Savage love

By CeciliaCity

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Juliette mène une vie discrète à Cork, hantée par un passé douloureux. Lorsqu'elle rencontre Andrew Thompson... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6 - Andrew
Chapitre 7
Chapitre 8 - Andrew
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15 - Andrew
Chapitre 16 - Andrew
Chapitre 17 - Andrew
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 - Andrew
Chapitre 25 - Andrew
Chapitre 26
Chapitre 27 - Andrew
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32 - Andrew
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37 - Andrew
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46

Chapitre 3 - Andrew

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By CeciliaCity

        Après avoir enfilé des vêtements d'intérieur, je quitte ma chambre. Dans le couloir du premier étage, je m'arrête face à une vitrine abritant l'ensemble des trophées que j'ai remportés durant ma carrière. Il en manque un, le plus important. Celui d'une coupe du monde. La prochaine sera organisée dans moins d'un an en Angleterre, l'occasion rêvée pour le rugby irlandais de s'illustrer. Après tout, c'est l'une des meilleures équipes au monde depuis deux ans, si ce n'est la meilleure ! Ce n'est pas moi qui le dis, mais la World Rugby* avec son classement officiel.

Je m'observe dans la vitrine et remets en place des mèches de mes cheveux en bataille que j'ai frictionnés vigoureusement avec la serviette en sortant de la douche.

— Ça fera l'affaire, monologué-je en frottant ma barbe de trois jours qui a le don d'exaspérer Nine, la gouvernante.

Elle trouve que ça me donne un style négligé et peu appréciable. Comme je me fiche des conventions, c'est avec fierté que j'affiche ma trombine mal rasée aux yeux de tous. J'ai toujours été un rebelle. On me dit d'aller à gauche, je vais à droite. On me dit rouge, je dis jaune. On me dit foot, je dis rugby. Point.

Je me rends au rez-de-chaussée dans le salon qui semble être un endroit propice aux confidences. Si on peut dire ! Juliette Campbell, assise dans un fauteuil, discute vivement avec Nine de la soirée de samedi.

Je m'approche lentement, m'amusant du manque de détails que la gouvernante partage avec notre invitée. Le visage de la jeune femme trahit un certain agacement face aux réponses vagues qui lui sont formulées. Je décide d'intervenir et de mettre fin à cette mascarade.

— Mesdames, lancé-je en me frayant un chemin jusqu'au canapé. Je crois qu'il est temps de faire un point clair sur la soirée de samedi.

Juliette, surprise de ma soudaine apparition mais souriante, se lève pour me saluer.

— Ne vous levez pas pour moi, dis-je en allant à sa rencontre pour lui serrer la main.

Immédiatement, je suis saisie par la délicatesse de ses grands yeux en amande.

— Enchanté de faire votre connaissance, Juliette.

Ce qu'elle est belle, pensé-je en réussissant difficilement à lâcher cette brunette du regard. Son nez et ses joues sont parsemés de taches de rousseur. Ils donnent à son visage ce je-ne-sais-quoi qui a attiré mon attention lorsque je l'ai aperçue une semaine plus tôt dans un restaurant de Cork. Elle y dînait en compagnie de sa grand-mère. Je n'ai pas osé l'aborder de peur de la déranger. De toute façon, je suis naze en drague. J'avais besoin d'une approche plus subtile.

— Je vous retourne le compliment, Monsieur Thompson, répond-elle en se rasseyant dans le fauteuil.

Je lui souris en retour, charmé par la douceur qui émane d'elle.

— Comme je vous l'ai précisé tout à l'heure, c'est pour ma sœur que nous organisons cette soirée. Je veux m'assurer que tout soit parfait.

Nine se racle la gorge.

— Une petite toux ? lui demandé-je. Il y a des pastilles au miel dans la pharmacie à l'étage.

Je ne lui apprends rien. C'est elle qui la gère et Dieu sait qu'après mon opération il a fallu la remplir de compresses, de pansements et de divers médicaments.

— Tout va très bien, Andy, répond-elle impassible.

Je crois qu'elle essaie de me faire comprendre de ne pas donner trop de détails sur la soirée.

Je m'installe confortablement dans le fauteuil qui se trouve à côté de celui de Juliette.

