Chapitre 4 : Benji

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    Des gémissements aigus me parviennent par intermittence, camouflés par les pulsations cardiaques qui résonnent contre mes tympans.

    Ne pense à rien, ne pense à rien, je me répète inlassablement.

    J'accélère la cadence, assenant la blonde de mes coups de reins qui la font gémir plus bruyamment. Malmenée par mon acharnement, elle finit par croiser mon regard par-dessus son épaule.

    La bouche entrouverte, les yeux mi-clos, elle tend ses doigts bagués vers moi en cherchant à atteindre ma cuisse. Pour m'arrêter ou m'encourager ? Je n'en ai aucune idée et je ne veux pas savoir. Je la cloue au matelas pour l'empêcher de me toucher, pour l'empêcher de devenir réelle. Je ne veux pas de tendresse, je n'ai pas envie de la ménager. Je veux juste me décharger.

    Sa voix monte en puissance alors que je redouble d'efforts. Ses mains agrippent les draps tandis que ses cheveux dansent le long de sa colonne vertébrale. Je les empoigne et tire sa tête en arrière. Un grognement rauque quitte mes lèvres lorsque je me laisse enfin aller dans le préservatif. Mon corps tout entier se contracte dans un dernier effort, avant de se détendre contre son dos moite. Je me rabats à côté d'elle, à bout de souffle, mais libéré.

    Big Boobs tente un autre contact. Comme précédemment, je la dénigre en me décalant un peu plus loin. Je rabats mes boucles brunes en arrière alors qu'elle se redresse déjà.

    — Tu y es allé plus fort que la dernière fois... remarque-t-elle. T'es contrarié ?

    La pointe de rancœur dans sa voix ne m'affecte pas, mais ce genre de reproches ne m'atteint plus depuis longtemps.

    — Si tu n'aimes pas ma façon de faire, rien ne t'oblige à revenir vers moi.

    Je ne cherche pas à être spécialement méchant, mais Big Boobs se vexe.

    — C'est bon, Benji, je disais ça comme ça...

    — Pourquoi tu dramatises ?

    Un silence pesant s'installe dans la chambre. Du coin de l'œil, je distingue ses yeux maquillés de noir qui m'observent toujours. La blonde finit par comprendre que ça ne sert à rien d'insister et se lève pour aller prendre une douche. Quand je redresse la tête vers sa carrure longiligne, sa peau pâle porte les rougeurs que j'ai laissées sur ses hanches et à l'arrière de ses cuisses.

    Je reste un moment allongé sur mon lit, le regard perdu sur le plafond. La sensation acide s'est atténuée avec le sexe, mais je la sens toujours, logée au fond de mon ventre.

    La blonde revient de la salle de bain quelques minutes plus tard, une serviette enroulée autour du buste. Elle ramasse ses vêtements éparpillés sur le sol sous mon regard dénué d'intérêt. Depuis mon poste de surveillance, je l'analyse comme ferait un scientifique devant son expérience, avec détachement et scepticisme.

    Big Boobs – ou Janet Osborne – est une jolie fille qui porte encore les traits de l'adolescence : un visage arrondi, de grands yeux de biche, et une bouche fine en forme de cœur. Je devrais m'en vouloir de l'avoir possédé comme je l'ai fait, mais je n'éprouve aucun remords. Elle connaissait les règles en venant me parler à la jardinerie l'autre jour, elle savait à quoi s'attendre face à un prédateur comme moi. Ce n'est pas parce que nos pères sont proches que nous devons l'être aussi.

    — On peut se voir demain ? s'enquiert-elle en enfilant son jean moulant.

    — Je suis déjà pris.

    — Alors après-demain ?

    — Je te recontacterai.

    — Benji... Je ne voulais pas te vexer tout à l'heure.

ROCKBURY - Le poids de nos secretsWhere stories live. Discover now