Chapitre 52 : Un saut dans l'inconnu

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Aélis

- Je suis la protectrice du Maine ! Je suis la seule dirigeante légitime de mes terres. J'ai fait de toi un comte mais ne crois pas un seul instant que nous sommes égaux !

Judith posa vivement les mains sur ses lèvres comme si j'avais maudit Dieu de tous les noms.

- Je croyais que tu voulais négocier ... résonna alors la voix faible de Drogo.

- Je vais reprendre mes terres. Et mon titre de comtesse.

- Tu n'en es plus digne, feula Judith. Tu n'en es plus digne à l'instant-même où tu as choisi de devenir l'une des leurs ! hurla-t-elle en pointant Màni du doigt. As-tu écarté tes cuisses pour un normand ? Comme tu l'avais fait jadis pour Lothaire ? Tu n'es qu'une putain qui vend son corps pour le pouvoir !

- C'est faux ! s'écria Lothaire, prenant ma défense.

Parce qu'elle croyait sincèrement que Lothaire et moi étions amants ? Grand Dieu ! Il était comme un frère pour moi ! Et cela lui allait bien de dire ça sachant ce qu'elle m'avait fait subir toute ma vie ... J'émis un petit rire nerveux.

- De la part d'une catin notoire qui a volé l'époux de sa propre sœur, voilà qui est un compliment.

- Je ne suis pas une catin !

- Oh voyons Judith ! fis-je mine de m'émouvoir. Ignores-tu sincèrement les rumeurs qui courent à ton sujet dans tout le comté ? Le nom de catin est sur toutes les lèvres. Car après tout, c'est ce que tu es. Une catin, et une bâtarde.

- Je t'interdis de ...

- De quoi ? D'énoncer la vérité ?

Judith se tut sous mon ton cassant. Des larmes factices emplirent ses yeux alors qu'elle se retournait vers son amant, cherchant du soutien.

- Drogo ... Ne la laisse pas dire de telles choses ...

Et évidemment, ce brave Drogo fut ému des larmes de sa chère et tendre. Pitoyable.

- Aélis, ne déverse pas ta colère sur elle. Je sais que tu m'en veux de ne pas avoir pu t'aimer comme je l'aurais dû ...

- Oh non, crois-moi je m'en moque.

Il ouvrit la bouche sur un son qui n'en sortit pas.

- C'est Père qui a décidé de ce mariage et non moi. Car si j'avais eu voix chapitre, sache que jamais je ne t'aurai choisi, Drogo.

- Je suis ton époux ! s'offusqua-t-il.

- Un époux qui trompe son épouse le soir même de leur mariage ... Que jure-t-on déjà le jour de son mariage ? Ah oui ! Nous jurons fidélité à l'autre ! Connais-tu le sens de ce mot, Drogo ?

- Plus un mot ... souffla le brun en un souffle, comme incapable de respirer.

- Mais je suis une femme magnanime. Je vous offre une chance de vivre votre vie tous les deux, unis dans un mariage rempli d'amour.

Mon ton était méprisant alors que je posais les yeux sur eux.

- Le marché est simple. Je reprends mes terres et mon titre de comtesse. Vous serez exilés tous les deux loin de mes terres. Une fois exilés, vous pourrez faire ce que vous voulez, je m'en moque. Partez simplement loin d'ici pour ne plus jamais revenir.

- Mais je suis ton époux, Aélis. Nous sommes unis devant Dieu !

- Je trouverai bien quelqu'un pour défaire cette union. Je suis certaine que le roi de Francie, mon cousin, accédera à ma demande.

L'oiseau sans ailes (Tome 1)Where stories live. Discover now