Chapitre 74 : Au nom des héritières

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Aélis

Je poussai un long soupir dans mon sommeil, me blottissant davantage contre mon amant. Un vent frais s'insinua dans la chambre que nous partagions et m'effleura le visage. C'était agréable ... Je gigotai sous la fine couverture en lin, plissant le nez. Cette odeur ... Je la connaissais ... Une odeur venant de mon enfance ... Qu'est-ce que ... ? 

Je n'eus pas le temps de comprendre ce qui arrivait que Màni, que je croyais profondément endormi, se retourna d'un bond, pointant la lame de sa dague sous la gorge de quelqu'un. Sa dague ? Il dormait avec ? 

Je m'éveillai en sursaut, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine. Dans la pénombre, je ne distinguai pas la personne qui nous surplombait. Je pressai la couverture contre mon corps nu, gênée et me demandant bien qui était cette personne.

- Ce n'est que moi, baisse ton arme, ordonna une voix que je connaissais depuis de longues années.

- Mère ? m'étonnai-je en francique, mes yeux s'habituant de mieux en mieux à l'obscurité.

Je réussis à distinguer ses longs cheveux roux lâchés dans son dos et ses yeux sérieux. Que faisait-elle ici au milieu de la nuit ? Pourquoi ? Màni reposa doucement sa dague, suspicieux.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? l'interrogeai-je.

- C'est plutôt moi qui devrais te demander pourquoi tu es accompagnée, ma fille ... Je croyais que les religieuses avaient décidé que tu dormirais avec la fille du Nord ...

Pourtant, son ton ne sonnait pas comme une accusation. Je n'étais plus une enfant. Je savais prendre mes propres décisions. Et je n'avais jamais eu de conseils sur l'amour de la part de ma mère tout simplement car elle n'avait pas été là pour moi. Une part de moi lui en voulait encore ...

- J'ai quelque chose à te montrer Aélis avant que nous ne partions. Habille-toi et suis-moi.

Elle marqua un arrêt avant que ses yeux ne s'attardent sur Màni.

- Tu peux aussi venir si tu le désires.

Et sans rien ajouter de plus, elle sortit de la chambre, refermant la porte derrière elle. Je restai un instant sous la couverture, abasourdie, clignant plusieurs fois des paupières. Qu'est-ce qui venait de se passer au juste ? Que venait faire ma mère dans ma chambre en plein milieu de la nuit ? Encore un peu comateuse, j'essayais de comprendre ce qui venait de se passer, frottant mes yeux encore fatigués.

- Toutes ces années passées dans cette église ont rendu ta mère complétement folle ... marmonna Màni en norrois.

J'étais presque d'accord avec lui. Pourquoi voulait-elle nous voir maintenant ? Cela ne pouvait-il pas attendre le matin ? Màni poussa un long soupir avant de repousser la couverture et de se lever. Il chercha à tâtons ses vêtements qu'il avait retirés hier soir après nos ébats. Il trouva finalement son pantalon en lin et me lança ma chemise de nuit. Je l'attrapai au vol je ne sus comment et commençai à m'habiller, un peu gauche après avoir été tirée brutalement de mon sommeil. Encore dans un demi-sommeil, j'enfilai ma robe à l'envers avant de m'en rendre compte et de la remettre dans le bon sens. 

Contrairement à moi, Màni semblait bien plus alerte et rangeai déjà sa dague dans son fourreau. Comment faisait-il pour être aussi alerte après avoir été réveillé en pleine nuit ? 

Je m'extirpai de mon lit, telle une larve sortant de son cocon. Je ne pus réprimer un long bâillement. Màni plongea sa tête dans une petite bassine d'eau posée sur une petite table en bois. Je fis de même, me servant de mes mains comme réservoir. 

Les idées enfin un peu plus claires, je sortis de la pièce, suivie de ma louve. Évidemment, cela ne pouvait pas être un ennemi sinon Nix aurait réagi. Du moins, j'aimais à le croire.

L'oiseau sans ailes (Tome 1)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن