence" et si elle savait que c'est dans cette différence qu'on puise la richesse d'un être. Je ne suis pas persuadée d'une grande évolution depuis.

Nos moyens de "communiquer" étaient différents du commun des mortels. Nous conversions mais sans avoir sous la main un téléphone portable, nous étions chacun avec nos blessures dans le respect le plus total et même la compassion profonde.
Je souris aujourd'hui, lorsque j'entends ce mot : "Communication".
Nous sommes à l'ère de celle-ci paraît-il.
Ah bon ?  Je n'avais pas remarqué !!!

Avez-vous essayé de parler à quelqu'un en étant réellement en contact avec lui, en soutenant particulièrement son regard ? Moi oui et de nos jours c'est pire, les téléphones sont partout, les oreilles sont bouchées par des oreillettes. Ne rien voir ne rien entendre, en un mot ne rien ressentir. Très vite, mon interlocuteur regarde ailleurs, se gratte la tête, s'acharne sur un crayon, agite la jambe, (ah ! cette jambe qui bouge sans cesse) toussote et j'en passe.

Bref il vous évite.
Il s'évite. Ceci dit c'est son problème et plus le mien.

J'arrivais à énonce des sentiments tout simplement, sans retenue, ni gêne. Les fuites gestuelles (pratique le téléphone "ombilical ou doudou" tripoté sans cesse) et verbales sont nombreuses, elles parasitent cette fameuse "communication". J'essayais à cette époque d'arriver à supprimer toutes ces habitudes néfastes. J'ai beaucoup travaillé comme toujours pour être en accord avec moi-même étant en désaccord permanent avec mon physique.

Maintenant je n'ai plus aucun effort à faire pour énoncer les choses clairement (ce qui dérange terriblement) ayant accepté et retrouvé mon image intérieure, perdue lors d'une intervention, laissée sur une table d'opération en y laissant celle de l'extérieure.

"La confusion des sentiments". Je n'en parlerai certes pas aussi merveilleusement bien que Stefan Zweig dans son livre puissant où il reprend deux thèmes qui lui sont chers : "L'éveil à l'intelligence et l'enfer de la passion". A mon humble niveau j'ai pu à cette époque commencer et mieux encore maintenant éviter le piège de cette terrible confusion liée aux sentiments.
Nombre de fois ai-je pu constater, que mon mari ou mes enfants ou mes amis et à commencer par moi- même en ces temps là, confondions tristesse et dépression, peur et agressivité, colère et jalousie etc.
Par contre je puis savoir et quasiment l'affirmer à ce jour que derrière la colère pour en avoir piquer quelques unes, se cachait la peur tout simplement.
Mais il faut tant de temps pour démêler ce méli-mélo.
Une période de ma vie fut difficile à ce moment précis ce qui me permit d'évoluer et de m'enrichir à nouveau. Mais à quel prix encore ?

Une nouvelle souffrance, sentimentale cette fois, me frappa.


Un autre visageWhere stories live. Discover now