L'oiseau sans ailes (Tome 1)

Chapitre 18 : Le roi de Francie

Lothaire

Lothaire avait galopé durant des jours, prenant peu de temps pour se reposer. La vie d'Aélis était entre ses mains. Plus il mettrait de temps à rallier Paris, plus elle resterait la captive des hommes du Nord. Et il ne savait que trop bien de quoi ils étaient capables ... Imaginer Aélis au milieu de ces barbares ... Sa courageuse Aélis ... Serait-elle de taille à les affronter ? 

Lothaire ne pouvait s'empêcher d'avoir peur pour elle. Et s'ils décidaient de la maltraiter, de la torturer ... ? Non. Ils avaient besoin d'elle en vie pour exiger une rançon. En vie mais pas nécessairement en bonne santé ... Quelle horreur ! Non ! Il ne pouvait pas les laisser abuser de son amie et le seul qui était assez puissant pour lui venir en aide était le roi de Francie.

Lothaire vit bientôt devant lui le Grand-Pont traversant la Seine, construit par le grand-père d'Aélis, Charles le Chauve. Le jeune homme se fraya un passage parmi la foule dense de marchands, de paysans et de soldats qui convergeaient vers la grande ville. Lothaire fut fort impressionné par les fortifications qui enserraient la cité, la protégeant de toutes attaques. Paris avait été plusieurs fois le théâtre de raids des hommes du Nord, notamment par le célèbre Ragnar Lodbrok. Mais tout ici semblait démesuré pour le brun. Les grands tours qui ponctuaient l'enceinte fortifiée, les soldats qu'ils apercevaient sur le chemin de ronde, et toute cette foule qui se pressait dans l'enceinte ... Cela ne ressemblait en rien à la cité du Mans. 

Lothaire entra dans la cité sans être arrêté et se dirigea alors vers l'ancien palais romain, qui était désormais le palais du roi, le palais de la cité. Le roi de Francie n'y résidait pas toujours car la cour était itinérante mais Lothaire espérait vraiment qu'il soit ici. Il n'avait pas le temps de le chercher dans toute la Francie occidentale. Et au vu du nombre de soldats dans la cité, il se disait que le roi était sans doute ici.

Il puisa dans son courage, ignorant les battements affolés de son cœur. Il avait déjà rencontré le roi de Francie quand il était enfant mais il n'était pas certain que ce dernier se rappelle de lui. Cela faisait plus de dix années maintenant, voir plus. De l'eau avait coulé sous les ponts. Mais il ne pouvait pas se défiler maintenant. Pas s'il voulait sauver Aélis. Elle avait besoin de son aide ! 

Malgré lui, il sortit de sa besace la cape de son amie et l'observa une fois encore, se rappelant pourquoi il faisait tout ça. Pour la sauver et la retrouver. Et pour tenir cette promesse qu'il lui avait faite il y a fort longtemps. Celle de toujours être à ses côtés et de la protéger. Il avait échoué une première fois mais il n'échouerait pas cette fois-là.

Lothaire décida de mettre pied à terre et se dirigea vers l'imposant palais, tenant son cheval par la bride. Il se trouvait sur cette grande île au milieu de la Seine que l'on appelait l'île de la cité. Hildegarde lui en avait plusieurs fois parlé, quand elle leur racontait des histoires, à lui et Aélis. Tout semblait si facile à cette époque ... Les hommes du Nord ne menaçaient pas leurs terres et leurs vies ... Judith était encore une enfant, incapable de leur faire du mal, autre que de les incriminer pour des bêtises qu'ils n'avaient pas faites, et Drogo était encore un inconnu ... Et maintenant ... 

Lothaire secoua ses cheveux bruns et continua d'avancer. Il s'arrêta devant l'entrée du palais, une lourde porte en bois surmontée d'une arche en pierre. Deux soldats francs montaient la garde.

- Halte ! lui ordonna un garde estimant sans doute qu'il s'approchait trop près.

- Je dois voir le roi. Je suis un envoyé de sa cousine, Aélis du Maine.

Ce n'était pas entièrement vrai mais c'était le seul moyen pour qu'il puisse entrer.

- Attendez ici, lui ordonna le soldat avant d'entrer dans le palais.