L'oiseau sans ailes (Tome 1)

Chapitre 9 : Pour une amie ou pour l'or ?

Lothaire

Lothaire prit une grande inspiration. Il devait se confier à quelqu'un. Ce poids qu'il portait sur la conscience était devenu peu à peu bien trop lourd à supporter. Surtout depuis qu'Aélis avait disparu.

- Judith et Drogo avaient pour projet de faire tuer Aélis. Ils voulaient la livrer aux hommes du Nord en leur promettant de l'or que jamais ils ne leur donneraient. Ainsi, ils espéraient que les hommes du Nord tuent Aélis en guise de représailles.

- Ainsi ils n'auraient pas son sang sur les mains ...

Godric semblait le croire, ce qui réconforta grandement Lothaire.

- Oui ... Drogo deviendrait le seul comte du Maine et il pourra épouser Judith, qui est sa maîtresse.

- J'étais contre le mariage de Dame Aélis avec ce Drogo mais le feu comte Arnulf a ignoré mes protestations.

Évidemment. Le comte Arnulf n'avait jamais eu à cœur les intérêts d'Aélis, seulement ceux de sa fille bâtarde, Judith. Pourquoi avait-il choisi Drogo plutôt qu'un autre ? C'était un petit seigneur sans grande importance. Tous avaient été étonnés d'apprendre le mariage de la cousine du roi de Francie avec un petit seigneur sans fortune. Pourquoi Arnulf avait-il fait cela ? Il serait bien ardu de lui demander maintenant qu'il reposait dans sa dernière demeure.

- Tu crois donc que Judith et Drogo ont essayé de tuer Dame Aélis ?

- J'en suis persuadé. C'était leur plan. Mais que s'est-il passé ce matin-là ... ? Je l'ignore. Après avoir appris l'existence de ce complot, j'ai aidé Aélis à fuir la cité pour sa propre sécurité. Elle devait rejoindre ce monastère puis nous serions alors partis rejoindre le roi.

- Pour vous placer sous sa protection. C'était très habile.

Peut-être mais ils avaient échoué ...

- Mais Aélis n'est jamais arrivée ici, n'est-ce pas ? devina Lothaire.

Sinon les moines ne lui auraient pas présenté leurs condoléances et Godric ne serait pas aussi chagriné.

- Non, mon garçon ...

- Avez-vous entendu des rumeurs qui pourraient la concerner de près ou de loin ?

- J'ai bien peur de te décevoir mais ce n'est pas le cas. Pour tout le Maine, sa Dame n'est plus. Les seules rumeurs qui enflent sont celles concernant les hommes du Nord et leur prochaine attaque.

Attaque qui ne tarderait sans doute pas après les propos tenus par Judith. Comme Drogo et elle ne comptaient pas les payer, les hommes du Nord allaient tout simplement se servir.

- Vous devez faire très attention à vous, Père Godric, le mit en garde Lothaire.

- Crois-moi, je connais fort bien les hommes du Nord et ce qu'ils sont capables de faire ... Mes yeux en sont la preuve.

Ce qui ne rassurait pas du tout Lothaire. On disait les hommes du Nord encore plus cruels avec les clercs. Était-ce le destin qui l'attendait ? Il n'était pas impatient de recroiser la route des deux frères ...

- Toi aussi tu devrais faire attention à toi, le prévint Godric.

- J'essayerai mais je dois retrouver Aélis.

Le vieil homme poussa un long soupir.

- Lothaire ... J'ai bien peur que tu ne t'engages sur un chemin très dangereux ...

- Peut-être mais elle l'aurait fait pour moi. Et je dois la retrouver. Je lui ai fait la promesse de toujours être auprès d'elle et de toujours la protéger. Et je tiendrai parole.