Savage love

Par CeciliaCity

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Juliette mène une vie discrète à Cork, hantée par un passé douloureux. Lorsqu'elle rencontre Andrew Thompson... Plus

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3 - Andrew
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6 - Andrew
Chapitre 7
Chapitre 8 - Andrew
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15 - Andrew
Chapitre 16 - Andrew
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 - Andrew
Chapitre 25 - Andrew
Chapitre 26
Chapitre 27 - Andrew
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32 - Andrew
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37 - Andrew
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45 - Andrew
Chapitre 46

Chapitre 17 - Andrew

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Par CeciliaCity

19 octobre

        Je me réveille avec un goût étrange dans la bouche. Sans doute est-ce celui du CBD ingurgité pour vaincre la migraine qui m'a tenaillée pendant toute la soirée. Les draps froissés témoignent de mon sommeil agité. La lumière pâle du matin filtre à travers les rideaux entrouverts. Il me semblait pourtant avoir baissé les volets avant d'aller me coucher. Je m'étire et me redresse sur le matelas. C'est alors que je remarque la présence de Nine au pied du lit.

— Bonjour petite beauté ! déclaré-je en me frottant le visage.

Elle fronce les sourcils.

Elle se tient là, immobile et blafarde comme un fantôme dans sa longue robe noire et droite. Avec son chignon banane, son air dur, ses collants opaques et ses chaussures à talons carrés, elle ressemble à la parfaite nanny Anglaise. Effrayante et austère. Son regard pénétrant ne me quitte pas. Pourquoi est-elle debout à m'observer comme si elle attendait quelque chose ?

La dernière fois qu'elle a patienté au pied du lit le temps que je me réveille, alors qu'une colère froide lui dévorait le bide, c'était à cause de mon cousin.

— Quelle connerie Owen a encore faite ?

— Il n'est pas question d'Owen, répond-elle froidement.

J'en déduis que je suis le nœud du problème.

— Quelle connerie j'ai encore faite ? m'informé-je dans le plus grand des calmes.

— Je ne les compte plus.

OK. Ça, c'est du réveil.

Mes mouvements sont lents, presque engourdis. Nine ne bronche pas. Elle attend. Je ferme les yeux puis les rouvre et je la vois de façon plus nette. Un serre-tête, de lady coincée du XIXe siècle, encadre son visage désormais impassible.

Je pousse la couette et je me lève. C'est nu comme un ver que je tire les rideaux clairs et que je m'étire.

Ça ne perturbe pas Nine. Elle a l'habitude.

— Est-ce que tu vas rester plantée au pied de mon lit toute la journée ? l'interrogé-je.

Elle ne bouge pas.

— Tu as perdu ta langue ? Pourquoi diable es-tu dans ma chambre ?

Elle contourne le lit pour me rejoindre.

— Andrew, habillez-vous, exige-t-elle avec intransigeance.

J'enfile le caleçon posé sur le dossier de la banquette. L'instant d'après, je suis debout devant Nine.

— Que fais-tu ici ? demandé-je en essayant de percer le mystère qui entoure son air des plus sévères.

— Si quelqu'un était mort, tu serais arrivée dans tous tes états. J'en déduis que n'est pas ça, réfléchis-je à haute voix. Si le chien du voisin était parvenu à entrer sur le terrain et à saccager ton potager, je t'aurais entendu hurler.

— James veille au grain quand il ouvre le portail pour que ce genre d'incident ne se reproduise plus.

— Qu'est-ce que tu planques les mains dans le dos ?

D'un geste vif, elle me fourre un journal contre la poitrine. Je le saisis, perplexe.

— Je vous informe que la police a essayé de vous joindre sur le fixe. Vous ne répondiez pas sur le portable. L'inspectrice Evans doit passer dans l'heure pour vous poser, je cite, de nouvelles questions dans le cadre d'une enquête criminelle.

Je soupire. Ma journée était censée être réservée à des tests et des exercices avec mon kiné.

De nouvelles questions. J'en déduis que ce n'est pas la première fois qu'elle entre en contact avec vous.

— Je suis découvert.

Elle reste silencieuse, mais son air contrarié en dit long sur ses pensées.

— Quand allez-vous vous décider à me dire quel est le problème ? Je sais que vous vous êtes rendu sur la propriété de Jay Crawford, hier. Vous en avez touché deux mots à James en rentrant.

— Je n'ai rien fait de mal.

— J'espère bien que ce n'est pas vous qui trucidez de pauvres femmes à coups de hache.

Je déplie le quotidien. La macabre découverte que j'ai faite est en une du journal. Qui a vendu la mèche ?

