« I'd gladly lose me to find you
I'd gladly give up all I had
To find you I'd suffer anything and be glad »
Bargain - The Who
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Je faisais abstraction de ce qui se passait autour de moi et je me concentrais uniquement sur le guitariste aux dreads. Je l'admirais saisir son instrument avec passion, son bras aller de haut en bas inlassablement et de façon si énergétique sur la guitare pour produire ce son que je trouvais si magnifique.
Ses doigts se baladaient à une vitesse incroyable sur les cordes se trouvant sur le manche, pour composer les différentes notes.
Tellement absorbée par ses mouvements, je n'avais pas réalisé que la musique s'était terminée.
La foule poussait une hurlée d'acclamations pour les jeunes musiciens. Le guitariste aux dreads s'approcha du micro tout en regardant le public d'un air satisfait et dit :
- Bonjour.
Ce simple mot résonnant comme dans une cathédrale dans toute la cour provoqua dans le public une hurlée générale, ce qui amusa le groupe.
- Merci pour cet accueil. Nous sommes Shenanigans et nous jouons, aujourd'hui, notre premier concert.
Le son de sa voix était grave et doux à la fois. Il ne cessait de balayer du regard la foule en partant du fond. Ses yeux allaient de gauche à droite, observant chaque étudiant qui se tenait devant lui.
C'était lorsqu'ils arrivèrent à la première rangée, celle dans laquelle je me trouvais, qu'ils se posèrent sur moi, me fixant durant quelques secondes. Ces dernières me semblaient être une éternité.
La timidité, enfouie en moi reprit soudainement le dessus. Je voulais fuir, tant le malaise que j'éprouvais était énorme. Mais le monde se trouvant autour de moi m'en empêchait.
Je baissai alors la tête, gênée qu'il m'ait remarquée. Je l'entendais reprendre la parole sur un ton différent. Il semblait hésitant et peinait à trouver ses mots.
- C'est... C'est... Excusez-moi, je suis si heureux que j'en perds mes mots.
Cette petite touche d'humour ne manqua pas de faire rire le public. J'avais toujours la tête baissée, de peur que nos regards se croisent à nouveau et que le malaise resurgisse.
Cassie, ayant remarqué notre échange, me donna un coup de coude me demandant si je le connaissais. Gardant les yeux rivés sur le sol, je secouai négativement la tête.
- Pourquoi t'a-t-il regardé ?
D'un haussement d'épaules hâtif, je répondis :
- Je ne sais pas.
C'était vrai. Le fait de l'ignorer m'angoissait tant, au point que je souhaitais retourner dans ma carapace. En réalité, je voulais ne pas le savoir. Bien que Cassie ait sa petite idée sur le sujet, j'étais bien trop intimidée de cet échange de regard pour l'admettre.
- Si tu allais lui parler après ? me demanda-t-elle.
J'ouvris grand les yeux et tournai la tête vers elle en m'écriant :
- Ça ne va pas ? Pourquoi je ferais une chose pareille ?
Cassie s'esclaffa, sans doute amusée par ma réaction effrayée.
- Est-ce que tu es aveugle à ce point ? Je vous ai vus.
- Il n'a pas regardé que moi.
Je tentais d'avoir le dernier mot, mais avec Cassie, c'était une chose très difficile à accomplir.
- C'est sur toi que ses yeux se sont posés le plus longtemps, rétorqua-t-elle.
- Ça ne veut rien dire.
- Tu as tort.
Et elle avait malheureusement raison. J'avais peur que cela soit vrai.
Durant tout le concert, je n'avais pas quitté des yeux le guitariste aux dreads. Souvent collé au micro, il faisait des blagues entre deux chansons ou exécutait des petites danses humoristiques.
Sa voix était si agréable, belle, sensuelle et douce. Un mélange qui ne pouvait faire que du bien aux oreilles. Il mettait une telle émotion dans ses paroles qu'on pouvait tous la ressentir.
Il parvenait même à nous faire frémir lorsqu'il allait dans les notes aiguës et longues. Des papillons s'installèrent dans mon estomac. Était-ce sa voix qui me mettait dans cet état ?
Dans ses paroles, une fureur intense à en faire trembler le public se faisait ressentir. Les chansons avaient toutes un sujet identique avec un même personnage, la tristesse, la solitude et l'abandon. Parfois, le rythme se faisait plus long tout en restant accrocheur.
« She's gone and never come back »
À la prononciation de ces paroles, le visage du guitariste se fit plus sombre, comme s'il était concerné par ce qui se déroulait dans la chanson. Malgré le rythme plus rapide et plus sauvage qui était donné dans les chansons suivantes, le thème n'en restait pas moins sombre.
« Suddenly, I ended up alone in this world so vast.