— Je vais prendre le relais, Nine. Merci.

La gouvernante reste assise sur le canapé et me sourit en plissant les yeux. Le message est clair. Elle veut participer à la conversation pour m'éviter de dire des conneries et les rattraper si une ou deux d'entre elles sortaient malencontreusement de ma bouche. Un boulot à temps plein !

— Je me suis blessé au genou début juillet. J'ai décidé de venir passer ma convalescence dans la maison familiale. Crosshaven est un endroit calme où je peux me reposer et où je réaliserai ma rééducation à l'abri des regards. J'aimerais être totalement sur pied pour le prochain tournoi des Six Nations en février.

Nine se racle une nouvelle fois la gorge. Amusé, je tourne la tête dans sa direction en haussant un sourcil.

— Tu as attrapé froid, souligné-je en lui tendant un plaid posé sur l'accoudoir de mon fauteuil. Il faut dire qu'elle ne ménage pas ces efforts, apprends-je à Juliette. Nine est au four comme au moulin. C'est elle qui coupe le bois qui sert à alimenter la cheminée. Elle refuse toute aide de ma part ou de celle des autres employés. Les coups de hache l'apaisent. Étant donné que l'activité lui donne chaud, madame enlève sa veste à l'extérieur. Ensuite, elle tombe malade.

Nine se contente de me fixer en croisant les mains avant que son attention ne se focalise de nouveau sur Juliette.

— Je suis certaine, Andy, que notre invitée n'a que peu d'intérêt pour ce genre d'anecdote. Elle est ici pour une mission bien précise.

— Ce n'est pas faux, réponds-je.

Mon regard ne peut s'empêcher de se perdre dans celui de Juliette. Il décèle toutes les subtilités de ses prunelles. Elles me font immédiatement penser à du chocolat au lait, mon préféré d'un marron tendre.

— Juliette, dis-je finalement. J'ai suggéré de faire appel à May's Flowers pour la décoration. J'ai acheté des bouquets là-bas, de façon anonyme bien sûr, et j'ai été charmé par la créativité de vos compositions.

Ouais ! L'excuse parfaite pour ne pas lui avouer que lorsque je l'ai croisée la première fois, elle m'a tapé dans l'œil. J'ai eu la sensation d'être frappé par la foudre. Je discutais avec mon agent, accoté à la rambarde du premier étage du restaurant, et là, mon regard s'est posé sur Juliette. J'en ai perdu le fil de la conversation et l'espace d'une poignée de secondes, je suis resté prostré comme un idiot en l'observant. Deux semaines que je cherchais un prétexte pour me rapprocher d'elle histoire de faire plus ample connaissance.

Il faut savoir ruser dans la vie.

— Ma sœur mérite ce qu'il y a de meilleur. Votre travail est loué par tous les gens du coin !

Juliette me remercie puis se saisit de sa tablette posée sur la table. Elle décroche son stylet de sa housse et ouvre un document sur lequel elle apporte des annotations.

— Je peux vous avoir trois mille splendides fleurs d'une superbe qualité en provenance des Pays Bas, de la France et de l'Italie. Mais je ne peux pas vous assurer que les deux mille fleurs supplémentaires que vous me demandez nous seront livrées dans les temps. C'est-à-dire, jeudi dernier délai.

— Nous nous contenterons des trois mille, déclaré-je alors que Nine pince les lèvres. Et votre prix sera le mien.

— La décoratrice d'intérieur table sur cinq mille, réplique Nine.

— OK. Dans ce cas, tu peux te charger de trouver les deux mille manquantes.

Ma réponse déconcerte la gouvernante.

— Attention, la préviens-je. Elles devront être d'une qualité égale à celle de May's Flowers.

Piégée. Nine se lève en lissant sa jupe.

— Je vais de ce pas contacter notre chère décoratrice et m'assurer, auprès des avocats, que le contrat de confidentialité prend forme.

J'acquiesce et me félicite intérieurement d'être enfin seul avec Juliette.

— Nous vous prenons au dépourvu et j'en suis désolé.

— Si j'aspire à faire prospérer l'entreprise, je dois apprendre à gérer les demandes de dernières minutes, confesse-t-elle en glissant une mèche de ses longs cheveux ondulés derrière son oreille.

Le coup d'œil qu'elle me lance appuyé d'un sourire timide me désarme. Cette femme est humble et certainement d'une grande sensibilité. Qui ne le serait pas après le drame qu'elle a vécu ? Il a fait la une des médias canadiens. C'est Clara qui m'a dévoilé cette information en faisant des recherches sur la jeune femme

J'ai envie de l'étreindre et de la rassurer, mais je n'en fais rien. Elle me prendrait pour un cinglé. Et puis, la pitié n'a jamais fait avancer personne. À un degré moindre, j'en suis inondé depuis ma blessure et ça m'emmerde.

— Est-ce une réponse positive ? Vais-je pouvoir me vanter auprès de mes amis d'avoir engagé la meilleure fleuriste de la région ?

— La meilleure, je ne sais pas, glousse Juliette. J'essaie de faire mon travail avec amour et conviction. Ce ne sont que des fleurs. Je ne trouve pas de remèdes qui pourraient guérir des maladies, mais je tente de transmettre un peu de bonheur aux gens à ma façon.

Il y a quelque chose de captivant dans la façon dont elle parle de son métier, de la manière dont ses mains esquissent des gestes gracieux pour illustrer ses propos. La conversation se prolonge et une heure passe sans que je ne m'en rende compte.

C'est alors que Clara, mon assistante, entre dans la pièce. Elle semble surprise de me voir là.

— Andrew, que fais-tu ici ? Tu n'es pas censé te reposer un peu ? s'intéresse-t-elle en posant ses affaires sur une chaise.

— Je voulais discuter des détails de la soirée avec Juliette, assuré-je en me levant. S'il te plaît, transmets-lui le dossier complet des fiançailles. Et peu importe le prix du devis, valide-le.

Clara, étonnée, mentionne dans un murmure qu'aucun contrat de confidentialité n'a été signé.

Combien de fois cette phrase va être prononcée ?

— Je suis convaincu que Juliette ne causera pas de fuite. Arrêtons de nous prendre trop au sérieux. La soirée n'est pas un dossier secret défense ! m'exclamé-je. Quand bien même les médias viendraient à en prendre connaissance, ce ne serait pas si dramatique, ironisé-je.

Clara secoue la tête pour faire bonne figure.

— Très bien. C'est toi le patron, me dit-elle avant de se tourner vers Juliette. Je vous enverrai tous les fichiers par mail en espérant une réponse positive avant la fin de la journée.

Juliette se lève du fauteuil. Elle range sa tablette dans son sac dont elle passe l'anse autour de son épaule.

— Je ne vous promets pas de miracles, mais je ferai mon possible pour vous apporter une entière satisfaction.

Un oui, subtil. J'aime ça !

— Pensez-vous pouvoir nous transmette un devis, ce jour ? l'interroge Clara.

— Vous l'aurez avant vingt heures.

Mon regard se pose à nouveau sur la fleuriste et son assurance tranquille.

Je me réjouis d'avance de travailler avec Juliette pour faire de cet événement un moment inoubliable. La jeune femme me salue en me serrant la main. Elle est raccompagnée par Clara jusqu'à sa voiture tandis que Nine, debout à l'entrée du salon, m'observe.

— Andy, le kiné est arrivé. Il vous attend dans la chambre d'invité pour une séance d'étirements.

Je prends lentement la direction du premier étage. Il est plus facile de descendre les escaliers que de les monter.

Nine m'épie, plantée en bas des marches.

— Qui y a-t-il ? lui demandé-je en me penchant par-dessus la rambarde.

Son silence est éloquent.

— Nine ? insisté-je. Au bout de dix ans à se pratiquer l'un l'autre... pas de cachotterie entre nous.

Mon humour ne la déride pas. J'ai l'habitude.

— J'imagine qu'il me faut formuler une demande de dernière minute au traiteur concernant l'ajout d'un couvert, samedi soir.

— Quatre. Quatre personnes travaillent chez May's Flowers, conclus-je en disparaissant au premier, fier de mon coup.

* La World Rugby est une fédération internationale qui gère le rugby à XV et le rugby à sept. Elle définit les règles du jeu et organise les principaux tournois.

*** 

N'hésitez pas à voter ;)

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