— La visite avait un lien avec cette information, n'est-ce pas ? Dois-je prévenir vos avocats ?

J'ouvre le journal et je prends connaissance d'un article que je parcours en diagonale. Puis je le remets à Nine en la contournant pour sortir des vêtements propres du dressing.

— Hier, j'ai expliqué à James que nous aurions sans doute la visite de la police. Je ne m'attendais pas à ce que ça arrive aussi vite.

— Pour quel motif ?

— Je me rendais chez Juliette...

— Tiens, donc.

Je n'apprécie pas le ton rempli d'amertume qu'elle emploie.

— Ne sois pas jalouse, je n'aime pas ça !

Le reflet de Nine apparaît dans un des miroirs de la pièce.

— Même si je te trouve très belle comme tu es, arrête de plisser le front... Après tu vas encore m'accuser d'être à l'origine des nouvelles rides qui pointeront le bout de leur nez.

— Andrew, je ne plaisante pas.

Je me tourne vers la gouvernante.

— En chemin pour rendre visite à Juliette, j'ai repéré une voiture suspecte sur la propriété de Jay. Je suis allé voir et le conducteur a pris la fuite. J'étais curieux, je voulais être sûr que personne n'essayait de s'introduire chez Jay...

— Donc vous avez joué au justicier.

— J'avais ma batte, ne puis-je m'empêcher de répondre en esquissant un sourire narquois. En m'enfonçant sur le sentier, j'ai découvert une hache pleine de sang.

Nine écarquille les yeux avant de taper la paume de sa main contre son front.

— Vous êtes stupide. Vous auriez pu tomber sur d'autres individus dangereux ou bien... celui qui s'est enfui aurait pu revenir !

— Il n'est pas revenu et je ne me suis pas fait tabasser par un groupe de fous furieux. OK ?

Ma tentative pour la rassurer est maladroite. Elle collectionne les frayeurs à cause de moi.

— Vous voulez me voir six pieds sous terre, me sermonne-t-elle tandis que je balance mes vêtements sur une chaise pour embrasser Nine sur le front et la saisir par les épaules.

— Ne dis pas ça. Tu sais que tu es comme une deuxième mère pour moi. Tu n'as pas à te faire de souci, je ne suis plus un enfant.

Mécontente, elle me repousse.

— Une deuxième mère qui va se rapprocher de l'équipe juridique pour obtenir leurs bons conseils, gronde Nine en me contournant. Vous n'avez plus beaucoup de temps. Préparez-vous. L'inspectrice Evans ne va plus tarder, grogne-t-elle avant de quitter la pièce.

Elle finira bien par se calmer, pensé-je d'un calme impérieux. Ce matin, je n'ai aucune motivation. Je suis fatigué. Sans doute est-ce dû à toutes ces cochonneries de médicaments que j'ai prises pendant plusieurs semaines après l'opération. Je les ai stoppées, mais mon corps a besoin de temps et d'un entraînement sur-mesure pour retrouver sa forme.

Je file sous la douche. Je me frictionne les cheveux avec du shampooing quand la sonnerie de la maison retentit.

Merde. On m'a toujours dit que la police n'attendait pas. Mais je fais mon choix entre descendre à la hâte et me faire du bien.

L'eau chaude ruisselle sur moi. Mes membres me paraissent toujours sans vigueur. Seul l'un d'entre eux est au garde à vous. Alors, je pense à Juliette, à sa beauté et à son corps élancé que je devine sous ses vêtements. Immédiatement, je retrouve de l'énergie ainsi qu'un plaisir immense qui crépite dans mon bas-ventre alors que je me masturbe. Je me revois la prendre dans mes bras et caresser ses longs cheveux desquels émane souvent une odeur vanillée. Le parfum m'enveloppe. Là, sous la douche, je le sens. Il me saisit aux tripes. Il n'en faut pas plus pour que j'éjacule.

— Andrew ! L'inspectrice Evans est arrivée. Elle patiente au salon, annonce Nine en frappant à la porte avant de retourner au rez-de-chaussée.

On ne peut jamais être tranquille dans cette baraque.

Je sors de la douche et m'essuie brièvement. Je balance la serviette dans le panier à linge sale et je m'habille dans la chambre. Un sweat et un bas de survêtement feront l'affaire, simple et confortable.

Dans le salon, je découvre l'inspectrice Evans. Ses longs cheveux roux sont relevés dans une queue-de-cheval qui retombe sur son épaule. L'inspectrice, qui observait des photos de famille, vient à ma rencontre lorsque j'entre dans la pièce. Son expression professionnelle ne laisse transparaître aucune émotion.

— Andrew, dit-elle d'une voix posée.