Nobody anymore was there, while I needed help »
Il afficha une grimace de rage avant d'entamer un morceau bien sauvage. Ses grands yeux verts fixaient le manche sur lequel ses doigts se déplaçaient avec une rapidité extrême, avant de reprendre des notes plus douces, plus calmes. Sa bouche collée au micro, sa voix devenait délicate :
« She arrived without warning, in my life
When I was so alone, so abandoned.
She was dangerous, I knew it.
But I am hung on all the same on her
And she made of me, the man who I am today »
J'étais la seule à écouter les paroles et à en comprendre le sens. Les autres se contentaient simplement de bouger en suivant le rythme.
La chanson achevée, le chanteur laissa applaudir la foule déchaînée qu'il s'empressa de remercier.
- Merci ! Vous savez, j'aurais aimé être dans cette école, mais je ne suis pas très copain avec les études. Et le directeur m'aurait fait dégager vite fait pour nuisance sonore.
Tous éclatèrent de rire, moi également. Le sourire dessiné sur son visage semblait montrer la joie qu'il éprouvait à jouer devant nous. Je ne pouvais détacher mes yeux qui étaient rivés sur lui, comme si j'étais hypnotisée.
Il regarda autour de lui, avant de s'adresser au bassiste en lui montrant son poignet. Suite au haussement d'épaule de ce dernier, le chanteur aux dreads s'approcha du micro pour s'adresser à nous :
- Est-ce que quelqu'un a une montre ?
Cassie manqua littéralement d'arracher celle de Francky se trouvant à son poignet, avant de me la donner. Mais que faisait-elle ?
- Donne-la-lui, me murmura-t-elle.
J'ouvris grands mes yeux remplis de stupeur. Lui donner le bracelet ? Pourquoi devais-je le faire ? Constatant que je refusais de faire le moindre mouvement, elle hurla :
- Elle en a une !
Tout en me désignant, elle me donnait l'objetdans ma main tremblante et moite. Les nombreux regards braqués sur moi mefigèrent sur place, faisant monter l'angoisse. La timidité ayant pris le dessus,je voulais m'enfuir pour me cacher et ainsi, échapper à ces yeux qui mefixaient. Mais je ne pouvais le faire. Pourquoi Cassie avait-elle fait cela ?
S'avançant vers le devant de la scène, le chanteur aux dreads avait ses yeux posés sur moi avec mes membres qui tremblaient de peur. Voyant que je ne bougeais pas, Cassie me poussa en avant contre mon gré. Me retrouvant proche de lui, je retins mon souffle, le cœur battant à toute allure.
Ses yeux verts étaient fascinants et d'une beauté sans limite, malgré l'extrême dilatation de ses pupilles. À quoi cela était-ce dû ?
Tremblante, je tendis mon bras afin qu'il saisisse la montre. Le contact de sa peau chaude avec la mienne me parcourut d'un léger frisson passant presque inaperçu. Il examina l'objet avant de lever ses yeux vers moi pour me dire d'une voix douce :
- Merci.
Machinalement, j'affichai le même sourire qu'il m'adressait. Sentant mes joues rougir à en brûler, je retournai dans la précipitation vers Cassie.
À nouveau à ses côtés, la pression qui m'habitait redescendit d'un coup. Le chanteur aux dreads montra le bracelet argenté et fin au public, annonçant dans le micro, d'une voix amusée :
- Très beau modèle. Bon choix.
Il me fit un clin d'œil qui n'était pas passé inaperçu aux yeux de Cassie.
- Nous avons encore quinze minutes. Est-ce que vous voulez que l'on joue encore deux chansons ou on vous a assez cassé les oreilles ?
Dans une hurlée générale la foule réclama les chansons et quelques-uns répondirent, sur un ton d'humour, qu'ils en avaient assez entendu.
- Vous en avez marre ? Dommage pour vous, car on ne comptait pas s'arrêter là de toute façon, répondit-il en rigolant.
C'était avec un fabuleux solo de guitare que leur prestation se poursuivit. Les deux autres membres ne tardèrent pas à le rejoindre, donnant un tempo qui nous faisait tous danser. Cassie, tout aussi excitée que les autres étudiants, m'interrogea :
- Tu as vu comment il t'a regardé ? Je te dis que ce mec a un faible pour toi. C'est évident !
Je ne répondis rien. L'inconnu m'effrayait, j'avais toujours eu peur d'aller dans des endroits qui ne m'étaient pas familiers. Et celui-là me paraissait bien terrible.
Aaaaah, Sharon !
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🌹 Cette scène avec cette fameuse montre vous a-t-elle plu ?
🌹 Votre avis sur ce chanteur aux dreads ?
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J'espère vous retrouver au prochain chapitre. N'oubliez pas la petite étoile.
Kissouilles
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