Mes filles

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"Qui veut vivre doit s'adapter aux conditions nouvelles de vie". Romain Rolland.

Nées en terre africaine, je tiens aujourd'hui à m'incliner devant leur intelligence dont une certaine définition du dictionnaire dit : "Faculté d'adaptation".

Elles l'ont eue, même si elles aussi avaient perdu une part d'elles même. Sûrement plus que moi. C'est bien connu: "Partir c'est mourir un peu".Elles étaient exilées, apatrides. Et surtout adolescentes. Je savais qu'une partie de leur coeur était resté accroché à la palme d'un cocotier. Il y est toujours d'ailleurs. Mais elles sont su aller "au-delà".

Dépasser leur mélancolie d'avoir quitté leur terre natale pour faire leurs études, elles avaient su le faire. Rencontrer de nouveaux amis, de nouvelles amours, comprendre, réagir elles avaient su le faire. Sans forfanterie de leur expérience particulière, avec humilité, elles regardaient en face avec nostalgie et tristesse les photos d'elles prises sur la plage rougit par un soleil couchant, punaisées de partout dans leur chambre comme tout adolescent le fait avec un chanteur aimé.

Je fus pendant cette période de réinsertion si je puis dire, très proches d'elles, premièrement parce que je n'avais plus d'emploi donc j'avais du temps de libreet deuxièmement, je comprenais parfaitement leur chagrin. Je ne crois pas au hasard je l'ai déjà mentionné mais je le redis. Il n'y en avait pas, j'étais disponible au moment où elles en avaient besoin. Déracinées en pleine adolescence c'est comme arracher un arbuste en plein printemps.

La maison devint d'ailleurs un peu le refuge d'ados en mal d'amour, me confiant leur désarroi. Ils venaient filles ou garçons se confier à moi, je les écoutais avec attention. De notre vie à l'étranger nous avons gardé cette "ouverture de porte" si je puis dire. Mais aussi j'entendais leur mal être propre à cet âge, j'aurais tant aimé être accueillie, considérée au même âge. Compréhension et écoute, c'est tout, j'avais commencé à savoir un peu faire, un peu.

Opération "porte ouverte", ou "coeur ouvert" ?


Un autre visageWhere stories live. Discover now