Savage love

Por CeciliaCity

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Juliette mène une vie discrète à Cork, hantée par un passé douloureux. Lorsqu'elle rencontre Andrew Thompson... Más

Prologue
Chapitre 2
Chapitre 3 - Andrew
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6 - Andrew
Chapitre 7
Chapitre 8 - Andrew
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15 - Andrew
Chapitre 16 - Andrew
Chapitre 17 - Andrew
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 - Andrew
Chapitre 25 - Andrew
Chapitre 26
Chapitre 27 - Andrew
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32 - Andrew
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37 - Andrew
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45 - Andrew
Chapitre 46

Chapitre 1

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Por CeciliaCity


Cork, Irlande

Deux ans plus tard, 1er octobre


La chance sourit aux audacieux


Huit heures sonnent.

J'entends le coq de mon père pousser la chansonnette dans le jardin. Je m'éveille avec la douce caresse des premiers rayons du soleil qui filtrent à travers les rideaux clairs et fins. Blarney, le petit village irlandais dans lequel je vis, se réveille en même temps que moi. Un murmure croissant de vie s'infiltre dans ma chambre. Les corbeaux entament leur mélodie matinale, créant une symphonie naturelle à laquelle j'ai fini par m'habituer au bout de trois ans. Leurs croassements comblent le silence qui a tendance à souvent m'effrayer. Je n'y peux rien. Souvent, la peur me tenaille.

Je m'étire lentement, chassant le sommeil qui persiste dans mes membres. Au bout de plusieurs secondes à fixer le plafond, je finis par me lever. À travers ma fenêtre, je constate que le ciel prend des teintes pastel, annonçant une journée prometteuse. Mon regard se perd ensuite en direction des arbres qui bordent la petite route devant la maison. J'aperçois les voisins, des retraités, vaquant à leurs occupations. Fidèles à leur rituel, ils sortent acheter le pain frais de la boulangerie française qui a établi ses quartiers à un kilomètre de là. C'est la promenade quotidienne du couple.

Je jette un coup d'œil à l'horloge murale qui affiche huit heures quinze.

C'est le moment de quitter mon cocon chaleureux. La perspective de rejoindre ma fleuristerie me motive particulièrement. C'est là-bas que je m'épanouis et que j'oublie éphémèrement les souffrances qui me tenaillent le cœur. Celles qui m'obligent à feindre que tout va bien alors que ce n'est pas le cas. Les démons qui me hantent sont là. Toujours là.

M'immobilisant au centre de la pièce, je prends une grande inspiration.

— Tu verras, tout va bien se passer, dis-je à haute voix, en serrant les poings, pour me donner du courage. Allez.

Je file sous la douche et je m'habille.

Une fois prête, je me tiens devant le miroir, ajustant mes longs cheveux bruns et ondulés en une queue-de-cheval décontractée. L'excitation parcourt mes veines quand je pense au contrat que la fleuristerie a déniché, la veille, avec la ville de Cork. C'est une consécration. Il y a trois ans, j'ai pris le risque de créer cette boutique en m'associant avec ma grand-mère, une femme dont la passion pour les fleurs rivalise avec la mienne. Ensemble, nous avons transformé un simple local du centre-ville de Cork en une boutique agréable, un endroit où chaque pétale raconte une histoire. Toutes mes économies y sont passées, mais je ne regrette rien. Cette boutique est mon havre de paix. Sans elle, je serais devenue folle.

Je traverse l'annexe dans laquelle je vis seule avant d'entrer dans la maison que mon père partage avec ma grand-mère. Quand il a su qu'elle et moi avions décidé de quitter le Canada pour l'Irlande, il lui a semblé naturel de nous suivre. Papa est très protecteur et les tragiques évènements qui m'ont touchée n'ont fait que renforcer son envie de garder un œil sur moi.

— Il y a quelqu'un ? demandé-je dans la cuisine où je me sers une tasse de café que j'avale en lisant le mot posé sur le frigo.

« Ton père et moi sommes partis au marché maritime. À ce soir, ma chérie. » Le mot est signé « Ta grand-mère qui t'aime. ».

— Moi aussi, je t'aime, mamie, murmuré-je un sourire aux lèvres.

Cette femme est un amour. Elle est une douce brise parfumée qui emporte le poids du quotidien parfois étouffant. Elle est ma bouée. Ma confidente. Celle qui m'écoute et me console lorsque le moral est au plus bas. Et ça, ça arrive souvent. Elle partage aussi mes joies et mes succès. C'est elle qui me retient quand je suis sur le point de tomber dans un gouffre sans fond. Si aujourd'hui, je suis encore debout, c'est en partie grâce à grand-mère, songé-je en effleurant le portrait de famille accroché dans le couloir.

Le trajet jusqu'au centre-ville de Cork est rapide, à peine vingt minutes en voiture. Je me gare sur un petit parking dédié aux commerçants et je poursuis mon chemin à pied. Les premières gouttes de rosée scintillent sur les feuilles des arbres et me laissent songeuses. Après un court instant à admirer la beauté de la nature aux couleurs automnales, je pénètre dans le centre historique de Cork constitué de rues sinueuses et de ponts. Les échoppes s'ouvrent une à une, révélant leurs trésors aux passants matinaux. Je suis bercée par le murmure de la vie urbaine, une symphonie de pas pressés, de conversations animées et de volets métalliques qui sont levés. Je me faufile dans une ruelle au bout de laquelle se dresse ma fleuristerie.

Sa façade végétale capte l'attention au milieu de l'architecture pittoresque et médiévale de la ville.

La devanture est ornée de guirlandes de fleurs fraîches, un avant-goût de la beauté qui règne à l'intérieur de la boutique. Je fais glisser la clé dans la serrure, ouvre la porte et me plonge dans l'atmosphère enivrante de mon petit royaume.

— Bonjour Juliette ! s'exclame Colm, un trentenaire dynamique et un salarié à temps plein depuis le début de l'année.

Le grand gaillard, aux courts cheveux aussi blonds que les blés, m'accueille avec un grand sourire aux lèvres. Sa bonhomie est contagieuse.

Je n'aurais pas pu rêver meilleur collègue ! Il est force de proposition, c'est un lève-tôt et il est du genre à ne pas compter ses heures. Si bien que parfois, je dois le mettre à la porte pour m'assurer qu'il ne reste pas jusqu'à minuit.

— J'espère que tu n'as pas dormi dans l'arrière-boutique, lui dis-je dans une brève étreinte.

— Non, je suis juste arrivée tôt, affirme-t-il en me tendant la liste des commandes qui devront être honorées dans la journée.

— Vingt-deux bouquets, m'enchanté-je en sachant que ce n'est que le début de la journée et que les clients et les commandes en ligne vont affluer.

— J'ouvre la boutique dans un quart d'heure. Abigail nous rejoindra à dix heures. Elle a quitté tard hier soir pour terminer les compositions florales du mariage gigantesque des Fenmor.

— Je lui avais pourtant dit que je m'en chargerais ce matin.

— Tu la connais ! Elle est perfectionniste. Elle aime finir tout ce qu'elle commence, notifie Colm en haussant les épaules tandis que je file dans l'arrière-boutique ranger mes affaires avant d'enfiler mon tablier.

Je dédie ce début de journée à la gestion des stocks pendant que Colm s'occupe de la clientèle. Ensuite, je m'assure de la qualité des fleurs reçues le matin même. Pour une meilleure conservation, elles sont entreposées dans une pièce fraîche à l'abri de la lumière du soleil et des courants d'air. Pour finir, je vérifie avec soin la disposition des bouquets placés dans la vitrine. Chaque arrangement doit respirer la vie et la couleur pour attirer le regard.

Aux alentours de dix heures, après avoir confié des bouquets préparés par Colm et Abigail à notre livreur, je m'empare de mon ordinateur portable et je me penche de nouveau sur le carnet de commandes. Je le mets à jour, assise dans un des fauteuils douillets de la boutique.

Le son du carillon installé sur la porte me tire de ma réflexion. Je pose le PC derrière la caisse. Une femme longiligne, splendide dans son costume rose, entre. Elle passe sa main dans ses courts cheveux noirs en scrutant la boutique d'un œil intéressé. Sachant Colm occupé, je vais à la rencontre de la cliente.

— Vous êtes Juliette Campbell ? L'une des gérantes ? demande-t-elle d'une voix délicate.

— Oui, réponds-je en cachant la méfiance qui m'anime.

Est-ce une journaliste qui m'aurait retrouvée et souhaiterait s'entretenir avec moi à propos de Woody et de l'affaire nommée « La maison de l'horreur » par les médias canadiens ?

— Enchantée, je suis Clara Galde. Une grande fan de votre travail !

Sans dire un mot, je l'observe en acquiesçant.

— Cet endroit est fabuleux !

Le compliment me va droit au cœur. Toute la décoration a été pensée par grand-mère et moi. — Comment puis-je vous aider ? souris-je.

Clara m'explique que son employeur organise une réception ce week-end. Elle cherche à obtenir un devis pour la décoration florale de tout le rez-de-chaussée d'une maison de campagne de plus de mille mètres carrés. Mon esprit est déjà en ébullition. Les idées fusent jusqu'à ce que la réalité me rattrape. Le temps est un problème. Les délais sont trop courts. Je m'immobilise un instant.