Je l'invite à s'asseoir et m'installe sur un fauteuil face à elle. Nine que je devine planquée dans le couloir doit tendre l'oreille.

L'inspectrice s'empare du dossier qu'elle avait placé sur la table basse. Elle l'ouvre, révélant une série de photos de visages masculins. Elle m'explique que ces hommes sont des suspects potentiels dans l'affaire de Charlotte Green et elle me demande si l'un d'entre eux me semble familier.

— Qui est Charlotte Green ? la questionné-je.

— Veuillez m'excuser, j'avais oublié que vous ne la connaissiez pas.

Mensonge. Une tactique de flic consistant à prêcher le faux pour savoir le vrai.

— Charlotte Green est la jeune femme qui a été agressée dans sa maison à Blarney, le 10 octobre dernier. Les premiers examens ADN ont révélé que le sang sur la hache était le sien.

— Du rapide, relevé-je en hochant la tête.

— Cette enquête est prioritaire, annonce l'inspectrice qui pourrait être la digne descendante de Nine vestimentairement parlant.

Elle porte un costume gris anthracite, une chemise blanche boutonnée jusqu'au cou et des mocassins à franges qu'elle a certainement piqués à un troubadour du coin.

Je scrute les visages, mais aucun ne déclenche de réaction. Ma mémoire n'arrive pas à faire le lien.

— Je ne les ai jamais vus, avoué-je, un peu déçu de ne pas pouvoir aider davantage.

L'inspectrice Evans ne semble pas surprise.

— Aucun détail ne vous est revenu en tête depuis hier ?

— Comme je vous l'ai dit, je n'ai pas vu l'individu qui se trouvait sur le sentier forestier. Il m'a certainement entendu ou aperçu faire demi-tour et a dû remonter illico dans son véhicule. Je n'ai pas eu le temps de faire deux pas dans sa direction qu'il démarrait. J'ai réussi à distinguer sa casquette sombre et la partie inférieure de son visage qui me fait dire qu'il a la peau claire. Rien de plus.

Elle reprend des notes. Les mêmes que la veille puisque mon discours n'a pas changé.

— Merci, Andrew. Votre emploi du temps a été vérifié. Vous ne figurez plus parmi les suspects, annonce-t-elle en rangeant son calepin et son stylo dans la poche de sa veste.

— Je l'étais ?

— C'est la procédure de confirmer les alibis et les plannings des personnes concernées de près ou de loin par une enquête. Vous êtes définitivement écarté. C'est une bonne nouvelle, non ?

Je hausse les épaules. Je n'avais pas conscience que l'enquête s'était attardée sur mon cas.

L'inspectrice Evans enchaîne, coupant court à tout soulagement prématuré.

— La hache utilisée lors de l'agression de Charlotte Green est liée à une autre affaire survenue récemment dans le comté de Cork, annonce-t-elle sobrement sans en dire davantage. Ce n'est malheureusement plus confidentiel... Un journaliste a eu vent de la nouvelle.

L'ambiance se refroidit immédiatement. L'ombre du meurtrier plane dans la pièce. La menace est bien plus grande que je ne l'avais imaginé pour les habitants de la région.

— Je n'ai rien divulguer aux médias, me justifié-je.

— Je sais, répond sobrement mon interlocutrice. Vous n'êtes pas l'auteur de la fuite.

Elle n'en dit pas plus.

Avant de partir son dossier sous le bras, l'inspectrice Evans remarque la baie vitrée non verrouillée. J'explique que je prends parfois l'air sur la terrasse et que je me contente de pousser la porte.

— Vu votre statut de star du rugby, Monsieur Thompson, vous devriez être plus prudent. Des journalistes tournent dans le coin, m'informe-t-elle. Je ne vous apprends rien en vous rappelant que la police a dû intervenir à plusieurs reprises chez vous ces deux derniers mois.

— Je sais. Je serai plus vigilant.

— Un meurtrier est en fuite.

— Un meurtrier ? Charlotte est en vie...

Immédiatement, je fais le lien avec le crime commis à Carrigaline. L'inspectrice poursuit sans me laisser le temps de l'interrompre.

— Faites-moi le plaisir de verrouiller cette baie vitrée et tous les autres accès. De jour comme de nuit, c'est une question de bon sens, Andrew, insiste-t-elle en quittant la maison.

Je referme la porte derrière elle. L'inquiétude qui a éclôt lorsqu'elle a mentionné le fait qu'un meurtrier court toujours persiste.

— Je vais faire comme si je n'avais rien entendu concernant la baie vitrée qui n'était pas verrouillée, cette nuit, conclut Nine, contrariée, au pied de l'escalier. 

***

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