— Je sais ce que vous allez me dire. Que c'est un défi de taille à réaliser en à peine quatre jours.

J'acquiesce. Elle lit dans mes pensées !

— Impossible n'est pas Juliette, intervient Colm en se postant à mes côtés.

Qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour toucher sa prime à la fin du mois !

— C'est pour cette raison que je suis ici. Bon nombre de mes connaissances à Cork m'ont vanté les talents de May's Flowers. Il se dit que vos créations sont de toute beauté ce que je peux confirmer maintenant que je suis dans votre boutique. J'ai besoin d'un devis que je soumettrai à mon patron. Je sais sans la moindre hésitation que c'est avec vous que nous allons travailler. C'est une évidence.

Je rougis flattée par tant d'éloges. Mais je n'en oublie pas moins la réalité.

— Si vous le souhaitez, nous pouvons nous installer quelques instants pour discuter des modalités de l'événement et voir ensemble ce que nous pouvons tenter de faire ou non dans un laps de temps restreint, proposé-je prise au dépourvu. Je ne peux pas vous assurer de notre capacité à honorer vos demandes. Toutefois, je pourrais vous aiguiller vers des confrères qui ont l'habitude de travailler dans l'urgence dans le cadre d'événements d'envergure.

— C'est avec May's Flowers que je désire collaborer. Je veux le meilleur fleuriste de la région pour marquer le coup. Samedi soir, un événement singulier aura lieu et tout doit être parfait dans les moindres détails. Il nous faut une décoration florale fabuleuse.

— Je comprends vos demandes, mais je dois les étudier au préalable pour être certaine de pouvoir les satisfaire. Asseyons-nous quelques instants pour en discuter.

La cliente d'approximativement quarante ans n'en démord pas et me lance son sourire le plus charmeur.

— J'ai des rendez-vous auxquels je ne peux pas me soustraire, annonce Clara en sortant une carte de visite de son sac sur laquelle elle inscrit une adresse à laquelle elle m'enjoint de me rendre pour 16 heures.

J'hésite à la saisir.

Colm, que je n'avais pas entendu arriver dans mon dos, la récupère et écarquille les yeux. Après quoi, il croise les mains dans son dos en retenant le sourire sur ses lèvres.

— Aucun souci. Juliette passera, assure-t-il sans m'avoir demandé mon avis.

Je fais bonne figure face à Clara qui quitte les lieux enchantée par la nouvelle.

— Tu es fou ! Tu as vu tout le travail que nous devons encore abattre pour honorer les commandes qui devront être livrées avant dix-neuf heures.

Colm semble sur un petit nuage.

— Abigail et moi allons gérer. No stress !

Il me saisit par les épaules, les yeux remplis d'étoiles et certainement d'euros...

— Tu dois obtenir cette mission qui débouchera sur d'autres contrats !

— Tu m'as l'air bien sûr de toi !

— Tu as lu l'adresse sur la carte ? m'interroge Colm en me fourrant ladite carte sous le nez. C'est à Crosshaven ! Le coin de paradis des nantis ! C'est notre porte d'entrer pour le succès ! le bouche-à-oreille est rapide chez les gens riches quand ils sont satisfaits des prestations rendues.

Ces arguments peinent à me convaincre. Ma moue perplexe le pousse à argumenter un peu plus.

— Juliette. Tu n'as pas ouvert les journaux ces derniers temps ?

Mon air confus fait soupirer Colm.

— On raconte qu'Andrew Thompson, le Andrew Thompson, s'est acheté une maison à Cork.

— Qui est Andrew Thompson ? l'interrogé-je.

Il s'écarte d'un pas pour me considérer de la tête aux pieds.

— C'est vrai. J'avais oublié que le sport et toi faites deux voire dix, lâche-t-il blasé. Il est le capitaine et le demi de mêlée de l'équipe nationale de rugby !

— OK, réponds-je sans grand enthousiasme.

Le rugby n'est vraiment pas ma tasse de thé. Je n'ai jamais compris les règles de ce jeu qui enthousiasme l'Irlande. Et pour être honnête, je n'ai jamais cherché à les comprendre.

— Il nous faut ce contrat, insiste Colm dans un regain d'énergie.

— Tu n'es même pas certain que ce soit lui, le patron de cette Clara.

— Nous en aurons le cœur net une fois que tu auras mis les pieds à cette adresse, garantit Colm en me glissant la carte de visite entre les mains. Tu aspires à faire prospérer la marque May's Flowers, non ? À entrer dans la cour des grands ?

— Oui, mais...

— Pas de mais. Tout ce que touche Thompson se transforme en or. Tu vas honorer le rendez-vous et dans quelques années, tu me remercieras ! conclut Colm en allant renseigner un client qui observe les étals de fleurs à l'extérieur.

***

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